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1

Saez, Jean-Pierre. "Humaniser la civilisation numérique : un défi culturel." L'Observatoire N° 58, no. 2 (June 30, 2021): 37–41. http://dx.doi.org/10.3917/lobs.058.0037.

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2

Baz, Ana-Laura. "La stratégie numérique du musée de la Civilisation." La Lettre de l’OCIM, no. 162 (November 1, 2015): 25–29. http://dx.doi.org/10.4000/ocim.1583.

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3

René, Élodie. "La « civilisation écologique » contrôlée par le numérique en Chine." Multitudes 76, no. 3 (2019): 86. http://dx.doi.org/10.3917/mult.076.0086.

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4

Taddei, François, and Bénédicte Tilloy. "Apprendre tout au long de la vie dans une civilisation du numérique." Revue française des affaires sociales 1, no. 4 (2017): 159. http://dx.doi.org/10.3917/rfas.174.0159.

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5

Bernard, David, and Quentin Dumoulin. "Désirer, acheter, consommer. Approche lacanienne." Revista Latinoamericana de Psicopatologia Fundamental 22, no. 4 (December 2019): 710–24. http://dx.doi.org/10.1590/1415-4714.2019v22n4p710.4.

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Анотація:
Il s’agira ici de questionner la fonction que pour l’être parlant, peuvent occuper les pratiques d’achat et de consommation, encore peu étudiées en tant que telles dans le champ de la psychanalyse et de la psychopathologie. A partir de l’enseignement de Jacques Lacan, nous tâcherons de préciser la logique de ces pratiques, en isolant en quoi elles peuvent constituer pour un sujet une fausse réponse quant à l’embarras de son désir. De là, nous questionnerons aussi comment ces pratiques s’actualisent dans l’espace numérique du monde contemporain, et comment ce faisant elles participent au malaise actuel dans la civilisation.
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6

du Castel, Viviane. "Promesses et mirages de la civilisation numérique / Jean-Paul Lafrance, Montréal, Liber, 2018, 176 p." Revue internationale et stratégique N° 114, no. 2 (June 13, 2019): V. http://dx.doi.org/10.3917/ris.114.0173e.

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7

Reguin, Olivier. "Résolution numérique d'un problème métrologique : Le pied, la perche et l'acre d'Angleterre." Florilegium 29, no. 1 (January 2012): 229–46. http://dx.doi.org/10.3138/flor.29.009.

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Анотація:
Les mesures du pied, de la perche et de l’acre statutaires sont encore très employées dans le monde aujourd’hui et l’acre reste officielle aux États-Unis. Pourtant, les explications avancées jusqu’ici à propos de leurs origines, de leur raison d’être et de leurs dimensions n’ont que partiellement abouti, pour n’avoir pas été reliées assez solidement à la métrologie agraire de l’Europe occidentale, elle-même à revoir dans une perspective globale. L’hypothèse que je propose ici résulte d’une recherche visant à intégrer en un système cohérent l’ensemble si divers et si déroutant des anciennes unités de mesures agraires issues du Moyen Âge en Occident et qui s’utilisent encore de nos jours — en l’espèce : les unités de mesure britanniques. Ce travail m’a amené à considérer que des mesures très peu nombreuses, créées à l’époque carolingienne, se sont par la suite multipliées, mais en procédant les unes des autres par des conversions numériques rationnelles, calculées et d’une grande précision. Cette position va à l’encontre d’explications voulant que les mesures agraires se soient fixées petit à petit, localement, suivant les pratiques culturales (le temps de travail, l’ensemencement), d’après la nature du terrain, etc. ; elle s’oppose aussi à l’idée que les anciennes unités de mesure sont particulières à chaque nation. L’idée directrice est plutôt que les mesures agraires, dont dépendent les mesures linéaires des différents pieds, ont été établies pour des raisons fiscales à partir de règles édictées par le pouvoir impérial. Il s’agit alors de comprendre, à partir des indications des sources anciennes, des travaux de la métrologie historique proprement dite, et au moyen d’opérations simples, de quelle façon les mesures communes à tout l’Occident ont été interprétées localement, mais sans changer fondamentalement. Les mesures apportent précisément l’assurance de la structuration en profondeur de la civilisation médiévale dans sa continuité, en dépit de ses éclipses les plus graves. La métrologie historique dont il s’agit ici, et qui reprend un courant délaissé, ne fait donc pas que recenser l’infinité des anciennes mesures : elle en propose une explication appuyée sur le calcul. Cette « archéologie mathématique » peut s’appliquer au cas des mesures anglaises.
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8

Fezzioui, Naïma, Mebirika Benyamine, Nacima Tadj, Belkacem Draoui, and Salah Larbi. "Performance énergétique d’une maison à patio dans le contexte maghrébin (Algérie, Maroc, Tunisie et Libye)." Journal of Renewable Energies 15, no. 3 (October 23, 2023): 399–405. http://dx.doi.org/10.54966/jreen.v15i3.330.

