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Thomas, Chris. "L’économie politique d’une succession annoncée". Politique africaine 70, n.º 1 (1998): 40–53. http://dx.doi.org/10.3406/polaf.1998.6128.

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Resumen
Dans le contexte d’une succession annoncée par Daniel Arap Moi lui-même, la famille élargie du président est apparue comme l’un des acteurs centraux des rivalités factionnelles qui agitent le pouvoir. Ce rôle tient notam¬ ment à l’accumulation considérable qu’elle a réalisée depuis trois décennies et à l’implication de ses membres dans des pratiques criminelles qui excluent tout abandon du pouvoir.
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Kamerman, Sheila B. "Au coeur de la politique familiale américaine : les enfants, les femmes et le travail". I. Contexte sociétal et développement des interventions publiques concernant la famille, n.º 36 (2 de octubre de 2002): 49–54. http://dx.doi.org/10.7202/005132ar.

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Resumen
RÉSUMÉ Cet article fait ressortir qu'aux États-Unis les mesures prises par les gouvernements à l'endroit de la famille composent une politique familiale à caractère implicite plutôt qu'explicite, s'inspirent d'une conception minimaliste du rôle des gouvernements face aux transformations sociales et démographiques, relèvent d'une approche qui consiste à cibler les familles pauvres avec enfants plutôt qu'à instaurer des programmes universels, mettent le travail en valeur tout en manifestant une ambivalence à l'égard du travail salarié des femmes, et accordent un rôle important au marché et au bénévolat. Ces mesures, dans leur forme actuelle, résultent d'une lente évolution, amorcée surtout depuis les années 1960. Il est peu probable qu'elles changent beaucoup à court terme. Pourtant, la transformation des rôles féminins et la situation toujours précaire des enfants, en particulier de ceux qui grandissent dans une famille monoparentale, exigerait des interventions beaucoup plus vigoureuses.
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3

Tassé, Louise. "Quand le pouvoir des femmes se fait illusion/allusion". Culture 3, n.º 1 (2 de diciembre de 2021): 91–101. http://dx.doi.org/10.7202/1084162ar.

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Les discours subjectifs de Segalen et de Sennett élaborés à propos de la paysannerie et de l’urbanisation au XIXe siècle soulèvent la question de l’idéologie du pouvoir des femmes dans la famille. Cette idéologie se présente dans ces études sous la forme d’une illusion/allusion car le rôle social des femmes est défini à partir d’un rapport imaginaire de celles-ci à leurs conditions réelles d’existence, c’est-à-dire fondé sur un postulat d’équilibre des rôles de l’homme et de la femme au sein des ménages. Notre hypothèse est que le rôle social des femmes doit être analysé à partir de l’histoire éthico-politique, c’est-à-dire à partir de l’expression culturelle d’une conjoncture historique. Ceci implique que le pouvoir des femmes ne peut être envisagé qu’en regard du fait que celles-ci constituent ou non un groupe social de la société civile ou politique au sens gramscien du terme. Ainsi, dans la famille urbaine et rurale du XIXe siècle, l’assignation des femmes est idéologique et leur rupture avec la production sociale est matérielle.
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Santos da Silva, Mara Regina, Marta Regina Cezar Vaz, Adriane Silva Gaya y Priscila Arruda da Silva. "La sensibilité parentale dans le cadre de la politique brésilienne de santé familiale". Hors-thème, n.º 13 (25 de enero de 2011): 116–28. http://dx.doi.org/10.7202/045423ar.

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Resumen
Bien que de nombreuses études démontrent le rôle significatif de la sensibilité parentale sur le développement des enfants, rares sont les pratiques mises en place pour la promotion de cette caractéristique de la relation parent-enfant au niveau des services de soins de santé primaires. Cette étude vise à identifier les aspects, présents dans les politiques de santé familiale au Brésil, qui favorisent le travail des intervenants face à la promotion de la sensibilité parentale. Cette étude se penche sur l’une des principales politiques publiques au Brésil : le Programme de santé de la famille (PSF). L'analyse a permis d’identifier certains facteurs impliqués dans la promotion de la sensibilité parentale : la forme d'insertion des équipes du PSF dans la vie communautaire; l'accueil et le lien entre ces équipes et les familles et le principe de soins intégraux à la famille.
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Wilhelm, Jane Elisabeth. "La traduction, principe de perfectibilité, chez Mme de Staël". Meta 49, n.º 3 (25 de noviembre de 2004): 692–705. http://dx.doi.org/10.7202/009387ar.

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RésuméLe renouveau d’intérêt, depuis une vingtaine d’années, envers les origines et le développement du libéralisme politique en Europe, l’un des courants originels de la politique moderne, a remis les écrits de Mme de Staël, de Benjamin Constant et des membres du groupe de Coppet à l’honneur. Le libéralisme apparaît aujourd’hui comme l’un des pivots de la modernité, celui à partir duquel se définissent tous les grands projets de société. En opposition au classicisme et à une conception nationaliste totalitaire promulguée par le régime de Bonaparte, Mme de Staël et ses amis entrevoient le salut des peuples et des littératures modernes dans l’échange des valeurs culturelles et artistiques. C’est le libéralisme politique traduit dans l’espace littéraire et le champ artistique. La traduction, en tant que médiation avec l’étranger, permet de révéler l’esprit national et joue un rôle capital dans la dissémination et la circulation des idées. Principe d’émulation et de commerce intellectuel, elle concourt à laperfectibilitédes lettres et de l’esprit humain par l’enrichissement du caractère étranger, facteur de dynamisme social.
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Lambert, Yves. "Le rôle dévolu à la religion par les Européens". Sociétés contemporaines 37, n.º 1 (1 de mayo de 2000): 11–33. http://dx.doi.org/10.3917/soco.p2000.37n1.0011.

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Résumé RÉSUMÉ: La question du rôle dévolu au christianisme par les Européens est traitée à partir d’enquêtes européennes par sondage, dans le cadre de la théorie de la différenciation fonctionnelle de Luhmann. Selon cette théorie, la religion est un sous-sytème social parmi d’autres, non obligatoire, défini par sa fonction spirituelle mais pouvant aussi remplir d’autres fonctions. Il apparaît que ses fonctions externes concernent essentiellement les croyants-pratiquants et les domaines de la famille, de la morale et de la politique (préférence pour le centre-droit), mais aussi un public plus large sur les «grandes causes». Son rôle moral suscite de fortes réserves et on souhaite une nette séparation entre religion et politique. On constate l’existence d’un pôle fondamentaliste d’environ 10% des Européens et, à l’opposé un pôle séculariste deux fois plus important; le premier, un sous-ensemble des croyants-pratiquants (environ un tiers), se caractérise par le traditionalisme, l’âge moyen élevé et les faibles niveaux d’instruction, alors que les sécularistes sont peu ou pas religieux, sauf un petit noyau, et plutôt jeunes et instruits. Une comparaison avec les pays de l’Est y révèle une assez forte demande d’un rôle social de la religion.
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Piérart, Geneviève, Sylvie Tétreault, Pascale Marier Deschênes y Sophie Blais-Michaud. "Handicap, famille et soutien. Regard croisé Québec-Suisse". Enfances, Familles, Générations, n.º 20 (30 de mayo de 2014): 128–47. http://dx.doi.org/10.7202/1025333ar.

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Ce texte propose une analyse croisée du soutien aux familles d’enfants handicapés au Québec et en Suisse romande. Il présente, pour chaque région, les principales législations en lien avec la politique familiale et le handicap, les dispositifs de sécurité sociale ainsi que l’organisation des services sociaux, scolaires et de santé. Les deux territoires possèdent un héritage historique commun ancré dans une approche caritative du handicap. Dans les années 1970, les revendications des mouvements associatifs ont permis, de part et d’autre, une professionnalisation de l’accompagnement des personnes handicapées et de leurs proches. Actuellement, le système québécois s’inscrit dans une perspective ambulatoire, tandis que les institutions spécialisées jouent encore un rôle important en Suisse romande. Dans ces deux parties francophones d’États fédéralistes, des besoins importants subsistent au sein des familles d’enfants handicapés, malgré le développement de solutions innovantes.
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8

Hammouche, Abdelhafid. "Famille relationnelle en situation migratoire, autorité paternellle et puissance publique". Lien social et Politiques, n.º 37 (2 de octubre de 2002): 121–32. http://dx.doi.org/10.7202/005121ar.

