Literatura académica sobre el tema "Monarchies censitaires"

Résumé L'article propose une réflexion sur la constitution d'un " espace public oppositionnel " avant l'avènement de la démocratie, dans la France des monarchies censitaires. Il s'agit, à la lumière de travaux récents, de montrer comment des rites coutumiers traditionnels (banquets, enterrements, charivaris) deviennent des tribunes politiques qui subvertissent les normes de la représentation. Face à un espace public officiel comprimé, ils constituent à la fois des rites de surveillance civique et de protestation explicite contre les pouvoirs. En mêlant des groupes sociaux distincts, en décernant des honneurs (ou des infamies) publics, en célébrant explicitement ou implicitement le peuple souverain, ils révèlent d'importantes tensions quant au mode de représentation politique espéré. Les classes populaires mobilisées voient dans ces rituels une occasion de se rendre visibles et de s'approprier ainsi une parcelle de souveraineté, déniée par les libéraux qui organisent pourtant ces rituels.

Contrairement à une idée reçue bien enracinée, la conspiration ou le complot, pour reprendre la terminologie du code pénal, n’implique pas nécessairement le secret. La loi insiste sur la résolution d’agir contre le gouvernement et le pacte entre les conjurés. Par ailleurs, depuis la Révolution française, le secret en politique a mauvaise presse et il est volontiers associé à l’arbitraire et au despotisme. La démocratie, même en danger, n’a rien à dissimuler. Cette vision du monde est bouleversée par la résistance soulevée par les idées des Lumières et le retour au pouvoir des monarchies traditionnelles après 1815. En plein essor du romantisme artistique, la conspiration et le recours au secret s’imposent comme des moyens d’action légitimes sinon efficaces pour lutter contre un ordre politique injuste. Pour les conspirateurs, le secret, perçu à l’origine comme contingent, fait l’objet de réflexions complexes évoluant avec les conceptions théologico-politiques des révolutionnaires.

Symbole de l’unité spirituelle du Risorgimento contre une unification prenant des allures de piémontisation, Mazzini, bien que proscrit, fut plusieurs fois élu député, en particulier à Messine. Mais il ne pouvait accepter d’assumer cette fonction. Si même la monarchie constitutionnelle anglaise présentait des défauts, la Maison de Savoie ne pouvait se targuer d’aucune qualité car elle n’avait joué aucun rôle décisif dans le processus de formation de la nation italienne et, faute encore plus grave, elle avait préféré la voie des plébiscites puis l’élection d’une Chambre des députés au suffrage censitaire, à celle de l’élection d’une Constituante au suffrage universel. Mais plus fondamentalement encore, si Mazzini estime que le Parlement est un élément important de l’architecture constitutionnelle d’une démocratie, on ne trouvera jamais sous sa plume l’éloge théorique et sentimental que le régime parlementaire a pu avoir pour les républicains français car, à la différence de ces derniers, la souveraineté ne repose pas, pour Mazzini, dans le peuple mais en Dieu.

Résumé L'article se propose d'éclairer, à travers le cas de Louvel, l'ouvrier sellier qui assassina le duc de Berry le 13 février 1820, certains aspects de la place du peuple en politique sous la monarchie censitaire. L'étude porte d'abord sur la façon dont Louvel a été perçu et jugé en 1820 : dans des registres distincts, discours politiques et judiciaires, occasionnels et mémoires montrent tous la difficulté des contemporains à comprendre ou à admettre la possibilité d'un acte autonome et délibéré, et à en discuter le sens politique. Dans un second temps, l'analyse de sources judiciaires originales permet de saisir le point de vue de Louvel lui-même et son attitude face à ses juges. S'y dessine le portrait d'un patriote formé par l'éducation révolutionnaire et admirateur de Napoléon, décidé à revendiquer jusqu'au bout la pleine responsabilité d'un acte vécu comme un sacrifice exemplaire et justifié, et qui peut apparaître comme une protestation cohérente contre le refoulement du plus grand nombre hors du jeu politique.

