Littérature scientifique sur le sujet « Kampuchea démocratique »

Entre le 15 août 1975 et le 7 janvier 1979, près de 20 000 détenus ont été assassinés à S-21, un centre de détention, d’interrogatoire et d’extermination installé à Phnom Penh, à proximité des dirigeants du Parti communiste du Kampuchea, au sommet du tentaculaire appareil sécuritaire déployé dans le pays par les Khmers rouges. Tout en s’appuyant sur les archives judiciaires du procès de Duch, le chef de S-21 jugé trente ans après les crimes commis sous sa responsabilité, cette thèse propose plusieurs renversements de perspective : étudier S-21 par le bas de l’échelle (les simples agents), au ras du sol (en enquêtant sur le territoire et les paysages), sur son versant “ordinaire” qui conduit à s’écarter du focus sur l’acte de tuer pour chercher à comprendre comment on vit dans un monde où l’on tue. De quoi est fait le quotidien de ceux qui travaillent et habitent sur place ? La description et l’analyse s’appuient sur des archives (en particulier celles produites par S-21), sur des enquêtes de terrain, et sur des entretiens avec un souci de cartographier le site et de citer très précisément les sources
Between August 15, 1975, and January 7, 1979, nearly 20,000 detainees were murdered at S-21, a center for detention, interrogation, and extermination set up in Phnom Penh, close to the leaders of the Communist Party of Kampuchea. S-21 was at the top of the sprawling security apparatus deployed in the country by the Khmer Rouge. Drawing on the judicial archives of the trial of Duch, the head of S-21, judged thirty years after the crimes committed under his supervision, this thesis proposes several shifts of perspective by studying S-21 from the bottom of the ladder (the simple agents), at ground level (by investigating the territory and landscapes) and on its 'ordinary' side which leads to moving away from the focus on the act of killing to seek to understand how one lives in a world where killing takes place. What is the daily life of those who work and live there? The description and analysis are based on archives (particularly those produced by S-21), on field surveys, and on interviews, with a concern to map out the site and to cite sources very precisely

Une enquete a ete realisee au cambodge sur le reseau carceral mis en place par les khmers rouges au cours de leur bref regime, qu'ils appelerent le "kampuchea democratique", et qui dura du 17 avril 1975 au 7 janvier 1979. Une synthese des resultats obtenus fut publiee dans la revue communisme (nʿ 47-48, 1996), publication du geode, paris x nanterre. Il est ainsi demontre que les deux millions de morts environ sous ce regime furent victimes d'une politique deliberee d'extermination de la part du centre du pouvoir a phnom penh - l'angkar, l'organisation revolutionnaire du parti communiste du kampuchea (pck). L'auteur a recueilli le temoignage d'un cambodgien, m. Moeung sonn, qui a vecu dixhuit mois dans les geoles des khmers rouges. Il fut publie par les editions fayard sous le titre de prisonnier de l'angkar, 1993. C'est le temoignage le plus complet et precis paru a ce jour sur le reseau carceral secret du kampuchea democratique. Moeung sonn devient ainsi le porteparole de centaines de milliers de cambodgiens executes dans ces prisons-centres d'extermination. L'auteur a collectionne des centaines de slogans khmers rouges afin de faire la synthese de l'ideologie revolutionnaire telle qu'elle fut assenee dans les communes populaires. L'ouvrage fut publie par l'harmattan, 1996, sous le titre de le <> de pol pot ou les paroles de l'angkar, entendues dans le cambodge des khmers rouges du 17 avril 1975 au 7 janvier 1979, et preface par david chandler. L'auteur a egalement collectionne des chants revolutionnaires khmers rouges et reconstitue les partitions de musique de soixante-trois chants. Apres avoir interviewe un certain nombre d'anciens khmers rouges en france et au cambodge, l'auteur est en mesure de mieux cerner l'ideologie de la revolution cambodgienne et de tracer les principales caracteristiques de leur communisme radical, dans le contexte du mouvement communiste international, et asiatique en particulier.