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RÉSUMÉLe questionnement sur la position des pères dans les quartiers d'habitat social, en France, émerge aujourd'hui dans un contexte marqué par un essoufflement des politiques publiques, et se décline sur le registre de l'autorité, en lien avec les problêmes de sécurité. Ce sont les conditions sociales de cette autorité et de son exercice, notamment en situation migratoire, qui sont interrogées dans cet article. La situation migratoire et l'évolution du rôle paternel qu'elle oblige se comprennent d'autant mieux que l'on considère la famille immigrée en relation avec la famille dans le pays d'origine. Sous cet angle, les politiques publiques peuvent se lire comme autant d'interventions qui participent indirectement à l'affaiblissement de la position du père avant d'offrir des possibilités de repositionnement. Celles-ci se façonnent à partir de nouveaux rapports et de nouvelles alliances entre les membres de la famille dans un cadre urbain déficitaire, où les politiques actuelles entraînent paradoxalement une privatisation de l'espace public et le risque d'un retrait du « politique ».
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van den Broek, Thijs, Pearl A. Dykstra y Romke J. van der Veen. "Care Ideals in the Netherlands: Shifts between 2002 and 2011". Canadian Journal on Aging / La Revue canadienne du vieillissement 34, n.º 3 (22 de junio de 2015): 268–81. http://dx.doi.org/10.1017/s0714980815000215.

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RÉSUMÉLa prémisse de notre étude était que les croyances au sujet des soins normatives peuvent éclairer le débat actuel sur la politique de soins. Nous avons réalisé des analyses impliquant la régression de classe latente sur deux vagues de données (n=4 163) de la Netherlands Kinship Panel Study parenté pour distinguer les idéaux pour les soins qui ont capturé simultanément des dimensions multiples de croyances de soins normatifs. Nous avons également évalué comment ces idéaux en matière de soins ont changé au début du 21ièmesiècle. Nous avons distingué quatre idéaux pour les soins: chauds-modernes (la famille et l'État conjointement responsables de soins, rôles égalitaires des sexes); froids-modernes (grande responsabilité de l'État, responsabilité de la famille restreinte, rôles égalitaires des sexes); traditionnels (responsabilité limitée de l'État, grande responsabilité de la famille, rôles des sexes modérément traditionnels); et froids-traditionnels (grande responsabilité de l'État, responsabilité de la famille restreinte, rôles des sexes traditionnels). De 2002 à 2011 il y a eu un éloignement des idéaux de soins chauds-modernes envers les idéaux de soins froids-modernes. Ceci est remarquable, parce que les décideurs néerlandais ont de plus en plus encouragé les membres de famille à prendre un rôle actif dans les soins aux parents dépendants.
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Simon, Scott. "« Femme économique » ?" Anthropologie et Sociétés 34, n.º 2 (23 de febrero de 2011): 103–22. http://dx.doi.org/10.7202/045708ar.

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Resumen
Les anthropologues sont fascinés depuis longtemps par les différentes formes d’échange. Cet article, fondé sur une recherche de terrain dans trois villages autochtones taïwanais, s’intéresse aux différents moyens d’échange utilisés par les femmes qui tiennent des échoppes. Plutôt que de s’identifier elles-mêmes comme des entrepreneures, la plupart d’entre elles considèrent qu’elles apportent leur contribution à la famille et à la communauté. À l’inverse des Chinois han, elles peuvent s’appuyer sur une histoire dans laquelle les femmes possédaient des biens issus des gains de leur propre travail et jouaient donc un rôle social. Les femmes qui tiennent des magasins continuent à acquérir du pouvoir politique et social de par leur travail, qui participe à la circulation des biens, en particulier grâce à la dimension politique qu’occupent leurs échoppes dans l’espace social du village. Le profit ne constitue en rien le motif premier de leurs activités économiques, et leur travail vient s’inscrire dans un contexte social et politique toujours plus large.
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Tournier, Vincent. "Le rôle de la famille dans la transmission politique entre les générations [Histoire et bilan des études de socialisation politique ]". Politiques sociales et familiales 99, n.º 1 (2010): 59–72. http://dx.doi.org/10.3406/caf.2010.2506.

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Gendron, Carole y Lorraine Poitras. "La prise en charge par la famille : problématique et implication de cette politique en psychogériatrie". Le vieillissement 14, n.º 1 (19 de octubre de 2006): 179–90. http://dx.doi.org/10.7202/031498ar.

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Résumé La prise en charge à domicile par la famille est considérée comme la principale alternative au placement en institution pour les patients atteints de démence. Cette solution peut avoir d'importantes répercussions sur la qualité de vie, la santé et l'état émotionnel de la personne responsable du malade. La lourdeur du fardeau est reliée non seulement à la gravité des symptômes du malade mais également à la personnalité, au vécu et aux capacités du soignant pour faire face au stress en général. Dans ce contexte, une intervention clinique centrée sur les besoins personnels du soignant, et visant l'apprentissage d'habiletés cognitives comportementales pour mieux gérer le stress associé à son rôle, s'avère souvent un prérequis indispensable ou un complément aux autres services de support plutôt axés sur les problèmes pratiques.
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Maurice, Paul. "Jürgen Kuczynski : itinéraire politique et scientifique d’un intellectuel est-allemand « marxiste-bourgeois »". Actuel Marx 74, n.º 2 (2 de agosto de 2023): 33–48. http://dx.doi.org/10.3917/amx.074.0033.

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Par son parcours et par sa biographie, l’historien de l’économie Jürgen Kuczynski (1904-1997) illustre les problématiques et les paradoxes d’une partie des marxistes est-allemands. Issu d’une famille « juive assimilée » de la grande bourgeoisie libérale allemande, il a pourtant été l’un des intellectuels les plus renommés en RDA. Son parcours personnel et académique montre qu’il avait à la fois la formation et les références d’un intellectuel classique allemand et l’engagement politique de l’ intelligentsia communiste. Jürgen Kuczynski était un intellectuel cosmopolite polyglotte qui pouvait bénéficier de ses réseaux mais aussi de ses habitus bourgeois pour se présenter comme le « passeur » et l’ Avant-garde du socialisme à travers les frontières politiques et intellectuelles du « rideau de fer ». L’ambivalence de cette figure d’intellectuel marxiste au « parcours exemplaire », est éloquente pour illustrer le rôle paradoxal des intellectuels marxistes-bourgeois dans la société est-allemande.
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Fossé-Poliak, Claude. "Ascension sociale, promotion culturelle et militantisme. Une étude de cas". Sociétés contemporaines 3, n.º 3 (1 de septiembre de 1990): 117–29. http://dx.doi.org/10.3917/soco.p1990.3n1.0117.

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Résumé Résumé : Comment rendre compte des trajectoires scolaires d'exception d'agents issus des classes dominées, précocement éliminés du système scolaire et qui, ouvriers ou employés depuis plusieurs années, entreprennent des études supérieures ? L'analyse méthodique de la trajectoire biographique d'un ex-militant ouvrier, aujourd'hui animateur socio-culturel et étudiant en sociologie, met en évidence un mode particulier d'accumulation du capital culturel où l'accès au champ politique et/ou syndical joue un rôle déterminant. L'usage qui est fait ici du récit de vie ne vise pas autant, en effet, l'appréhension de la subjectivité et de la singularité d'un individu particulier que la mise à jour de mécanismes généraux qui permettent de rendre compte d'une famille de trajectoires.
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Tóth, Ferenc. "Un Hongrois en Égypte avant Napoléon. La mission secrète du baron de Tott". Revue Historique des Armées 270, n.º 1 (1 de enero de 2013): 14–22. http://dx.doi.org/10.3917/rha.270.0014.