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Анотація:
Un grand nombre des maisons qui bordent le bassin méditerranéen sont organisées autour d’un patio. Cela est vrai pour l’Andalousie, la Grèce, le sud de l’Italie, les pays de la méditerranée, et particulièrement pour l’Afrique du Nord. Les origines de cette organisation spatiale sont très anciennes. A la suite de la maison grecque, la maison romaine disposait généralement de deux cours intérieures. Mais c’est avec l’arrivée de la civilisation arabo-musulmane en Afrique du nord, que la maison à patio a connu son apogée, répondant à la fois à des exigences sociologiques, culturelles, et thermiques [1]. Les valeurs d’intimité président à cette conception de l’habitat. Il s’agit de privilégier l’être, et non le paraître. Sur le plan thermique, la maison à patio est particulièrement bien adaptée au climat chaud et semi-aride. Le patio jouit d’un microclimat plus tempéré que le climat extérieur, et joue ainsi le rôle d’un espace tampon entre l’intérieur de l’habitation et l’ambiance extérieur. Particulièrement en saison chaude, elle propose des solutions thermique sans contradiction avec la vie des gens, leurs traditions, et leur système de croyance [2]. Mais les schémas de la modernité constituent une menace pour ce type de maison. En Egypte par exemple, elles n’existent pratiquement plus que sous forme de vestige d’une époque révolue. Dans ce travail, nous proposons une simulation numérique du comportement thermique d’une maison à patio en fonction du contexte climatique maghrébin, à l’aide du logiciel de simulation du comportement thermique en régime dynamique TRNSYS.
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9

Haëntjens, Jean. "Écologie, libertés, numérique, civilisations…" Futuribles N° 461, no. 4 (June 12, 2024): 41–55. http://dx.doi.org/10.3917/futur.461.0041.

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Анотація:
Après l’accord de Paris de 2015, suivi d’annonces et de programmes ambitieux de lutte contre le changement climatique, confirmés sinon renforcés après la crise Covid, la marche vers la transition écologique semblait bien engagée en Europe. Mais bousculées par la crise énergétique et la hausse du coût de la vie qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les opinions publiques ne sont plus, désormais, aussi réceptives aux objectifs fixés par cette transition et aux contraintes qui les accompagnent. Un nouveau son de cloche se fait entendre, en Europe comme dans d’autres pays, tendant à associer les politiques écologiques à une restriction des libertés individuelles, et à des contraintes sur les modes de vie de moins en moins bien tolérées. Peut-on encore (et comment ?) concilier écologie et libertés ? Comme le montre Jean Haëntjens dans cet article, le changement climatique a bousculé les concepts et l’idée que l’on se faisait, depuis des siècles, de la liberté, et cette remise en question touche aux fondamentaux des sociétés démocratiques et libérales. Pour comprendre le changement de paradigme qui se profile, Jean Haëntjens rappelle ici les différentes dimensions couvertes par la problématique des libertés (écologique, sociétale, numérique et géopolitique), et les questions qu’elle soulève dans la sphère politique en matière d’usage de ces libertés — le contrat social a-t-il changé, doit-il être revu ? Il présente l’évolution en cours de la pensée relative aux libertés, les leviers susceptibles de les réguler en conservant l’objectif de préservation de notre environnement, les acteurs (traditionnels et émergents) sur lesquels s’appuyer pour (ré)concilier écologie et libertés. Enfin, il souligne la dimension géopolitique qui transcende ces débats au travers des trois principales voies civilisationnelles proposées pour y parvenir (Chine, États-Unis, Europe). Les citoyens se raidissent en matière d’écologie, c’est manifeste, mais la cause n’est peut-être pas perdue si l’on parvient à repenser ce rapport à leurs libertés… S.D.
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Képès, François. "Archiver les mégadonnées numériques à l’échelle moléculaire." Reflets de la physique, no. 70 (October 2021): 32–37. http://dx.doi.org/10.1051/refdp/202170032.

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Анотація:
L’information a été le moteur de la croissance socio-économique de la civilisation depuis ses débuts. Actuellement, son stockage, archivage et traitement par les centres dédiés n’offre plus de marges suffi santes d’optimisation pour faire face au déluge des données numériques et à son problématique impact environnemental. Un récent rapport de l’Académie des technologies explore une alternative prometteuse au modèle conventionnel : l’archivage des mégadonnées numériques à l’échelle moléculaire dans l’ADN ou d’autres polymères, un chantier pour les vingt ans à venir.
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Rozès, Stéphane, and François Euvé. "Priver les sociétés de sens conduit au chaos." Études Mai, no. 5 (April 25, 2024): 33–42. http://dx.doi.org/10.3917/etu.4315.0033.