L'apprentissage du régime représentatif a eu son envers funéraire. Sous les monarchies censitaires, chaque " parti " célèbre ses morts dans l'espace public de la capitale. Rituels officiels et opposants, étudiés à la manière d'un dialogue, permettent de relire l'histoire des cultures politiques de la période, en faisant toute leur part à l'émotion, au sensible et à la mémoire. Gestes, discours, décors et symboles présents dans ces hommages définissent des langages politiques et des mémoires concurrentes. Des nécropoles rivales se constituent. Une grammaire des émotions, entre affliction de la perte et joie de l'apothéose, gouverne chacun des cultes funèbres. Entre la première Restauration (1814) et l'attentat de Fieschi (1835), les cultes officiels permettent de saisir comment les monarchies censitaires se sont redéfinies par le rite. Enterrements d'opposition et hommages clandestins aux victimes politiques ont institué un nouveau tribunal de l'opinion, métaphore d'un vote collectif. Le culte rendu aux morts plus ou moins illustres fut un enjeu majeur de la représentation politique.

Préfet entré en politique au mitan du XIXe siècle, Charlemagne-Émile de Maupas a commencé à être redécouvert par les dix-neuviémistes il y a une trentaine d’années, dans un contexte de relecture historiographique du Second Empire. Claude Vigoureux, dans une étude pionnière, a notamment mis en lumière son rôle, en tant que préfet de police de la Seine, dans l’élaboration et l’exécution du coup d’État du 2 décembre 1851. Son parcours riche et varié, souvent réduit à cet évènement, mérite pourtant d’être appréhendé dans sa globalité, d’autant que de sa première expérience de sous-préfet à Uzès à la prestigieuse préfecture des Bouches-du-Rhône, en passant par le ministère de la Police générale, la légation de France à Naples ou le Sénat impérial, Maupas a laissé de très nombreux papiers privés qui constituent un précieux fonds pour l’historien. Notre thèse, qui s’inscrit dans la perspective d’une biographie totale, a donc pour objet d’analyser sa trajectoire administrative, politique et notabiliaire, depuis les monarchies censitaires jusqu’à la Troisième République naissante. Nous entendons en outre montrer comment ce notable à la fois singulier et idéal-typique, profondément conservateur et attaché au régime monarchique, a mobilisé ses réseaux et ses capitaux multiples pour construire sa carrière
Charlemagne-Émile de Maupas, a prefect who entered politics in the mid-nineteenth century, began to be rediscovered by historians some thirty years ago in the context of a historiographical rereading of the Second Empire. Claude Vigoureux in particular published a pioneering study shedding light on his role as Prefect of Police of the Seine and in the elaboration and execution of the coup d'état of December 2, 1851. His rich and varied career, often reduced to this event, nevertheless deserves to be understood in its entirety, especially as Maupas left numerous private papers, from his first experience as a sub-prefect in Uzès to the prestigious prefecture of Bouches-du-Rhône, via the Ministry of the General Police, the French legation in Naples and the Imperial Senate, which constitute a precious collection for the historian. Our thesis, which is written with the perspective of a total biography, therefore aims to analyze his administrative, political and notabiliary trajectory from the census monarchies to the nascent Third Republic. We also intend to show how this deeply conservative, singular and yet ideal-typical notable who was committed to the monarchical regime mobilized his networks and his capital to build his career

