Littérature scientifique sur le sujet « Artemisia (1593-1652?) »

El objetivo de este artículo es profundizar en la figura de la pintora italiana Artemisia Gentileschi (1593-1652), cuya obra resulta de un gran interés y por mucho tiempo fue infravalorada. Para este fin, se han analizado fuentes directas como las obras artísticas de la autora, las cartas de la época, los procedimientos del juicio en el que estuvo involucrada Gestileschi, así como estudios sobre su trabajo. Nuestra investigación se centra en los temas trabajados por la pintora en el contexto artístico en el que le tocó vivir, estudiando las características de sus figuras femeninas y analizando cómo los sucesos de su vida han terminado condicionando la recepción de su obra. Las conclusiones muestran que, aunque estas circunstancias marcaron y “sexualizaron” la consideración de su carrera, finalmente se ha impuesto su brillante trabajo artístico, solvente e, incluso, adelantado a su tiempo.

Cette thèse étudie la réception contemporaine et les œuvres de fiction inspirées par la peintre Artemisia Gentileschi (1593-1654ca), qui est devenue une icône au cours des dernières décennies, capable d'éveiller des tensions culturelles et d'induire des réactions de nature performative et identitaire. Conscient du fait que sa fortune actuelle ne peut être comprise à travers une approche uniquement « archéologique » ou « anachronique », mais qu'il est plutôt nécessaire d'alterner ces mouvements critiques comme dans l' « empreinte » de DIDI-HUBERMAN (2008), la structure de la thèse est divisée en deux parties, l'une diachronique et l'autre synchronique. À partir de cette prémisse, l'itinéraire proposé vise à montrer comment le « pouvoir iconique » d'Artemisia ne peut être rejeté comme un simple coup féministe ou un produit de l'industrie culturelle, mais est déterminé par des raisons beaucoup plus profondes, liées aux « guerres culturelles » (MUIR 2007) qui, nées précisément au XVIIe siècle, caractérisent encore d'une certaine manière notre époque.La première partie, intitulée Une Artemisia, plusieurs Artemisia : des documents à l'imaginaire et retour, et divisée en deux chapitres, analyse d'abord Artemisia et son temps, ou plutôt la « posture » (MEIZOZ 2007) et le processus de « self-fashioning » (GREENBLATT 1980) qui ont conduit la peintre à s'affirmer avec une grande autorité sur la scène artistique, en entrant en contact avec les figures politiques et culturelles les plus influentes du XVIIe siècle (par exemple, Galilée) ; se penche ensuite sur Artemisia et notre temps, en retraçant chronologiquement les phases et les points tournants de sa réception posthume, en proposant une première périodisation systématique : surtout, la «création» d'Artemisia comme personnage littéraire moderne avec le roman d'ANNA BANTI de 1947, grâce auquel la peintre est devenue une « figure allégorique » (BAZZOCCHI 2021) qui inspire aujourd'hui une production fictionnelle incessante (les soi-disant « Artemisia fictions ») ; le féminisme de la deuxième vague dans les années 1970 et 1980, qui a fait de l'artiste un étendard de ses combats politiques et sociaux ; et enfin la nouvelle accélération marquée plus récemment par le mouvement #MeToo et l'avènement des médias sociaux, qui ont encore accru le « capital symbolique » (BOURDIEU) d'Artemisia au sein de notre société.La deuxième partie (Artemisia et le moment de sa « lecture ». Une « constellation » critique : trauma, genre, transmédia) s'appuie sur les concepts benjaminiens d'« image dialectique » et de « lisibilité », pour tenter d'identifier en 3 chapitres les raisons pour lesquelles, juste aujourd'hui, Artemisia et son œuvre sont devenues lisibles : 1) la dimension du traumatisme, intrinsèque à la biographie privée de la peintre elle-même, que la thèse tente de mettre en évidence en analysant des Artemisia fictions particulièrement intéressantes, lues à la lumière des Trauma Studies et de l' « hantologie » de DERIDDA ; 2) la dimension du genre, que, à travers les réflexions de DE LAURETIS, BAL, POLLOCK, MULVEY etc., la thèse entend appliquer à certaines peintures d'Artemisia (Suzanne et les vieillards, Judith et Holopherne, Corisca et le satyre, Christ et la Samaritaine etc.) qui formalisent un nouveau rapport entre féminin et masculin ; 3) enfin, la dimension transmédia que prend son personnage, comme l'une des matrices mythopoïétiques les plus prolifiques du troisième millénaire, capable de resignifier les horizons idéologiques et les structures identitaires de notre époque
This thesis examines the contemporary reception and fictional works inspired by the painter Artemisia Gentileschi (1593-1654ca), who has become an icon in recent decades, capable of arousing cultural tensions and inducing reactions of a performative and identity-based nature. Aware that its current fortunes cannot be understood through a solely "archaeological" or "anachronistic" approach, but rather that it is necessary to alternate these critical movements as in DIDI-HUBERMAN's (2008) "imprint", the structure of the thesis is divided into two parts, one diachronic and the other synchronic. Starting from this premise, the proposed itinerary aims to show how Artemisia's "iconic power" cannot be dismissed as a mere feminist stunt or a product of the culture industry, but is determined by much deeper reasons, linked to the "culture wars" (MUIR 2007) which, born precisely in the seventeenth century, still characterize in some ways our times.The first part, entitled Artemisia, Artemisias: from documents to the imaginary and back, and divided into two chapters, first analyzes Artemisia and her time, or rather the "posture" (MEIZOZ 2007) and the process of "self-fashioning" (GREENBLATT 1980) that led the painter to assert herself with great authority on the artistic scene, coming into contact with the most influential political and cultural figures of the 17th century (Galileo, for example) ; then looks at Artemisia and our times, chronologically tracing the phases and turning points of her posthumous reception, proposing a first systematic periodization: above all, the "creation" of Artemisia as a modern literary character with ANNA BANTI's 1947 novel, thanks to which the painter became an "allegorical figure" (BAZZOCCHI 2021) who today inspires an incessant fictional production (the so-called "Artemisia fictions"); second-wave feminism in the 1970s and 1980s, which made the artist a standard-bearer for its political and social battles; and finally the new acceleration marked more recently by the #MeToo movement and the advent of social media, which have further increased Artemisia's "symbolic capital" (BOURDIEU) within our society.The second part (Artemisia and the moment of its "legibility". A critical "constellation": trauma, genre, transmedia) draws on the Benjaminian concepts of "dialectical image" and "legibility", to attempt in 3 chapters to identify the reasons why, just today, Artemisia and her work have become legible: 1) the dimension of trauma, intrinsic to the painter's own private biography, which the thesis attempts to highlight by analyzing particularly interesting Artemisia fictions, read in the light of Trauma Studies and DERIDDA's "hauntology"; 2) the dimension of genre, which, through the reflections of DE LAURETIS, BAL, POLLOCK, MULVEY etc. , the thesis intends to apply to certain of Artemisia's paintings (Susanna and the Elders, Judith and Holofernes, Corisca and the Satyr, Christ and the Samaritan Woman etc.), which formalize a new relationship between feminine and masculine; 3) finally, the transmedia dimension taken on by her character, as one of the most prolific mythopoetic matrices of the third millennium, capable of resignifying the ideological horizons and identity structures of our time