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Анотація:
L’absence d’« horizon de sens » que vivent les sociétés néolibérales est dangereux. Le marché et la technique ne suffisent pas à formuler un projet. En outre, la globalisation économique, financière et numérique, en ignorant les imaginaires des peuples, remet en cause les fondamentaux des civilisations. En France, les classes dirigeantes, ayant adopté le néolibéralisme, se sont détachées de l’imaginaire culturel du peuple. La réflexion sur l’Europe doit intégrer ses particularités culturelles nationales.
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Christin, Anne-Marie. "Espace et mémoire : les leçons de l’idéogramme." Protée 32, no. 2 (August 11, 2005): 19–28. http://dx.doi.org/10.7202/011169ar.

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Анотація:
Résumé Une des particularités des médias numériques est la possibilité qu’ils offrent d’associer texte et image sur un même support. Cette mixité étant également la caractéristique principe des écritures dites « idéographiques », l’hypothèse qui est ici avancée est que, en interrogeant les sociétés qui ont inventé ces systèmes, on pourra définir le type de mémoire culturelle que proposent les nouveaux médias. Or il s’avère que la fonction première de cette mémoire n’est pas l’archivage des données mais l’aide à la création. C’est ce que confirme, dans la civilisation de l’alphabet, la section de la rhétorique consacrée à la mémoire.
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Alby, Emmanuel, Eddy Smigiel, and Pierre Assali. "Valorisation numérique du théâtre Gallo-Romain de Mandeure." Revue Française de Photogrammétrie et de Télédétection, no. 196 (April 15, 2014): 2–9. http://dx.doi.org/10.52638/rfpt.2011.31.

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Анотація:
La ville de Mandeure (Doubs) à l'époque gallo-romaine était un grand complexe urbain dont le théâtre faisait partie. Adossé à une colline, il présente un diamètre de 142 mètres et on estime sa capacité entre 15 000 et 18 000 places. Ces caractéristiques font de lui le deuxième plus grand théâtre des Gaules (après celui d'Autun). La numérisation d'un tel édifice est un moyen d'approfondir la connaissance de ses caractéristiques géométriques grâce aux outils d'analyse d'une part, mais aussi de documenter le théâtre dans sa configuration actuelle d'autre part. Une collaboration entre l'unité d'étude des civilisations de l'antiquité de l'Université De Strasbourg et le groupe PAGE a été mise en place pour mener à bien ce projet de numérisation. De part ses dimensions, l'acquisition de données tridimensionnelles par un scanner laser terrestre s'impose. Les multiples anfractuosités ne permettant pas une documentation complète par balayage laser,un complètement des données par photogrammétrie a été nécessaire. L'émergence de nouveaux outils de corrélation à partir de couples stéréoscopiques permet d'obtenir des données de même nature et qualité. La numérisation complète du théâtre passe donc par la combinaison des deux techniques. Dans le cadre de la mise en valeur du théâtre, mais aussi pour valider les hypothèses de restitution archéologique, la modélisation d'un état d'origine a été réalisée. C'est par la confrontation des hypothèses avec les données de la configuration du terrain qu'il a été possible de représenter le théâtretel qu'il est supposé avoir ressemblé à l'époque de sa construction.
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Vigouroux-Zugasti, Eloria. "Jean-Paul LAFRANCE (2018), Promesses et mirages de la civilisation numérique." Communication, no. 36/1 (April 16, 2019). http://dx.doi.org/10.4000/communication.9289.

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Mikhnevich, Kristina. "LAFRANCE Jean-Paul, 2017. Et si on ajoutait de l’humanisme et de la spiritualité à notre civilisation numérique…" Revue française des sciences de l’information et de la communication, no. 13 (June 1, 2018). http://dx.doi.org/10.4000/rfsic.3576.

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Bouzidi, Attef. "La communication au temps du covid-19 : analyse discursive du discours d’Emmanuel Macron du 25 mars 2020." Multilinguales 20 (2023). http://dx.doi.org/10.4000/11qt9.