L'objet de cette these est de realiser dans une meme etude une analyse sociale des diplomes (magistrats, avocats, medecins, pharmaciens, architectes, ingenieurs, professeurs, journalistes) qui ont en commun le fait d'avoir utilise, a nantes, entre 1815 et 1848, leur profession pour gagner des positions de pouvoir, augmenter leurs ressources et s'integrer aux elites locales. Ces capacites, frustrees par l'encombrement de leur profession et par la limitation de leurs droits politiques, entendent demontrer leur utilite. La societe academique, structure essentielle de leur sociabilite, devient un instrument d'intervention dans l'espace public. L'industrialisation, l'assistance ou les questions educatives y sont discutees. Toute cette periode est marquee par une contestation permanente des positions dominantes des negociants au sein des commissions administratives. L'elargissement progressif des responsabilites du maire et du prefet dans la gestion locale fournit aux capacites de multiples occasions d'utiliser leurs competences professionnelles pour des taches d'expertise et leur permet d'ameliorer leur situation economique et d'obtenir une meilleure reconnaissance de leur profession. Dans le meme temps, les capacites recherchent les moyens de s'imposer politiquement, d'abord pendant la revolution de 1830, puis avec la reunion de l'ouest, une tentative d'organisation autonome qui echoue devant la montee des tensions sociales et la force d'attraction de la notabilite. A peine decouvert, le monde ouvrier devient l'enjeu des strategies de conquete du pouvoir. Aussi, a cote des engagements dans la philanthropie laique ou catholique, les fractions les plus actives des capacites s'affirment comme les porte-parole des revendications ouvrieres puis du suffrage universel. A la fin de la monarchie de juillet, les capacites occupent des positions importantes dans la vie administrative et politique de la cite, construisant des carrieres municipales, veritables voies d'integration et de renouveau des elites locales. Leur action nous montre ainsi que le modele meritocratique de la fin du siecle se construit au coeur de la monarchie censitaire
The purpose of this thesis is to undertake in the same study the social analysis of the university graduates (magistrates, lawyers, doctors, pharmacists, architects, engineers, teachers, journalists) who have in common the fact that, in nantes, between 1815 and 1848, they used their profession to gain positions of power, to increase their income and to integrate the local elites. These capacities, frustrated by the overcrowding of their profession and the limitation of their political rights, want to demonstrate their usefulness. The academic society, a structure vital of their sociability, becomes an instrument by which they intervene in the public sphere. Industrialization, assistance and educational questions are discussed there. The whole period is characterized by permanent questioning of the dominant positions of merchants inside the administrative commissions. The progressive widening of the responsabilities of the mayor and the prefect in local administration gives the capacities numerous opportunities to use their professional skills in tasks as experts and allows them to improve their economic situation and the recognition of their profession. At the same time, they look for ways to impose themselves politically, first during the 1830 revolution, then with the reunion de l'ouest, an attempt to form an autonomous organization which fails due to growing social tensions and to the force of attraction of the notability. As soon as it is discovered, the working-class becomes the objet of strategies to take power. Also, in addition to involvement in secular or catholic philanthropy, the more active fractions of the capacities come forward as representative of working-class demands and later of universal suffrage. At the end of the july monarchy, capacities hold important positions in the administrative and political life of the city, building municipal careers, true instruments of integration and renewal of local elites. Thus their action shows us that the meritocratic model of the end of the century is being constructed in the heart of last french monarchies

Cette etude concerne les statistiques sur les pauvres realisees dans le cadre francais a l'initiative de l'etat sous la revolution et l'empire. Son objet est de comprendre les enjeux, les procedes et les resultats de ces recherches afin de mieux cerner les relations entre l'etat et les classes inferieures a un moment-cle de l'histoire francaise. En 1790 est lancee par le comite de mendicite de la constituante, en prelable a des reformes, une vaste enquete nationale sur les indigents qui se poursuit jusqu'en 1793. Les reponses, bien que dispersees aujourd'hui sont fort nombreuses et montrent a la fois l'interet et les difficultes suscitees par cette recherche. Sous la convention, de 1793 a l'an iii, les demandes statistiques sur les indigents, qui melent enquetes et "roles" d'ayant-droit, se multiplient en liaison avec l'instauration de lois sur l'assistance nationale. Les resultats sont peu nombreux en raison du contexte trouble. A partir de l'an v, une nouvelle legislation, qui transforme le role de l'etat, rend inutile de telles statistiques. Les pauvres reapparaissent cependant sous le directoire et le consulat en tant qu'assistes a travers les statistiques des institutions d'assistance ou qu'en tant que mendiants. Une enquete sur les "pauvres et les mendiants" dans tout l'empire, entreprise en 1808, en liaison avec une loi sur la creation de depots de mendicite dans chaque departement, constitue l'unique exception
This work about state statistics of the poor in france during the french revolution and the napoleonic empire studies their aims, proceeds and results. Then it is possible to understand relationships between state and lower classes at a very important period of french history. In 1790 the comite de mendicite of the constituante decides a national survey on the poor before to reform relief. It receives a lot of answers until 1793. However the answers are scattered today, they show interest and difficulties created by this survey. Under the "convention", from 1793 to an iii, there are many statistical questions because of the laws about national assistance. They associate survey and "roles". But there are few answers. From an v, because of new laws such statistics become useless. Poors are counted just as beggars or when they receive relief from hospitals or "bureaux de bienfaisance". One exception is the survey on the "pauvres et les mendiants" of 1808, when a new law creates "depots de mendicite". But bad quality of the answers and lack of criticism from the ministry show this statistic is only a bureaucratic decision