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Le baron de Tott, issu d’une famille hongroise établie en France au XVIII e siècle, fut un officier de hussards employé dans des missions en Orient. Connaissant les langues et usages orientaux, il fut l’un des meilleurs agents de Louis XVI. Après avoir introduit des réformes militaires dans l’armée ottomane durant la guerre russo-turque de 1768-1774, il rejoignit le « parti interventionniste » du gouvernement de Versailles et devint un véritable idéologue du partage et de la colonisation de l’Empire ottoman, en particulier de sa province la plus convoitée : l’Égypte. En 1777, il fut nommé inspecteur général des Échelles du Levant. Cela lui permit d’effectuer une reconnaissance militaire de l’Égypte en vue d’un plan d’occupation ultérieur. Le projet fut déposé dès 1779, mais sa réalisation fut ajournée jusqu’à l’avènement de Napoléon Bonaparte qui s’en inspira pour sa fameuse campagne d’Égypte. Cet article présente l’histoire du projet égyptien du baron de Tott tout en soulignant ses aspects novateurs, comme la participation des savants à cette entreprise et l’intérêt géostratégique de l’Égypte dans la pensée politique française.
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Moutoukias, Zacharias. "Réseaux personnels et autorité coloniale : les négociants de Buenos Aires au XVIIIe siècle". Annales. Histoire, Sciences Sociales 47, n.º 4-5 (octubre de 1992): 889–915. http://dx.doi.org/10.3406/ahess.1992.279084.

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Les réseaux de relations personnelles constituent un sujet à la fois rebattu et inédit de l'histoire coloniale hispano-américaine. Ils jalonnent les études consacrées au rôle de la famille dans la vie économique et politique. Évidemment, on s'est surtout préoccupé d'établir l'éventail des normes et des stratégies des groupes ou catégories qui ont servi de base à l'élaboration d'une image de la stratification sociale : commerçants, ploutocrates, familles de notables, etc. Ces catégories sont perçues comme étant constituées d'individus ou d'ensembles corporatifs qui fonctionnent, à la fois, comme agents mus par une exigence de profit et comme acteurs imbriqués dans la logique des liens primaires. Il a pu en résulter des strates d'explications homogènes mais qui, superposées, n'offrent aucun rapport les unes avec les autres.
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Guillemin, Alain. "Rente, famille, innovation Contribution a la sociologie du grand domaine noble au XIXe siècle". Annales. Histoire, Sciences Sociales 40, n.º 1 (febrero de 1985): 54–70. http://dx.doi.org/10.3406/ahess.1985.283142.

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L'historiographie du xixe siècle, du moins en ce qui concerne la France, a généralement négligé l'étude des grands domaines et, de ce fait, mal évalué le rôle que leurs possesseurs ont joué dans la transformation de l'agriculture, minimisant, d'une part, le poids économique, politique et social de la grande propriété foncière après 1830, tendant, d'autre part, à enfermer la majorité de ces grands propriétaires, en particulier les représentants de la noblesse dans le stéréotype du rentier oisif et négligent. Or, si l'on ne considère plus, a priori, les membres de l'aristocratie foncière comme de simples percepteurs de rente, on observe que, même dans les régions où leur emprise sur la terre est faible, ils se soucient fréquemment d'amélioration agricole. C'est non seulement le cas dans la France du Nord et du Nord-Ouest, mais encore dans certaines régions méridionales, comme la Provence, en dépit des succès politiques du radicalisme .
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Diago Hernando, Máximo. "Los Haro de Cameros en los siglos XIII y XIV. Análisis del proceso de su afianzamiento político en el ámbito regional". Anuario de Estudios Medievales 24, n.º 1 (2 de abril de 2020): 775. http://dx.doi.org/10.3989/aem.1994.v24.1000.

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Ce travail est une contribution à l'étude du rôle politique de la noblesse dans les differents territoires régionaux de la Castille avant les Trastamaras et, au même temps, une appréciation de l'importance des minorités de Fernando IV et Alfonso XI dans le procès de la consolidation de la noblesse à la tête de la vie politique de leurs propres territoires régio­naux. A cet effet, nous avons choisi la branche mineure de la famille des Haro, laquelle a exercé une influence décisive dans la vie politique des territoires de la Rioja Baja et Cameros à partir du règne d'Alfonso X jus­qu’à la majorité d'Alfonso XI. Notre attention a été fixée aux trois princi­paux représentants des Haro qui ont successivement exercé le pouvoir pendant cette période: Alfonso López de Haro, son fils Juan Alfonso de Haro I, et le fils de celui-ci Juan Alfonso de Haro II. L'analyse des moyens employés par ces trois sujets afin d'élargir les bases de leur exercise su pouvoir nous permet d'identifier aussi les principaux ressorts que, par conséquent, sont entrés en conflit avec eux pour freiner leurs projets d'expansion. Finalement, il y est aussi analysé le procès du declin de cette fami­lle après que Juan Alfonso de Haro II a été condamné A mort sous Alfonso XI, l'année 1333.
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Gardet, Mathias. "La protection de l'enfance et de l'adolescence en Bretagne dans les années 1940: un montage régional original ?" Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » N° 3, n.º 1 (1 de octubre de 2000): 207–29. http://dx.doi.org/10.3917/rhei.003.0207.

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Le centre de Ker Goat, créé dès le mois d'août 1940 près de Dinan, est devenu très rapidement le symbole d'une nouvelle façon d'appréhender le mineur de justice, la fameuse idée de "rééducation". L'originalité du projet résulte de l'encadrement choisi pour diriger la ferme : l'appel à de jeunes scouts. Cependant, les conditions difficiles, voire misérables, de son démarrage et les laborieuses tractations menées tout d'abord avec le secrétariat général à la Jeunesse, puis avec le commissariat général à la Famille, montrent que le tableau est souvent à nuancer. Ce n'est qu'à partir de 1944 que le centre est repris en gestion directe par la Fédération bretonne de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence. Cette dernière, issue d'une politique volontariste de l'État sous Vichy, impose avec difficulté son rôle de coordination régionale face aux pouvoirs locaux préexistants, que représentent notamment les services sociaux des cinq départements bretons.
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Walty, Ivete. "La Parole écrite: entre la loi et la marginalité". Interfaces Brasil/Canadá 17, n.º 1 (1 de mayo de 2017): 79. http://dx.doi.org/10.15210/interfaces.v17i1.10114.

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Dans une recherche sur la littérature produite par des prisonniers politiques et autres, j’ai toujours essayé de répondre aux questions suivantes :─ Comment la prison est-elle représentée dans les écrits de la contemporanéité à la première personne dans la littérature brésilienne et québécoise ? ─ Dans ces écrits, quelle relation y a-t-il entre l’institution prison et les autres institutions telles que : la Famille, l’École, l’Église, l’État, face à la question de la violence ?─ Comment le corps se dessine-t-il dans l’écriture face à la violence ?─ Comment subjectivité et collectivité se conjuguent-elles pour figurer les sujets narratifs en question ? ─ Comment esthétique, éthique et politique s’associent-elles dans l’écriture de la prison ?Dans cette étude, j’analyse les livres Memórias de um sobrevivente (Mémoires d’un survivant), de Luís Alberto Mendes, et Bienvenue dans mon cauchemar, de Marie Gagnon, en observant notamment le rôle de l’écriture en situation-limite entre la marginalité et la loi.
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Gueisaaz, Mireille. "Protestants et laïques d'origine protestante dans la loi de 1905". Matériaux pour l’histoire de notre temps N° 78, n.º 2 (1 de abril de 2005): 16–26. http://dx.doi.org/10.3917/mate.078.0003.

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Résumé On peut dire aujourd’hui que les participations de protestants ou de laïques d’origine protestante ont été nombreuses et non négligeables dans la loi de 1905, en dépit d’une absence de « politique » protestante sur la question. Si les protestants « orthodoxes » ont fait profiter la loi d’un certain nombre de « savoirs » protestants, en matière de séparation, ces savoirs ont également été apportés par des laïques d’origine protestante et non des moindres. Le rôle de Francis de Pressenssé qui appartenait à une grande famille protestante « libriste » dans la rédaction et le vote de la loi est maintenant reconnu, celui de Ferdinand Buisson dans l’accélération de la loi et à la tête de la Commission des 33 reste encore très sous-estimé. Dans la seconde partie de l’article le parcours de Ferdinand Buisson et les effets politiques de l’instrumentalisation du discours antiprotestant par les socialistes sont plus particulièrement évoqués, notamment sur la formation du mythe d’un modèle franco-français de laïcité.
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Baleige, Anna. "Cadre d’action de promotion de la santé reproductive : analyse critique lexicométrique et trans des politiques publiques françaises contemporaines". Santé Publique 36, n.º 1 (5 de abril de 2024): 73–80. http://dx.doi.org/10.3917/spub.241.0073.