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Анотація:
« On ne peut pas ne pas communiquer » (1967) constatait Watzlawick. C’est certainement capital pour les civilisations. Et ce qui est aussi important, c’est ce que cette communication produit sur l’Autre. La réaction, le sentiment ou le comportement qu’elle engendre. La persuasion est alors l’objectif de n’importe quelle communication. A l’ère du numérique, ce besoin et cet objectif semblent se complexifier et se ramifier. L’analyse discursive que le présent article se propose de faire vise à revenir sur le discours du président français Emmanuel Macron du 25 mars 2020. Une communication qui devait se construire entre restrictions sanitaires et libertés individuelles et collectives.
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Aubrun, Frédéric. "Maud PÉLISSIER et Nicolas PÉLISSIER (dir.) (2018), Métamorphoses numériques. Art, culture et communicationParis, L’Harmattan, Coll. « Communication et civilisation »." Communication, Vol. 36/2 (July 15, 2019). http://dx.doi.org/10.4000/communication.10458.

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Dunoyer, Christiane. "Monde alpin." Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.101.

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Анотація:
Après avoir été peint et décrit avec des traits plus pittoresques qu’objectifs par les premiers voyageurs et chercheurs qui traversaient les Alpes, mus tantôt par l’idée d’un primitivisme dont la difformité et la misère étaient l’expression la plus évidente, tantôt par la nostalgie du paradis perdu, le monde alpin a attiré le regard curieux des folkloristes à la recherche des survivances du passé, des anciennes coutumes, des proverbes et des objets disparus dans nombre de régions d’Europe. Au début du XXe siècle, Karl Felix Wolff (1913) s’inspire de la tradition des frères Grimm et collecte un nombre consistant de légendes ladines, avec l’objectif de redonner une nouvelle vie à un patrimoine voué à l’oubli. Tout comme les botanistes et les zoologues, les folkloristes voient le monde alpin comme un « merveilleux conservatoire » (Hertz 1913 : 177). Un des élèves les plus brillants de Durkheim, Robert Hertz, analyse finement ces « formes élémentaires de la vie religieuse » en étudiant le pèlerinage de Saint Besse, qui rassemble chaque année les populations de Cogne (Vallée d’Aoste) et du Val Soana (Piémont) dans un sanctuaire à la montagne situé à plus de 2000 mètres d’altitude. Après avoir observé et questionné la population locale s’adonnant à ce culte populaire, dont il complète l’analyse par des recherches bibliographiques, il rédige un article exemplaire (Hertz 1913) qui ouvre la voie à l’anthropologie alpine. Entre 1910 et 1920, Eugénie Goldstern mène ses enquêtes dans différentes régions de l’arc alpin à cheval entre la France, la Suisse et l’Italie : ses riches données de terrain lui permettent de réaliser le travail comparatif le plus complet qui ait été réalisé dans la région (Goldstern 2007). Une partie de sa recherche a été effectuée avec la supervision de l’un des fondateurs de l’anthropologie française et l’un des plus grands experts de folklore en Europe, Arnold Van Gennep. Pour ce dernier, le monde alpin constitue un espace de prédilection, mais aussi un terrain d’expérimentation et de validation de certaines hypothèses scientifiques. « Dans tous les pays de montagne, qui ont été bien étudiés du point de vue folklorique […] on constate que les hautes altitudes ne constituent pas un obstacle à la diffusion des coutumes. En Savoie, le report sur cartes des plus typiques d’entre elles montre une répartition nord-sud passant par-dessus les montagnes et les rivières et non pas conditionnée par elles » (Van Gennep 1990 : 30-31). L’objectif de Van Gennep est de comprendre de l’intérieur la « psychologie populaire », à savoir la complexité des faits sociaux et leur variation. Sa méthode consiste à « parler en égal avec un berger » (Van Gennep 1938 : 158), c’est-à-dire non pas tellement parler sa langue au sens propre, mais s’inscrire dans une logique d’échange actif pour accéder aux représentations de son interlocuteur. Quant aux nombreuses langues non officielles présentes sur le territoire, quand elles n’auraient pas une fonction de langue véhiculaire dans le cadre de l’enquête, elles ont été étudiées par