Cette thèse en histoire économique a pour objectif l'analyse quantitative des liens entre la richesse et les mobilités économique et géographique dans la France des années 1840 aux années 1880 par une étude du corps électoral censitaire parisien des années 1840. Pour ce faire, une base de données originale a été construite par un appariement entre différentes sources afin de suivre dans le temps les multiples trajectoires des individus appartenant à ce groupe particulièrement riche et politiquement important. La mobilité individuelle est ainsi observée à court terme grâce à un appariement entre listes électorales parisiennes des dernières années de la monarchie de Juillet. La mobilité à long terme est, quant à elle, révélée par l'exploitation des tables parisiennes des successions et absences (TSA) qui contiennent des informations sur la situation des individus au moment du décès. Tant à court terme qu'à long terme, la mobilité économique et géographique s'avère considérable, remettant en cause l'idée historiographique d'un groupe clos et stable. Le corps électoral censitaire parisien apparaît comme une classe de l'instant, sa forte hétérogénéité se renouvelant sans cesse sous l'effet de mécanismes économiques puissants mis en évidence dans une série de régressions économétriques. Au-delà du corps électoral censitaire, l'observation du groupe des riches individus figurant comme tels dans les TSA parisiennes montre à quel point la mobilité fut forte au XIXème siècle : seule la moitié d'entre eux furent inscrits sur les listes censitaires de 1845 considérées au niveau national. In fine, l'ensemble de nos résultats invite à renouveler le débat sur les élites et la richesse
This economic history dissertation aims to analyse quantitatively the links between wealth and economic and geographic mobility in France from the 1840s to the 1880s through the study of franchised Parisian voters of the 1840s. To do so, an original dataset has been built by matching different sources so as to follow the multiple trajectories of the individuals who belong to this particularly rich and politically important group over time. Short-term individual mobility is observed by matching individuals across electoral lists from the last years of the July Monarchy. Long-term mobility is revealed by exploiting the Parisian tables of successions and absences (TSA). These contain information about the wealth at death of individuals. Both in the short- and long-run, economic and geographic mobility proves to be considerable, raising serious questions about the long-held idea of a close and stable elite group. Parisian franchised voters appear to be an instant class, with a large heterogeneity that was continuously renewed under the effect of powerful economic mechanisms that have been highlighted in a series of econometric regressions. Beyond the franchised electorate, the group of the wealthy individuals who appear in the Parisian TSA shows the massive extent of mobility in the 19th century: only half of these individuals were on the 1845 franchise lists considered at the national level. Taken as a whole, our results lead to renew the debate about the elites and wealth

L'examen du droit de pétition sous la monarchie de Juillet n'a jusqu'à présent fait l'objet que d'études parcellaires. Nous nous proposons ici d'envisager l'exercice de ce droit, inscrit dans nos constitutions depuis la Révolution française de 1789, à travers une problématique particulière qui est celle de l'extension du corps électoral appelé à désigner les députés, plus spécialement, l'élargissement des conditions d'accès à ce corps électoral. Nous avons choisi de conduire notre recherche à partir d'une question politiquement sensible et qui se ne laisse pas d'animer le débat politique et doctrinal de 1830 à 1848. Nous verrons ainsi que ce mouvement pétitionnaire a préparé l'adoption du suffrage universel en 1848. Il ne faut donc pas se fier aux conclusions de l'opinio communis de la doctrine: certes la grande majorité des pétitions est écartée par les Chambres, mais leur rapport est l'occasion de vifs débats politiques. Qui minèrent peu à peu l'assise du régime et ouvrirent la voie à l'établissement de la Ile République.