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Introduction : Depuis 2017, la loi française a mis fin à la nécessité d’intervention médicale et de stérilisation des personnes faisant modifier leur sexe administratif à l’état civil. Pour autant, aucun cadre législatif n’a été prévu pour garantir leur droit à la famille, ancrant leurs projets parentaux dans un aléa social, politique et juridique contraire aux droits humains et internationaux. Parallèlement, l’État français s’est doté d’un arsenal de stratégies de santé contraignant la place et le rôle des actrices et acteurs de terrain. But de l’étude : Cette étude interroge les possibilités des actrices et acteurs de santé publique à promouvoir la santé reproductive des personnes en l’absence de toute législation et dans un contexte d’adversité politique et législative. Pour cela, elle s’appuie sur une analyse participative, critique et lexicométrique des stratégies nationales de santé sexuelle et reproductive et de soutien à la parentalité. Résultats : La parentalité des personnes trans est absente des stratégies de gouvernance. Les politiques de santé sexuelle et reproductive se centrent autour de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles, les parcours de santé et les discriminations et violences. L’analyse fait également ressortir la méconnaissance de cet enjeu. Conclusions : Les manquements du cadre législatif et des stratégies de santé publique interrogent les possibilités éthiques pour les actrices et acteurs de terrain de promouvoir la santé reproductive de manière non inclusive. Ce constat condamne les communautés à mener des actions en dehors du droit commun et pose la question de la place politique du champ de la santé publique en France.
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Sitruk, Patricia. "Politiques de soutien à la parentalité en France". Perspectives Psy 62, n.º 4 (octubre de 2023): 356–61. http://dx.doi.org/10.1051/ppsy/2023624356.

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Au sein des politiques publiques françaises, celle concernant le soutien à la parentalité est officiellement née en 1998 lors de la Conférence de la famille. Sa création a été motivée par des facteurs tels que l’inquiétude croissante quant aux compétences parentales, les besoins exprimés par les familles en difficulté et la responsabilité perçue de la puissance publique face aux évolutions sociétales. Depuis, elle s’est développée en s’appuyant sur l’accompagnement des parents dans leur rôle éducatif, s’attachant à répondre à l’évolution des structures familiales, de moins en moins traditionnelles et plus diversifiées. Néanmoins, sa mise en place a suscité des questionnements : doit-elle être universelle ou ciblée ? Quel équilibre trouver entre la place des parents et celle de l’enfant ? Des débats politiques ont également émergé concernant les risques de contrôle social ou de dérive vers des préoccupations de prévention de la délinquance. Les dispositifs de soutien à la parentalité sont variés, allant des lieux d’accueil enfants-parents aux services d’information et d’orientation. Depuis 2021, cette politique cherche à s’affirmer davantage en se dotant d’une Charte nationale et d’un programme prioritaire axé sur les 1 000 premiers jours de l’enfant. L’intérêt économique de cette politique est de plus en plus souligné, des économistes mettant en avant les bénéfices à investir dans le soutien à la parentalité sur le long terme. Cette politique reste en évolution, composée de dispositifs diversifiés et parfois complexes, mais témoigne d’une vitalité dans sa mise en œuvre et de sa place désormais ancrée au sein des politiques publiques.
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Censi, Martina. "Madīḥ al-karāhiya de Ḫālid Ḫalīfa". Journal of Arabic and Islamic Studies 19 (12 de julio de 2019): 1–14. http://dx.doi.org/10.5617/jais.7038.

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Dans Madīḥ al-karāhiya (L’éloge de la haine), roman publié en 2006, l’écrivain syrien Ḫālid Ḫalīfa se consacre à la représentation littéraire du martyre. Dans cette œuvre, la relation entre corps, violence et identité devient un moyen pour représenter et contester toute forme de pouvoir répressif – politique et religieux – ayant ravagé la Syrie pendant les années 1980. La protagoniste est une adolescente – issue d’une famille musulmane d’Alep – bouleversée par les changements de son corps. Sa volonté d’échapper à ses désirs sexuels et à la manifestation de plus en plus visible de sa féminité entraîne son rapprochement d’un groupe d’extrémistes musulmans qui pratiquent la lutte armée. En portant son attention sur l’individu féminin, Ḫālid Ḫalīfa s’interroge sur le rôle de la violence liée à la religion dans les processus de subjectivation des individus. Le corps féminin adolescent devient le symbole de la différence « hors-norme » de l’individu qui n’arrive pas à trouver sa place dans la société. Le martyre est le moyen pour la protagoniste de définir son identité individuelle et de s’approprier son corps en l’imposant sur l’espace public et sur la collectivité.
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Soeiro, José. "Vieillissement et crise du care au Portugal". Retraite et société N° 91, n.º 2 (5 de febrero de 2024): 99–121. http://dx.doi.org/10.3917/rs1.091.0099.

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Le Portugal connaît une forte tendance au vieillissement qui pose des défis importants à l’organisation sociale du care . Cet article caractérise le système de soins aux personnes âgées dans ce pays du Sud de l’Europe, considérant les rôles combinés de la famille, de l’État, du marché et de la société civile dans une configuration particulière de familialisme et de politique de défamiliarisation. L’analyse se développe autour du familialisme culturellement implicite, celui prescrit par la loi, le familialisme soutenu par l’État et les pratiques de défamiliarisation qui opèrent par l’intermédiaire du secteur privé non lucratif et du marché lucratif. À partir de données statistiques, provenant de différentes sources nationales et européennes, de témoignages d’aidants informels et d’entretiens exploratoires, nous proposons un portrait de l’organisation des soins au Portugal et nous mettons en évidence le rôle des aidants familiaux non rémunérés, responsables pour la plupart du care aux personnes âgées. Nous soulignons l’importance du mouvement des « aidants informels », créé en 2016 et qui est à l’origine de l’approbation, en 2019, d’une nouvelle législation, le « Statut de l’aidant informel ». Le texte identifie finalement quelques points d’intervention susceptibles de favoriser une reconnaissance de ce travail non rémunéré et une redistribution sociale plus équitable et juste du care aux personnes âgées.
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Fournier, Pascale. "Courtiser Dieu devant les tribunaux occidentaux". Canadian journal of law and society 25, n.º 2 (agosto de 2010): 167–93. http://dx.doi.org/10.1017/s0829320100010371.

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RésuméÀ travers la migration d'une institution juridique spécifique—le Mahr (une forme de dot), cet article s'intéresse à la manière dont le mariage musulman voyage vers le Canada, les États-Unis, la France et l'Allemagne, offrant une panoplie d'images, de contradictions et de considérations distributives dans le transit du droit de la famille musulman au processus adjudicatif occidental. J'insiste sur l'importance d'orienter le débat sur les conséquences judiciaires distributives telles que vécues par les femmes musulmanes plutôt que sur la théorie de la reconnaissance. Cet article présente une contribution méthodologique importante relativement au rôle de la politique identitaire et de l'(im)possibilité des transferts juridiques en droit comparé. Par sa fenêtre ouverte et intime sur l'interaction entre le droit islamique et le droit occidental, la présente étude jurisprudentielle révèle que le Mahr ne peut voyager en terre occidentale sans transplanter une interaction hautement complexe entre des parties dont les intérêts sont souvent opposés quant à sa reconnaissance. Une analyse distributive empruntant au réalisme juridique s'impose en la matière, en raison du fait que le Mahr est d'ordinaire utilisé par les parties comme outil de négociation relativement à leurs obligations contractuelles familiales. De plus, le droit islamique se déplace avec une multiplicité de voix et c'est cette hybridité complexe qui sera reçue et interprétée par les tribunaux occidentaux.
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Lamarche, Constance. "Les parents d’un enfant handicapé (Revue de la littérature américaine)". Santé mentale au Québec 10, n.º 1 (7 de junio de 2006): 36–45. http://dx.doi.org/10.7202/030266ar.