les dialectologues, qui complétaient parfois leurs analyses des structures linguistiques avec des informations d’ordre ethnologique : les enseignements de Karl Jaberg et de Jakob Jud (1928) visaient à associer la langue à la civilisation (Wörter und Sachen). Dans le domaine des études sur les walsers, Paul Zinsli nous a légué une synthèse monumentale depuis la Suisse au Voralberg en passant par l’Italie du nord et le Liechtenstein (Zinsli 1976). Comme Van Gennep, Charles Joisten (1955, 1978, 1980) travaille sur les traditions populaires en réalisant la plus grande collecte de récits de croyance pour le monde alpin, entre les Hautes-Alpes et la Savoie. En 1973, il fonde la revue Le monde alpin et rhodanien (qui paraîtra de 1973 à 2006 en tant que revue, avant de devenir la collection thématique du Musée Dauphinois de Grenoble). Si dans l’après-guerre le monde alpin est encore toujours perçu d’une manière valorisante comme le reliquaire d’anciens us et coutumes, il est aussi soumis à la pensée évolutionniste qui le définit comme un monde arriéré parce que marginalisé. C’est dans cette contradiction que se situe l’intérêt que les anthropologues découvrent au sein du monde alpin : il est un observatoire privilégié à la fois du passé de l’humanité dont il ne reste aucune trace ailleurs en Europe et de la transition de la société traditionnelle à la société modernisée. En effet, au début des années 1960, pour de nombreux anthropologues britanniques partant à la découverte des vallées alpines le constat est flagrant : les mœurs ont changé rapidement, suite à la deuxième guerre mondiale. Cette mutation catalyse l’attention des chercheurs, notamment l’analyse des relations entre milieu physique et organisation sociale. Même les pionniers, s’ils s’intéressent aux survivances culturelles, ils se situent dans un axe dynamique : Honigmann (1964, 1970) entend démentir la théorie de la marginalité géographique et du conservatisme des populations alpines. Burns (1961, 1963) se propose d’illustrer la relation existant entre l’évolution socioculturelle d’une communauté et l’environnement. Le monde alpin est alors étudié à travers le prisme de l’écologie culturelle qui a pour but de déterminer dans quelle mesure les caractéristiques du milieu peuvent modeler les modes de subsistance et plus généralement les formes d’organisation sociale. Un changement important a lieu avec l’introduction du concept d’écosystème qui s’impose à partir des années 1960 auprès des anthropologues penchés sur les questions écologiques. C’est ainsi que le village alpin est analysé comme un écosystème, à savoir l’ensemble complexe et organisé, compréhensif d’une communauté biotique et du milieu dans lequel celle-ci évolue. Tel était l’objectif de départ de l’étude de John Friedl sur Kippel (1974), un village situé dans l’une des vallées des Alpes suisses que la communauté scientifique considérait parmi les plus traditionnelles. Mais à son arrivée, il découvre une réalité en pleine transformation qui l’oblige à recentrer son étude sur la mutation sociale et économique. Si le cas de Kippel est représentatif des changements des dernières décennies, les différences peuvent varier considérablement selon les régions ou selon les localités. Les recherches d’Arnold Niederer (1980) vont dans ce sens : il analyse les Alpes sous l’angle des mutations culturelles, par le biais d’une approche interculturelle et comparative de la Suisse à la France, à l’Italie, à l’Autriche et à la Slovénie. John Cole et Eric Wolf (1974) mettent l’accent sur la notion de communauté travaillée par des forces externes, en analysant, les deux communautés voisines de St. Felix et Tret, l’une de culture germanique, l’autre de culture romane, séparées par une frontière ethnique qui fait des deux villages deux modèles culturels distincts. Forts de leur bagage d’expériences accumulées dans les enquêtes de terrain auprès des sociétés primitives, les anthropologues de cette période savent analyser le fonctionnement social de ces petites communautés, mais leurs conclusions trop tributaires de leur terrain d’enquête exotique ne sont pas toujours à l’abri des généralisations. En outre, en abordant les communautés alpines, une réflexion sur l’anthropologie native ou de proximité se développe : le recours à la méthode ethnographique et au comparatisme permettent le