Ce travail de recherche porte principalement sur l'analyse d'un corpus d'œuvres d'Artemisia Gentileschi et d'Elisabetta Sirani autour de la thématique des « femmes violentes ». Ces deux artistes italiennes ayant pratiqué la peinture au XVIIe siècle comptent parmi les premières femmes à s'être illustrées dans la représentation de sujets issus de l'histoire biblique et parfois même antique, un genre artistique dominé par leurs collègues masculins. En effet, les récits qu'elles interprètent sont parfois issus de la Bible, comme ceux de Judith ou Yaël, ou encore de l'histoire antique, dans les cas de Timoclée, Lucrèce ou Portia. Or, le thème de la violence au féminin s'avère fortement marqué par une tradition iconographique reflétant les angoisses et préoccupations masculines de l'époque, notamment par une emphase sur le potentiel érotique de ces récits. Ainsi, même les personnages autrefois associés à la chasteté se transforment avec l'ère baroque en véritables guerrières sexuelles. L'étude des œuvres de Gentileschi et de Sirani révèle des écarts iconographiques face à cette tradition, traduisant une prise de position des artistes sur leur sujet. Proposant une vision de la féminité active et parfois même féroce, leur interprétation de ces femmes « violentes » questionne la tradition picturale et ses préjugés sur les femmes. La notion « d'agentivité », prenant sa source dans les écrits de Judith Butler, nous permet alors de mettre en évidence la possibilité d'une resignification de la féminité grâce au travail de ces femmes peintres. À la lumière des approches féministes développées par des historiennes contemporaines comme Griselda Pollock, l'étude des œuvres de ces artistes nous permet d'enrichir notre compréhension de la création au féminin. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Artemisia Gentileschi, Elisabetta Sirani, histoire des femmes, femmes artistes, violence, peinture biblique, peinture baroque, XVIIe siècle, agentivité, Judith, Yaël, Timoclée, Lucrèce, Portia.