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Résumé La présence d'un enfant handicapé provoque des changements profonds dans une famille et peut être une source de tensions et de stress. Pour les parents, la situation se traduit soit par une croissance personnelle, soit par une insatisfaction ou une inadaptation, pouvant influencer leur vie personnelle, conjugale, familiale et sociale. La naissance de l'enfant handicapé déclenche chez les parents toute une série d'émotions, de sentiments, de comportements et d'attitudes. Les parents sont placés dans une situation complexe et irrévocable. Ils doivent s'y adapter, s'organiser pour offrir des conditions favorables au développement de l'enfant, tout en tentant de préserver leur intégrité personnelle et familiale. Cet article présente les différentes étapes du cheminement des parents. Il décrit également les sentiments éprouvés et les besoins ressentis par les frères et les soeurs de l'enfant handicapé; il souligne le rôle déterminant des parents à leur égard. Dans de telles situations, les professionnels doivent saisir adéquatement la dynamique familiale pour aider les parents à offrir à l'enfant handicapé un milieu stimulant. Chaque année, quelques milliers d'enfants québécois voient le jour avec un handicap mental ou physique. Environ 5,5% des enfants naissent avec différents degrés de déficiences, de malformations ou souffrent de maladies congénitales. Il ne s'agit là que d'une estimation sommaire car aucune étude épidémiologique n'est actuellement en mesure de nous offrir des données précises à ce sujet pour le Québec et le Canada. Ces enfants sont à la fois semblables et différents des autres enfants. Leur naissance soulève des questions existentielles. Elle donne lieu à des controverses telles: l'euthanasie, l'acharnement thérapeutique. Elle entraîne des débats sur la stimulation précoce, la responsabilité et la participation parentales, l'intégration familiale, scolaire ou sociale. Dans notre société, ces enfants ont été longtemps cachés. Souvent, leur famille avait honte d'eux et refusait d'en parler. Dans bien des cas, on les plaçait en institution et on les oubliait même, parfois... Au cours des quinze dernières années, un mouvement valorisant le respect des droits des personnes handicapées et leur intégration maximale à la famille et à la société, a contribué à changer les mentalités, les attitudes et les comportements à leur endroit. Au début des années 70, on assiste à un virage: on tente de favoriser au maximum le maintien en milieu familial plutôt que le recours aux ressources institutionnelles. Selon les tenants de la nouvelle politique, tout jeune enfant handicapé ou non, a besoin de ses parents pour l'aimer, le valoriser et le guider.
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Le Coq, Aurélien. "La trajectoire des Guigues d'Albon : Réseaux et lieux de pouvoir, Xe - XIIe siècle". Florilegium 29, n.º 1 (enero de 2012): 201–27. http://dx.doi.org/10.3138/flor.29.008.

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Le délitement des institutions carolingiennes au Xe siècle provoque une recomposition des élites et permet l’émergence — principalement à une échelle locale — de nouveaux lignages s’appuyant notamment sur un réseau castral en plein essor. Le royaume rodolphien de Bourgogne offre un environnement favorable à ces mutations des structures d’encadrement puisqu’une vacance réelle du pouvoir est actée à partir de 1032. En effet, à cette date, le royaume va à l’empereur Germanique qui n’exerce qu’une autorité lointaine. Quelques familles vont combler le vide laissé par la figure royale, parmi lesquelles les Guigues d’Albon, famille châtelaine qui apparaît dans le sud de Vienne. Si les étapes majeures de leur stratégie ont été dessinées par l’historiographie, il s’agit essentiellement d’une analyse classique de la puissance politique d’un lignage. Les travaux sur l’émergence de ces familles châtelaines souffrent de la relative absence des apports de l’analyse de la dimension spatiale du dominium. Nous avons ainsi connaissance des grandes étapes de l’ascension des Guigues : le titre de comte, le rôle de l’épiscopat, la transition qu’ils ont assurée après la monarchie rodolphienne, enfin le conflit avec l’évêque grégorien Hugues de Grenoble (1080-1132), des éléments qu’il conviendra de rappeler ou sur lesquels il faudra revenir. Mais comment mesurer leur progression, comment saisir et analyser leur ascension ? La notion de « trajectoire » semble à même de rendre compte, appliquée à la lignée des Guigues, des mutations qui agitent l’espace alpin, du tournant de l’an mil à la mise en place de la principauté du Dauphiné, sur fond de « crise grégorienne ».
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Nyambek Kanga-Mebenga Nnana, Francine. "Socialisations concurrentes et appropriation des héritages historiques par les collégiens français minoritaires et majoritaires". Alterstice 6, n.º 1 (5 de diciembre de 2016): 133–46. http://dx.doi.org/10.7202/1038285ar.

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Considérant l’histoire scolaire comme un lieu de confrontation de discours et savoirs issus d’espaces de socialisation en concurrence (l’école, la famille, les médias), nous nous intéressons au travail d’éducation à la citoyenneté et aux défis que lui posent ces socialisations plurielles. Dans un contexte d’importante médiatisation des débats sur la reconnaissance des mémoires de minorités en France et de leur entrée dans les programmes scolaires du collège en 2008, comment les élèves s’approprient-ils les « questions socialement vives » de l’immigration, la colonisation, et la décolonisation ? En outre, comment s’effectue dans ce contexte l’apprentissage de la citoyenneté et du principe politique qui la fonde dans la tradition scolaire républicaine ? À partir de l’analyse de contenu d’un corpus composé d’une centaine d’entretiens semi-directifs menés entre 2007 et 2010 auprès de collégiens de 3e(fin du premier cycle du secondaire et de la scolarisation obligatoire), nous analysons et mettons en évidence des interprétations contrastées de ces héritages par les élèves majoritaires et les élèves minoritaires, respectivement alimentées par les catégories du débat public et les récits familiaux. Nous montrons, à la suite des travaux relevant de la sociologie des programmes scolaires, que l’apprentissage de la citoyenneté à la lumière de ces héritages historiques résulte de la confrontation des élèves aux discours et savoirs issus des différents espaces auxquels ils prennent part. Mais il est surtout le produit de leur prise de position face à ces héritages historiques, selon leurs expériences sociales et le rôle qu’ils confèrent à ces histoires dans la construction d’une identité et une appartenance communes.
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Ghassan Faeq Hamad. "L’Independence de la femme et le mariage conventionnel dans Candida de George Bernard Shaw". journal of the college of basic education 26, n.º 109 (6 de abril de 2022): 634–46. http://dx.doi.org/10.35950/cbej.v26i109.5450.

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La vie des femmes victorienne dépendait largement de leur classe sociale, de leur profession et de leur statut matrimonial. Selon le livre d’Eleonor Gordon, Vies publiques, c’est une association de femmes avec la maison et la famille qui est cruciale pour son image d’ange dans la maison. C’est ce rôle à la maison qui les a éloignées des pratiques corrompues du monde public. Pendant le règne de la reine Victoria, le rôle d’une femme était celui d’une femme au foyer et d’une mère. La persistance de ces rôles et leur acceptation sociale aliénaient les femmes de la société dans laquelle elles vivaient. Sans un moyen de contribuer activement à la société, les femmes se sentaient inadéquates, inférieures et consumées par des sentiments d’impuissance “ à cause d’une négativité terrible, d’un manque de but dans leurs vies, un manque d’environnement pour développer la personnalité. ”[1]. George Bernard Shaw était un dramaturge qui, pendant plus d’un demi-siècle, a été largement vénéré pour l’originalité et la réalité des personnages qu’il a écrits dans ses pièces. “ Ma méthode est de prendre le maximum de peine pour trouver les bonnes choses à dire, et ensuite de le dire avec la plus grande légèreté ”, a déclaré Shaw, libre penseur et défenseur des droits des femmes. Shaw était un membre de la société Fabian- un groupe socialiste de classe moyenne en Angleterre qui croyait en la transformation de la société non par la révolution, mais par l’invasion de la vie intellectuelle et politique du pays. Shaw dans sa pièce Candida parle de l’indépendance des femmes dans la société victorienne. Le personnage principal est Candida, elle est la femme parfaite du révérend James Mavor Morell et elle est responsable de la plupart de ses succès. Un jeune poète du nom de Marchbanks tombe amoureux de Candida et elle doit décider de partir avec lui ou de rester avec son mari. Le thème principal de cette pièce est l’amour et le mariage victoriens et ce dont la femme a vraiment besoin dans sa vie [1] Calder, Jenni. La Maison Victorienne, londres, Batsford, 1977, p.136.
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Nakhaie, Reza y Barry Adam. "Political Affiliation of Canadian Professors". Canadian Journal of Sociology 33, n.º 4 (28 de septiembre de 2008): 873–98. http://dx.doi.org/10.29173/cjs1036.