rétablissement de la distance nécessaire entre l’observateur et l’observé, ainsi qu’une mise en perspective des phénomènes étudiés. Avec d’autres anthropologues comme Daniela Weinberg (1975) et Adriana Destro (1984), qui tout en étudiant des sociétés en pleine transformation en soulignent les éléments de continuité, nous nous dirigeons vers une remise en cause de la relation entre mutation démographique et mutation structurale de la communauté. Robert Netting (1976) crée le paradigme du village alpin, en menant une étude exemplaire sur le village de Törbel, qui correspondait à l’image canonique de la communauté de montagne qu’avait construite l’anthropologie alpine. Pier Paolo Viazzo (1989) critique ce modèle de la communauté alpine en insistant sur l’existence de cas emblématiques pouvant démontrer que d’autres villages étaient beaucoup moins isolés et marginaux que Törbel. Néanmoins, l’étude de Netting joue un rôle important dans le panorama de l’anthropologie alpine, car elle propose un nouvel éclairage sur les stratégies démographiques locales, considérées jusque-là primitives. En outre, sur le plan méthodologique, Netting désenclave l’anthropologie alpine en associant l’ethnographie aux recherches d’archives et à la démographie historique (Netting 1981) pour compléter les données de terrain. La description des interactions écologiques est devenue plus sophistiquée et la variable démographique devient cruciale, notamment la relation entre la capacité de réguler la consistance numérique d’une communauté et la stabilité des ressources locales. Berthoud (1967, 1972) identifie l’unité de l’aire alpine dans la spécificité du processus historique et des différentes trajectoires du développement culturel, tout en reconnaissant l’importance de l’environnement. C’est-à-dire qu’il démontre que le mode de production « traditionnel » observé dans les Alpes n’est pas déterminé par les contraintes du milieu, mais il dérive de la combinaison d’éléments institutionnels compatibles avec les conditions naturelles (1972 : 119-120). Berthoud et Kilani (1984) analysent l’équilibre entre tradition et modernité dans l’agriculture de montagne dans un contexte fortement influencé par le tourisme d’hiver. Dans une reconstruction et analyse des représentations de la montagne alpine depuis la moitié du XVIIIe siècle à nos jours, Kilani (1984) illustre comment la vision du monde alpin se dégrade entre 1850 et 1950, au fur et à mesure de son insertion dans la société globale dans la dégradation des conditions de vie : il explique ainsi la naissance dans l’imaginaire collectif d’une population primitive arriérée au cœur de l’Europe. Cependant, à une analyse comparative de l’habitat (Weiss 1959 : 274-296 ; Wolf 1962 ; Cole & Wolf 1974), de la dévolution patrimoniale (Bailey 1971 ; Lichtenberger 1975) ou de l’organisation des alpages (Arbos 1922 ; Parain 1969), le monde alpin se caractérise par une surprenante variation, difficilement modélisable. Les situations de contact sont multiples, ce qui est très évident sur le plan linguistique avec des frontières très fragmentées, mais de nombreuses autres frontières culturelles européennes traversent les Alpes, en faisant du monde alpin une entité plurielle, un réseau plus ou moins interconnecté de « upland communities » (Viazzo 1989), où les éléments culturels priment sur les contraintes liées à l’environnement. Aux alentours de 1990, la réflexion des anthropologues autour des traditions alpines, sous l’impulsion de la notion d’invention de la tradition, commence à s’orienter vers l’étude des phénomènes de revitalisation (Boissevain 1992), voire de relance de pratiques ayant subi une transformation ou une rupture dans la transmission. Cette thèse qui a alimenté un riche filon de recherches a pourtant été contestée par Jeremy MacClancy (1997) qui met en avant les éléments de continuité dans le culte de Saint Besse, presqu’un siècle après l’enquête de Robert Hertz. La question de la revitalisation et de la continuité reste donc ouverte et le débat se poursuit dans le cadre des discussions qui accompagnent l’inscription des traditions vivantes dans les listes du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
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Dunoyer, Christiane. "Alpes." Anthropen, 2020. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.124.

