Littérature scientifique sur le sujet « Violences gynécologiques et obstétricales »

Cinq ans après l’adoption du rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes portant sur Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical , qui avait trouvé un écho au Québec, ce texte propose d’identifier les démarches et les initiatives entreprises pour faire évoluer l’état du droit québécois au regard des violences obstétricales et gynécologiques (VOG) depuis. Si le paysage législatif, réglementaire et jurisprudentiel n’a pas connu de changement, ni même de tentatives de changement, au cours des cinq dernières années, le financement de la recherche portant sur les VOG connaît pour sa part un élan qui permet d’espérer sinon des transformations du droit, à tout le moins une bien meilleure compréhension du phénomène des VOG et des enjeux qui y sont liés.

En Belgique, le Comité d’avis pour l’égalité des chances du Sénat a adopté le 22 mai 2023 le Rapport d’information concernant le droit à l’autodétermination corporelle et la lutte contre les violences obstétricales. Fruit d’un travail de deux années et basé sur les auditions d’une vingtaine d’experts, ce rapport dresse un état des lieux de ces violences en Belgique et de leurs causes. Il formule également quelque nonante-deux recommandations afin de promouvoir une « culture de bienveillance gynécologique et obstétricale ». La présente contribution expose, de manière transversale et critique, les lignes de force de ce rapport, qui constituera vraisemblablement une des assises essentielles des politiques publiques à développer en Belgique dans ce domaine.

Le collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a entendu la parole des femmes se plaignant de violences gynécologiques et obstétricales et a réagi pour essayer de restaurer la confiance médecin- patiente et éviter que par crainte certaines femmes ne renoncent au suivi gynécologique. Dès octobre 2021, conscient de la particularité de l ‘examen gynécologique qui touche à l’intimité des femmes, le CNGOF a publié une charte de la consultation de gynécologie obstétrique suivie d’une charte de la salle de naissance. Nous avons élaboré des recommandations pour la pratique définissant dans quelles circonstances l’examen clinique et la pose d’un spéculum sont recommandés. Dans le même temps nous avons entendu l’angoisse de nos confrères devant l’amalgame entre examen gynécologique et viol, et demandé que soient désormais bien distingués les actes à caractère sexuel relevant des juridictions pénales et les examens médicaux vaginaux ou rectaux pratiqués dans le cadre d’une prise en charge médicale.

Les violences obstétricales et gynécologiques sont médiatisées depuis quelques années, mais suscitent encore de nombreuses polémiques, notamment de la part de soignants que cet intitulé blesse alors qu’ils estiment donner beaucoup à leurs patientes, ou d’autres qui nient totalement la violence liée aux soins ou son caractère sexiste. Nous relatons ici l’expérience d’un groupe de travail pluriprofessionnel dont l’objectif était d’aborder ce sujet dans le respect de la parole et du ressenti des patientes et des soignants.

La multiplication des scandales médiatiques liés à l’exercice de la gynécologie-obstétrique conjuguée à la libération de la parole des femmes qui ont dénoncé le caractère massif des actes sexistes réalisés lors de leur suivi gynécologique et/ou obstétrical ont mis en lumière une rupture du lien de confiance des patientes envers certains de leurs professionnels de santé, et notamment de leurs médecins. Le présent article a pour objet de présenter brièvement les quelques leviers d’actions qui pourraient permettre de restaurer cette confiance réciproque indispensable à la qualité et à la sécurité des soins.

Ce travail de thèse est né d'une interrogation sur le terme de violence obstétricale, apparu en langue française dans les années 2010, et venant directement interroger la prise en charge actuelle de la grossesse et de l'accouchement par la médecine moderne. Par l'intermédiaire de l'histoire de l'obstétrique et des mouvements féministes, c'est d'abord le contexte de son émergence qu'il s'agit de comprendre depuis le point de vue psychanalytique qui est le nôtre, en tant que le caractère récent de son apparition contraste avec les pratiques et vécus séculaires qu'il désigne. Par cette émergence, s'ouvre alors un référentiel permettant de penser d'une façon nouvelle une expérience qui, jusque-là, ne pouvait que peu se formuler à la première personne pour les femmes. C'est à cette expérience que nous nous intéressons dans la suite de ce travail, à travers la parole de femmes ayant accouché en milieu hospitalier. Pour ce faire, nous avons adopté une méthodologie dite mixte, qui mêle des données quantitatives, issues d'un questionnaire distribué en service de maternité, à des données qualitatives issues d'entretiens de recherche menés avec des femmes ayant accouché peu de temps auparavant, ainsi qu'avec des soignants en périnatalité. Ce matériel nous a permis de repérer certains des éléments qui ponctuent le vécu d'accouchement en milieu hospitalier, un vécu qui se dit bien souvent dans les termes de l'impuissance, de la passivation, de l'étrangeté et de l'extériorisation d'un corps qui se fait objet de l'autre. Ces éprouvés sont par ailleurs mis en sens au travers des modalités de la relation avec les soignants, lieu d'expression du fantasme, mais également d'enjeux de pouvoir et de savoir qu'il s'agit de mettre en lumière. La traversée de ces éléments permet de redonner au terme de "violence" sa portée, et de comprendre ce que peut ici signifier un accouchement traumatique
This work arose out of the term "obstetric violence" : introduced into the French language around the year 2010, it directly questions the organisation of obstetric care. Starting from the history of obstetrics and of feminist movements, we then focus on the context in which this word emerged, analyzed through our psychoanalytic approach. Indeed, the recentness of this expression contrasts with the age-old practices and experiences it points out. Through this emergence a new frame of thought appeared, allowing a new understanding of the specificities of the experiences of pregnancy and childbirth for women nowadays - experiences that previously could not be easily expressed. Our work focuses on these specificities, and in order to do so, we used a mixed-methods approach : we present the quantitative results of a cross-sectional survey we distributed in several French maternity wards ; as well as the qualitative elements from the research interviews we conducted with women who gave birth shortly before, and with caregivers working in the perinatal field. Through this material, we identified some of the elements that shape women's experience of childbirth in health care facilities. This experience is one that they often express through powerlessness, passivisation, a feeling of strangeness, and a feeling of externalisation of their own body, that has been objectified. Moreover, these feelings must be understood through the relationship between women and caretakers. This focus highlights the power-knowledge dynamic that this relationship contains, as well as the unconscious fantasies that are expressed through it. These reflections lead us to a better understanding of what the word "violence" contains, and of what can be meant by a traumatic childbirth