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The social role of universities has been subject to a lengthy debate as to whether those who teach in the academy are system legitimizing conservatives or radicals helping to generate critical thinking and challenge to the status quo. Despite this controversy, neoconservatives in the U.S. have used the evidence of professors’ strong support for the Democratic candidates as an indication of universities being dominated by left-leaning radicals. The aim of this paper is to evaluate political affiliations of Canadian university professors, based on a national survey conducted in 2000. The study shows that Canadian professors’ political affiliation can be identified as left and/or right depending on how we conceptualize the political orientation of political parties. Although, university professors tended to vote to the Liberal Party more than other parties, they themselves are more likely to view this party as a centrist party. Moreover, the study highlights a complex and non-monolithic picture of the Canadian academy. University professors are not politically homogenous but that their party vote depends on the prestige of their university, their discipline, gender, ethnicity, marital status, generation and extent of their own liberalism. Résumé. Le rôle social des universités fait depuis longtemps l’objet d’un débat sur l’orientation politique des professeurs : sont-ils des conservateurs qui légitiment le statu quo, ou des radicaux qui aident à créer une pensée critique qui le conteste? Le but du présent article est d’évaluer les affiliations politiques des professeurs canadiens telles qu’elles se dégagent d’un sondage national effectué en 2000. L’étude montre que leur affiliation politique peut être décrite comme de gauche ou de droite, selon la conception qu’on a de l’orientation des partis politiques. Ils votent plus souvent pour les Libéraux que pour d’autres partis, les voyant comme un parti du centre. D’ailleurs, l’étude donne des universités canadiennes un tableau complexe et nullement monolithique. Les professeurs n’ont pas de vues homogènes, ils votent en partie selon le prestige de leur université, leur discipline, leur sexe, leurs antécédents ethniques, leur situation de famille, leur âge et leur attitude envers le libéralisme.
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Palmieri, Joelle. "Crise, Genre et TIC: Recette pour une Schizophrénie Prononcée - L’Exemple de L’Afrique du Sud". tripleC: Communication, Capitalism & Critique. Open Access Journal for a Global Sustainable Information Society 8, n.º 2 (28 de agosto de 2010): 285–309. http://dx.doi.org/10.31269/triplec.v8i2.141.

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A l’heure de la crise économique mondiale, des femmes assument encore plus chaque jour, différemment selon les régions, et en particulier en Afrique du Sud, la responsabilité du rôle de re-production et de production. Elles assurent les soins de la famille au quotidien, en matière de santé, éducation, nutrition, assainissement… Cette responsabilité, invisible, si elle était mise en lumière, notamment via les TIC, défierait un universalisme dominant, notamment en faisant émerger des savoirs ordinaires, non savants. Pourtant, cette option ne semble pas encore à l’ordre du jour, bien au contraire. Les organisations de femmes nouent avec la société portée et accélérée par la communication et l’information, une relation de subordination, par fatalisme ou ignorance. Aussi, développer des formes de citoyenneté directe, en adéquation avec une définition corrigée de la démocratie, engage à interroger l’hypothèse d’une triangulaire politique, économique et informationnelle, ancrée dans l’articulation des sphères privée et publique. With the global economic crisis, women still assume the brunt of the responsibility for re-production and production,differently in different regions, and in particular in South Africa. They daily provide care for the family, including health,education, nutrition, and sanitation. This invisible responsibility, if it were brought to light, thanks, in particular, to ICT, wouldchallenge a dominant universalism, by highlighting common, every day and not scientific, knowledge. However, this optionis not yet on the horizon; quite the contrary: women's organizations, whether out of fatalism or ignorance, establish relations of subordination with the society supported by and accelerated through communication and information. Developing forms of direct citizenship, in line with a revised definition of democracy, questions the hypothesis of a political, economic andinformational triangular, which is rooted in the intersection of private and public spheres.
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Palmieri, Joelle. "Crise, Genre et TIC: Recette pour une Schizophrénie Prononcée - L’Exemple de L’Afrique du Sud". tripleC: Communication, Capitalism & Critique. Open Access Journal for a Global Sustainable Information Society 8, n.º 2 (28 de agosto de 2010): 285–309. http://dx.doi.org/10.31269/vol8iss2pp285-309.

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A l’heure de la crise économique mondiale, des femmes assument encore plus chaque jour, différemment selon les régions, et en particulier en Afrique du Sud, la responsabilité du rôle de re-production et de production. Elles assurent les soins de la famille au quotidien, en matière de santé, éducation, nutrition, assainissement… Cette responsabilité, invisible, si elle était mise en lumière, notamment via les TIC, défierait un universalisme dominant, notamment en faisant émerger des savoirs ordinaires, non savants. Pourtant, cette option ne semble pas encore à l’ordre du jour, bien au contraire. Les organisations de femmes nouent avec la société portée et accélérée par la communication et l’information, une relation de subordination, par fatalisme ou ignorance. Aussi, développer des formes de citoyenneté directe, en adéquation avec une définition corrigée de la démocratie, engage à interroger l’hypothèse d’une triangulaire politique, économique et informationnelle, ancrée dans l’articulation des sphères privée et publique. With the global economic crisis, women still assume the brunt of the responsibility for re-production and production,differently in different regions, and in particular in South Africa. They daily provide care for the family, including health,education, nutrition, and sanitation. This invisible responsibility, if it were brought to light, thanks, in particular, to ICT, wouldchallenge a dominant universalism, by highlighting common, every day and not scientific, knowledge. However, this optionis not yet on the horizon; quite the contrary: women's organizations, whether out of fatalism or ignorance, establish relations of subordination with the society supported by and accelerated through communication and information. Developing forms of direct citizenship, in line with a revised definition of democracy, questions the hypothesis of a political, economic andinformational triangular, which is rooted in the intersection of private and public spheres.
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Charest, Éric. "Agnès Barrère-Maurisson et Diane-Gabrielle Tremblay (dir.), Concilier travail et famille : le rôle des acteurs France-Québec. Collection « Études d’économie politique », Québec, Presses de l’Université du Québec (PUQ), 2009, 456 p." Recherches féministes 23, n.º 1 (2010): 168. http://dx.doi.org/10.7202/044428ar.

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Bland, Alexandra, Anna de Waal y Stefan Grzybowski. "Lessons learned from the COVID-19 pandemic: The importance of physician leadership in responding to rural community ecosystem disruptions". Canadian Journal of Rural Medicine 29, n.º 2 (abril de 2024): 71–79. http://dx.doi.org/10.4103/cjrm.cjrm_27_23.