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Анотація:
Le nom « alpe » d’origine prélatine, dont le radical alp signifie « montagne », est commun à tout le territoire en question. L’espace physique ainsi dénommé crée une série d’oppositions entre la plaine et la montagne, entre la ville et la montagne et entre les populations intra-alpines, dotées de connaissances spécifiques pour vivre dans cet espace, et les populations demeurant à l’extérieur des Alpes ou les traversant (voir aussi Monde alpin). Redécouvertes à l’époque des Lumières, dans un cadre positiviste, les Alpes deviennent un objet de spéculation philosophique (Rousseau 1761) et d’étude pour les sciences naturelles, notamment la biologie, et la médecine. L’apport de ces disciplines ne manqua pas d’influencer le regard porté par le monde urbain sur les Alpes, à partir de ce moment. En suivant l’exemple du philosophe et naturaliste Horace B. de Saussure (1779-1796), qui explora cette région à la fin du 18e siècle et qui accomplit l’ascension du mont blanc en 1787, un an après la première de Balmat et Paccard, les voyageurs anglais à leur tour découvrirent les Alpes et opposèrent la grandeur de ces paysages au côté misérabiliste des populations rencontrées, dans le cadre d’une sorte d’anthropologie spontanée empreinte d’idéologie, où les locaux sont perçus et décrits comme des survivances de sociétés primitives et donc étrangères à la nature sophistiquée de leurs observateurs. La naissance de l’alpinisme se situe dans ce contexte. En tant que paysage, les Alpes jouent un rôle important à l’âge romantique : Étienne Pivert de Senancour (1804) est le premier écrivain romantique à les avoir parcourues dans un but contemplatif. Objet contradictoire, les Alpes sont souvent peintes en vertu de leur beauté terrifiante. Au fil de voyages initiatiques, de découvertes et de rencontres, la vision romantique s’enrichit jusqu’à acquérir une dimension pédagogique, voire d’édification morale (Töpffer 1844), et nourrit encore en partie les représentations collectives de nos jours. Intégrées dans la société globale, les Alpes exercent un attrait sur le citadin depuis deux siècles. Celui-ci y projette tantôt la nostalgie d’un univers sauvage, tantôt le désir de conquérir et de domestiquer l’espace naturel. Les collections présentes dans quelques grands musées urbains font aussi partie de ce regard que les villes portent sur les Alpes, notamment au cours de la première moitié du 20e siècle. Tel est le cas des objets de la vie quotidienne réunis par Hippolyte Müller, fondateur du Musée Dauphinois, et par les plus de 8000 collectés par Georges Amoudruz, qui ont été acquis par le Musée d’Ethnographie de Genève. Ce n’est que plus récemment que les Alpes sont devenues un objet d’étude pour les géographes (Raoul Blanchard fonde en 1913 la Revue de géographie alpine) : les problématiques sociales, territoriales et environnementales des espaces montagnards sont au centre de ces recherches. Enfin, les anthropologues s’y sont intéressés aussi en privilégiant une approche qui combine l’étique et l’émique (voir Monde alpin). Terres de contrastes, les Alpes échappent à toute catégorisation trop stricte, tantôt appréhendées comme une unité qui efface les spécificités, tantôt comme un ensemble problématique : « un vaste territoire dont l'unité se décompose en un grand nombre de variétés régionales » que le géographe étudie en portant à la lumière « de multiples problèmes relatifs à de multiples pays » (Arbos 1922). Bätzing (2003, 2007) propose un essai de définition des Alpes en montrant la difficulté de la tâche à cause de l’absence de frontières claires, que ce soit sur le plan géographique ou sur le plan humain. Il désigne cette variabilité géographique comme l’origine du problème pour l’éclosion d’une politique alpine. Par exemple, la définition classique des Alpes en tant que massif au-delà de la frontière où poussent les arbres (1900-2200 mètres) est aujourd’hui contestée après la mise en évidence de l’existence de montagnes hautes, très arides et sans glaciers, qui ne rentrent pas dans cette définition. Quant à Fernand Braudel (1966) et Germaine Veyret-Verner (1949), qui introduisent la dimension sociale à travers les études démographiques, définissent les Alpes comme un espace isolé, à l’écart des bouleversements de l’histoire. Ces théories ont été depuis sérieusement remises en question, les archéologues ayant amplement démontré que déjà pendant la préhistoire les Alpes étaient le théâtre de passages et d’échanges. Une deuxième définition, qui est à la base de la loi anthropogéographique des Alpes théorisée par Philippe Arbos (1922), l’un des pères fondateurs de la géographie alpine, et de l’alpwirtschaft de John Frödin (1940), est centrée sur les notions de pente et de verticalité, impliquant une organisation humaine et une modalité d’exploitation de la montagne par étagements successifs où tout est lié dans un système d’interdépendance et de complémentarité. Cette définition est aussi partiellement dépassée : le système traditionnel s’est transformé (sédentarisation des populations, abandon de la montagne, nouvelles installations à cause du tourisme). D’ailleurs, le tourisme, qui semble une constante de l’espace alpin contemporain, n’est pourtant pas présent partout : le tourisme touche moins de 40 % des communes des Alpes (Bätzing 2007). D’autres façons de délimiter les Alpes font référence aux unités géographiques formées par les vallées (ayant chacune son histoire, son évolution et son organisation pour l’exploitation des ressources locales) ou par les groupements de massifs et de sommets (qui revêtent un intérêt notamment pour les alpinistes) : dans le premier cas les frontières passent par les cours d’eau, dans le deuxième par les sommets. Enfin, la division politico-administrative est une autre tentative de définition : les Alpes sont partagées et loties sur la base de subdivisions territoriales qui en ont fait « un facteur de séparation plus ou