Littérature scientifique sur le sujet « Caravage, Le (1571-1610) »

Le topos de l’homosexualité chez Caravage et celui de l’homoérotisme associé à sa première production picturale posent des questions à l’histoire de l’art. Ce travail contribue à la critique de l’épistémologie hétéro-patriarcale encore largement naturalisée dans les études de l’image pour les époques anciennes. Pour ce faire, il a fallu un retour aux catégories historiques et anthropologiques déployées pour déterminer des sexualités non conformes, problématisant en particulier l’héritage binarisé homo-hétéro du XIXe siècle. En opposition aux spéculations biographiques et à l’application littérale de la psychanalyse, ce travail met à profit un anachronisme queer, moins normatif et plus affectif, en continuité avec une histoire de l’art faite au présent. L’analyse du corpus homoérotique caravagesque et sa mise en perspective dans une tradition figurative élargie permet de voir le travail de l’image qui défait le genre et questionne le sujet-regardant. Elle permet de montrer comment l’articulation historiographique identité-acte travaille la représentation (de peinture) plus qu’elle ne la détermine, et comment l’autonomie du visuel trouble la présence, le poids et la structuration du régime discursif – aussi bien l’ancien que celui de l’historiographie actuelle
The topos of homosexuality and homoerotism that is associated with Caravaggio’s initial paintings poses a number of questions for Art History. My research contributes to the critique of the hetero-patriarchal epistemology that remains widely naturalised in the study of images from ages past. To elaborate this critique, I have returned to historical and anthropological categories in order to determine the evolution of non-conforming sexualities, notably problematising the binary heritage “homo-hetero” of the 19th century in contemporary texts on Caravaggio. In opposition to biographical speculation and the literal application of psychoanalytic theory to Caravaggio’s life and painting, my work draws on the anachronism of queer theory, which is less normative and more affective, in line with a current elaboration of art history. The analysis of Caravaggio’s homoerotic corpus and its insertion into a wider tradition of figurative art allows us to see how the work of the image undoes categories (both that of art history and those pertaining to gender) to question the subject who is looking. It further shows how the historiographic articulation of act and identity works through the representation (in painting) more than it determines it, and how this autonomy of the visual troubles the presence, structure and weight of the discursive regime–as much in past as in contemporary historiographies