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Abstract Introduction: The COVID-19 pandemic presented an unprecedented challenge for rural family physicians. The lessons learned over the course of 2 years have potential to help guide responses to future ecosystem disruption. This qualitative study aims to explore the leadership experiences of rural Canadian family physicians during the COVID-19 pandemic as both local care providers and community health leaders and to identify potential supports and barriers to physician leadership. Methods: Semi-structured, virtual, qualitative interviews were completed with participants from rural communities in Canada from December 2021 to February 2022 inclusive. Participant recruitment involved identifying seed contacts and conducting snowball sampling. Participants were asked about their experiences during the COVID-19 pandemic, including the role of physician leadership in building community resilience. Data collection was completed on theoretical saturation. Data were thematically analysed using NVivo 12. Results: Sixty-four participants took part from 22 rural communities in 4 provinces. Four key factors were identified that supported physician leadership towards rural resilience during ecosystem disruption: (1) continuity of care, (2) team-based care models, (3) physician well-being and (4) openness to innovative care models. Conclusion: Healthcare policy and practice transformation should prioritise developing opportunities to strengthen physician leadership, particularly in rural areas that will be adversely affected by ecosystem disruption. Introduction: La pandémie de COVID-19 a représenté un défi sans précédent pour les médecins de famille en milieu rural. Les leçons tirées au cours des deux années écoulées peuvent aider à orienter les réponses aux futures perturbations de l’écosystème. Cette étude qualitative vise à explorer les expériences de leadership des médecins de famille ruraux canadiens pendant la pandémie de COVID-19, en tant que prestataires de soins locaux et chefs de file de la santé communautaire, et à identifier les soutiens et les obstacles potentiels au leadership des médecins. Méthodes: Des entretiens qualitatifs virtuels semi-structurés ont été réalisés avec des participants issus de communautés rurales du Canada entre décembre 2021 et février 2022 inclus. Le recrutement des participants a consisté à identifier des contacts de base et à procéder à un échantillonnage boule de neige. Les participants ont été interrogés sur leurs expériences durant la pandémie de COVID-19, notamment sur le rôle du leadership des médecins dans le renforcement de la résilience des communautés. La collecte des données s’est achevée après saturation théorique. Les données ont été analysées thématiquement à l’aide de NVivo 12. Résultats: Soixante-quatre participants provenant de 22 communautés rurales de quatre provinces ont pris part à l’étude. Quatre facteurs clés ont été identifiés pour soutenir le leadership des médecins en faveur de la résilience rurale en cas de perturbation de l’écosystème: (1) la continuité des soins, (2) les modèles de soins en équipe, (3) le bien-être des médecins et (4) l’ouverture à des modèles de soins novateurs. Conclusion: La politique de santé et la transformation des pratiques devraient donner la priorité au développement d’opportunités pour renforcer le leadership des médecins, en particulier dans les zones rurales qui seront négativement affectées par la perturbation de l’écosystème.
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Weinstock, Daniel M. "Une philosophie politique de l’école". 36, n.º 2 (20 de marzo de 2009): 31–46. http://dx.doi.org/10.7202/029478ar.

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Résumé Le présent article propose une réflexion sur l’école à partir du point de vue de la philosophie politique. L’auteur s’attache à montrer que cette institution sociale, qui exerce une autorité et un pouvoir sur les enfants, doit s’interroger sur sa légitimité publique et politique. À partir de deux modèles d’écoles qu’il décrit et critique, l’école familiale et l’école citoyenne, il récuse l’hégémonie que la famille et l’État peuvent exercer sur les jeunes par l’entremise de l’école en prônant leur projet respectif de pérennisation culturelle ou de formation d’un modèle de citoyen unique. Même s’il ne nie pas le rôle important qu’elles jouent dans la société, l’auteur est d’avis que ces institutions éducatives peuvent empêcher les jeunes de réaliser leurs intérêts et leurs idéaux personnels. Il propose un modèle d’école qui s’attache au développement de l’autonomie individuelle, ce qui n’est pas incompatible avec les valeurs de liberté et de démocratie. Le lien social découlerait plus d’une relation de confiance entre les personnes que d’identité ou de partage de valeurs communes, l’école se devant de créer un milieu de vie favorable au développement de cette confiance.
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Banerjee, Swapna M. y Anna T. Dow. "À travers les âges de la vie : Rabindranath Tagore – fils, père et éducateur (1861-1941)". Enfances, Familles, Générations, n.º 27 (31 de agosto de 2017). http://dx.doi.org/10.7202/1045075ar.

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Cadre de la recherche :Cet essai présente Rabindranath Tagore (1861-1941), « l’homme d’esprits innombrables » de l’Inde coloniale, à travers ses « âges de vie » – l’âge du fils, celui du père, celui de l’éducateur – et sa conception d’une éducation et d’une masculinité alternatives. La critique de Tagore de l’éducation coloniale, ses expériences auprès d’institutions, et son curriculum où les arts et l’esthétique morale primaient sur le nationalisme musclé défiaient la culture masculine dominante. Son paternalisme saisissait une « virilité » qui plaçait la subsistance morale et spirituelle au-dessus de toute considération économique ou politique.Objectifs : En étudiant Rabindranath Tagore, figure iconique de la modernité indienne, l’essai montre la relation entremêlée de sa réalité domestique avec son engagement public dans la justice sociale et l’éducation.Méthodologie : L’article déploie la méthode de l’analyse textuelle contextualisée et examine une variété de sources littéraires – narrations personnelles, correspondance, conférences, essais.Résultats : En mettant au premier plan l’importance pour Tagore de la famille, de par ses capacités habilitantes et restrictives, l’essai considère les liens entre la vie familiale du philosophe et la compréhension bengali de l’âge, du genre et de la classe à la fin de l’ère coloniale.Conclusions : L’essai affirme que la position de Tagore en tant que père biologique et le transfert de son souci affectif sur un groupe plus large d’enfants, auquel il a inculqué un nouveau sens de la liberté, étaient modulés par un sens alternatif de la masculinité.Contribution : L’essai contribue à notre compréhension du fait que dans un contexte socioculturel et politicoéconomique précis, le rôle des « pères », biologiques et métaphoriques, a atteint une signification accrue en Inde coloniale. Tagore a articulé une masculinité à travers une éducation réformée et laïque. L’observation de la vie de penseurs influents comme Tagore remet en cause la séparation entre privé et public, et fait ressortir la centralité de la sphère domestique dans la politique nationaliste indienne.
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Pascual, Fanny Cécile. "Le Musée du bagne en Nouvelle-Calédonie et ses constructions identitaires / The Penal Colony Museum in New Caledonia and its Identity Constructions". PORTAL Journal of Multidisciplinary International Studies 14, n.º 2 (5 de octubre de 2017). http://dx.doi.org/10.5130/portal.v14i2.5335.

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In the South Pacific, New Caledonia and Australia were penal colonies during the 19th century. Analysing the discourse surrouding two museums based on these convict periods (Hyde Park Barracks in Sydney and the project for a museum in Noumea), will shed light on the difficulties of facing this violent past. Even if these two countries and their histories are different, they have a common aim to accept this part of their genealogies. After having been taboo, having criminal ancestors is now a pride; exile is no more seen as an expulsion from the English or French motherland, but has become a pioneer adventure. Suppressing some aspects of this colonisation and downplaying the participation or the interactions of convicts or bagnards with other communities helps to build this memory. We must also keep in mind that museums have a political role. In New Caledonia, it is obvious that the self-determination process between 2014 and 2018 has influenced the project of the museum in Nouville: having a convict in the family will prove your belonging to the land and could justify voting rights for the 2018 referendum. These museums accordingly do not only deal with history, but influence the future. Au XIXème siècle, la Nouvelle-Calédonie et l'Australie étaient des colonies pénitentiaires dans le Pacifique Sud. L’analyse du discours muséal des deux musées (Hyde Park Barracks à Sydney et le projet pour un musée du bagne à Nouméa) se base sur la période pénitentiaire pour mettre en lumière les difficultés que l’on peut avoir à affronter son passé de violence. Même si ces deux pays ont une histoire différente, le but commun est d'accepter cette partie de leur généalogie. Après avoir été tabou, avoir des ancêtres criminels est maintenant une source de fierté; l'exil n'est plus considéré comme une expulsion de la patrie britannique ou française, mais plutôt comme une aventure de pionniers. Ceci entraîne un déni d'autres aspects de la colonisation et réduit la participation ou les interactions entre communautés dans la construction de l’histoire mémorielle. Nous devons également garder à l'esprit que les musées jouent un rôle politique. En Nouvelle-Calédonie, il est évident que le processus d'autodétermination prévu entre 2014-2018 a influencé le projet du musée à Nouville. Un bagnard dans la famille prouvera votre ancrage dans cette terre et pourrait justifier votre droit de vote dans le référendum. Ces musées n’évoquent pas seulement l'histoire mais préparent aussi l’avenir.
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Cortado, Thomas Jacques. "Maison". Anthropen, 2020. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.131.