moins déterminant » (Fourny 2006), à la base de conflits, notamment lorsque les aires culturelles ne recoupent pas les délimitations politiques, ce qui est assez fréquent, étant donné que les unités de peuplement, de langue, de religion, se différencient dans les plaines et les vallées et non sur les lignes de crête. Le signe le plus manifeste en est la langue. En effet, les Alpes sont une vraie mosaïque de groupes linguistiques, ethniques et religieux : des populations de langue provençale du secteur sud-occidental aux populations slaves de l’extrémité orientale. Parfois la variation existe à l’intérieur de la même vallée et remonte au Moyen Âge, par exemple dans les vallées occitanes et francoprovençales du secteur occidental, versant italien. Dans certains cas, elle est la conséquence de mouvements migratoires, tels que l’expansion colonisatrice des Walser, qui en partant de l’Oberland bernois entre le 13e et le 15e siècle se sont implantés dans plus de cent localités alpines sur une région très large qui va de la Savoie au Vorarlberg (Weiss 1959, Zinsli 1976), ou les déplacements des paysans carintiens et bavarois qui occupèrent la partie supérieure de nombreuses vallées des Alpes orientales, italiennes et slovènes. Les situations de contact linguistique dans les Alpes orientales italiennes et slovènes ont fait l’objet d’études anthropologiques de la part de Denison (1968) et de Brudner (1972). Le problème des relations entre milieu physique et organisation sociale est au cœur des études sur les Alpes. Les études de Philippe Arbos (1922) sont une réaction au déterminisme largement partagé jusqu’ici par les différents auteurs et se focalisent sur la capacité humaine d’influencer et de transformer le milieu. Dans ce filon possibiliste s’inscrit aussi Charles Parain (1979). Germaine Veyret-Verner (1949, 1959) introduit la notion d’optimum, à savoir l’équilibre démographique résultant de la régulation numérique de la population et de l’exploitation des ressources locales. Bernard Janin (1968) tente de cerner le processus de transformation économique et démographique dans le Val d’Aoste de l’après-guerre jusqu’aux années 1960, dans un moment perçu comme crucial. D’autres études se sont concentrées sur l’habitat humain, notamment sur l’opposition entre habitats dispersés, typiques des Alpes autrichiennes, bavaroises et suisses (et plus marginalement des Alpes slovènes : Thomas et Vojvoda, 1973) et habitats centralisés, typiques des Alpes françaises et italiennes (Weiss 1959 : 274-296 ; Cole et Wolf 1974). Au lieu de focaliser sur la variabilité interne des phénomènes alpins et sur leurs spécificités culturelles, quelques chercheurs sous la direction de Paul Guichonnet (1980) tentent une approche globale des Alpes, en tant qu’entité unitaire en relation avec d’autres espaces physiques et humains. Cette approche se développe parallèlement à la transition qui s’opère au niveau institutionnel où les Alpes deviennent un objet politique et ne sont plus un assemblage de régions : en effet, avec la Convention alpine (1991), les Alpes acquièrent une centralité en Europe. Plutôt que les confins d’un territoire national, elles sont perçues comme des lieux d’articulation politique, une région de frontières. Dans cette optique, les Alpes sont étudiées sous l’angle des forces extérieures qui les menacent (transport, tourisme, urbanisation, pollution) et qui en font un espace complémentaire de l’urbain et nécessaire à la civilisation des loisirs (Bergier 1996). C’est ainsi que « le territoire montagnard tire sa spécificité non pas d’un “lieu” mais de la complexité de la gestion de ce lieu. » (Gerbaux 1989 : 307) Attentifs au nouvel intérêt que la société porte sur les Alpes, après l’orientation vers les problèmes urbains, les anthropologues étudient la mutation rapide que connaît cet espace. Gérald Berthoud et Mondher Kilani (1984) entreprennent des recherches sur les transformations des Alpes en démontrant comment l’axe tradition-modernité demeure central dans les représentations des Alpes, toutes d’origine urbaine, qui se succèdent au fil des siècles, à tel point que les phénomènes contemporains y sont toujours interprétés en fonction du passé. Kilani (1984) décrit les Alpes comme un puissant lieu d’identification et analyse les effets de la manipulation de cette image figée sur les communautés alpines, que ce soient les images négatives renvoyant à la montagne marginale et arriérée ou les images utopiques de la nature vierge et du berceau de la tradition. La question de l’aménagement des Alpes étant devenue cruciale, en vue de la promotion touristique et de la préservation des milieux naturels, Bernard Crettaz met l’accent sur cette nouvelle représentation des Alpes qui régit l’aménagement contemporain et introduit la notion de disneylandisation (Crettaz 1994). Parallèlement, la floraison de musées du territoire semble être un signal parmi d’autres de cette volonté des populations locales de se libérer des représentations urbaines, qui en ont longtemps affecté le développement en imposant un sens univoque dans la diffusion de la pensée, et de raconter à leur tour les Alpes. Enfin, une réflexion sur l’avenir et le devenir des Alpes s’amorce (Debarbieux 2006), sur la déprise humaine entraînant un ensauvagement généralisé et la reforestation massive, qui est en train de progresser vers le haut, au-delà des limites écologiques, à cause du réchauffement climatique. À cette déprise, s’oppose la densification de l’impact humain le long des grands axes de communication (Debarbieux 2006 : 458), une constante de l’histoire alpine à l’échelle des millénaires, ayant comme conséquence un contraste croissant dans l’accessibilité entre les différentes localités, les villes situées le long des couloirs de circulation devenant toujours plus proches les unes des autres (Tschofen 1999 ; Borsdorf & Paal 2000). Marginalisation progressive ou reconquête de l’espace et de l’héritage?
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