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Le champ sémantique de la maison imprègne nos perceptions individuelles et collectives du monde comme peu d’autres. Il suffit de songer à la distinction très marquée entre house et home en anglais, si difficile à retranscrire dans nos langues latines, ou encore aux usages politiques de l’expression « chez nous » en français. Ce champ renvoie à des lieux souvent riches d’affects, de mémoires et de désirs, qui nous définissent en propre et orientent nos perceptions du temps et de l’espace. Ils font d’ailleurs la matière des poètes, peintres et autres artistes. À cet égard, lorsque nous perdons notre maison, nous ne nous retrouvons pas seulement privés d’un bien utile et échangeable, d’un « logement », nous voyons aussi s’effacer une partie de nous-mêmes et le centre à partir duquel s’organise notre existence quotidienne. En dépit de sa densité, les anthropologues ont d’abord rabattu le thème de la maison sur ceux de la famille et de la culture matérielle. Pour Lewis H. Morgan, la forme de l’espace domestique ne fait qu’épouser un certain type d’organisation familiale; elle en est, pour ainsi dire, le révélateur (1877). À la « hutte » des « sauvages » correspond donc la famille consanguine, qui autorise le mariage entre cousins, alors qu’à la « maison commune » des « barbares » correspond la famille patriarcale, autoritaire et polygame. Les « maisons unifamiliales » de l’Occident contemporain renvoient à la famille nucléaire, fondement de la « civilisation ». Quant aux anthropologues davantage intéressés par l’architecture et les artefacts domestiques, leurs analyses consistent souvent à expliquer leur genèse en accord avec une vision évolutionniste du progrès technique ou par des facteurs géographiques. On aurait pu s’attendre à ce que l’invention de l’ethnographie par Bronislaw Malinowski ouvre de nouvelles perspectives. Avec elle, c’est en effet un certain rapport à la maison qui se met à définir le métier d’anthropologue, celui-là même qu’exemplifie la célèbre représentation de ce dernier sous sa tente, immortalisée dans la première planche photographique des Argonautes du Pacifique occidental. Pour autant, la maison reste un objet secondaire par rapport à l’organisation de la vie familiale, le vrai principe de la société. Elle est avant tout le lieu où le couple choisit de résider après le mariage et ce choix se plie à certaines « règles », dont on peut assez facilement faire l’inventaire, grâce aux liens de filiation entre les membres du couple et les autres résidents (Murdock 1949). On parlera, par exemple, de résidence « matrilocale » quand le couple emménage chez les parents de l’épouse, « patrilocale » dans le cas inverse. Quant aux sociétés occidentales, où le couple forme habituellement un nouveau ménage, on parlera de résidence « néolocale ». La critique de ces règles permet, dans les années 1950 et 1960, d’étendre la réflexion sur la maison. Face aux difficultés concrètes que pose leur identification, Ward Goodenough suggère d’abandonner les taxinomies qui « n’existent que dans la tête des anthropologues » et de « déterminer quels sont, de fait, les choix résidentiels que les membres de la société étudiée peuvent faire au sein de leur milieu socioculturel particulier » (1956 : 29). Autrement dit, plutôt que de partir d’un inventaire théorique, il faut commencer par l’étude des catégories natives impliquées dans les choix résidentiels. La seconde critique est de Meyer Fortes, qui formule le concept de « groupe domestique », « unité qui contrôle et assure l’entretien de la maison (householding and housekeeping unit), organisée de façon à offrir à ses membres les ressources matérielles et culturelles nécessaires à leur conservation et à leur éducation » (1962 : 8). Le groupe domestique, à l’instar des organismes vivants, connaît un « cycle de développement ». En Europe du sud, par exemple, les enfants quittent le domicile parental lorsqu’ils se marient, mais y reviennent en cas de rupture conjugale ou de chômage prolongé ; âgés, les parents souvent cherchent à habiter près de leurs enfants. En conséquence, « les modèles de résidence sont la cristallisation, à un moment donné, d’un processus de développement » (Fortes 1962 : 5), et non l’application statique de règles abstraites. La maison n’est donc pas seulement le lieu où réside la famille, elle est nécessaire à l’accomplissement de tâches indispensables à la reproduction physique et morale des individus, telles que manger, dormir ou assurer l’éducation des nouvelles générations (Bender 1967). Cette conception du groupe domestique rejoint celle qu’avait formulée Frédéric Le Play un siècle auparavant : pour l’ingénieur français, il fallait placer la maison au centre de l’organisation familiale, par la défense de l’autorité paternelle et la transmission de la propriété à un héritier unique, de façon à garantir la stabilité de l’ordre social (1864). Elle exerce de fait une influence considérable sur les historiens de la famille, en particulier ceux du Cambridge Group for the History of Population and Social Structure, dirigé par Peter Laslett (1972), et sur les anthropologues (Netting, Wilk & Arnould 1984), notamment les marxistes (Sahlins 1976). En Amérique latine, de nombreuses enquêtes menées dans les années 1960 et 1970 mettent en évidence l’importance des réseaux d’entraide, attirant ainsi l’attention sur le rôle essentiel du voisinage (Lewis 1959, Lomnitz 1975). La recherche féministe explore quant à elle le caractère genré de la répartition des tâches au sein du groupe domestique, que recoupe souvent la distinction entre le public et le privé : à la « maîtresse de maison » en charge des tâches ménagères s’oppose le « chef de famille » qui apporte le pain quotidien (Yanagisako 1979). Un tel découpage contribue à invisibiliser le travail féminin (di Leonardo 1987). On remarquera néanmoins que la théorie du groupe domestique pense la maison à partir de fonctions établies par avance : ce sont elles qui orientent l’intérêt des anthropologues, plus que la maison en elle-même. C’est à Claude Lévi-Strauss que l’on doit la tentative la plus systématique de penser la maison comme un principe producteur de la société (1984 ; 2004). Celui-ci prend pour point de départ l’organisation sociale de l’aristocratie kwakiutl (Amérique du Nord), telle qu’elle avait été étudiée par Franz Boas : parce qu’elle présentait des traits à la fois matrilinéaires et patrilinéaires, parce qu’elle ne respectait pas toujours le principe d’exogamie, celle-ci défiait les théories classiques de la parenté. Lévi-Strauss propose de résoudre le problème en substituant le groupe d’unifiliation, tenu pour être au fondement des sociétés dites traditionnelles, par celui de « maison », au sens où l’on parlait de « maison noble » au Moyen Âge. La maison désigne ainsi une « personne morale détentrice d’un domaine, qui se perpétue par transmission de son nom, de sa fortune et de ses titres en ligne réelle ou fictive » (Lévi-Strauss 1984 : 190). Plus que les règles de parenté, ce sont les « rapports de pouvoir » entre ces « personnes morales » qui déterminent les formes du mariage et de la filiation : celles-ci peuvent donc varier en accord avec les équilibres politiques. Lévi-Strauss va ensuite généraliser son analyse à un vaste ensemble de sociétés apparemment cognatiques, qu’il baptise « sociétés à maison ». Celles-ci se situeraient dans une phase intermédiaire de l’évolution historique, « dans un état de la structure où les intérêts politiques et économiques tend[ent] à envahir le champ social » (Lévi-Strauss 1984 : 190). Très discuté par les spécialistes des sociétés concernées, ce modèle a eu la grande vertu de libérer l’imagination des anthropologues. Critiquant son évolutionnisme sous-jacent, Janet Carsten et Stephen Hugh-Jones (1995) proposent toutefois d’approfondir la démarche de Lévi-Strauss, en considérant la maison comme un véritable « fait social total ». L’architecture, par exemple, ne relève pas que d’une anthropologie des techniques : celle de la maison kabyle, analysée par Pierre Bourdieu, met en évidence un « microcosme organisé selon les mêmes oppositions et mêmes homologies qui ordonnent tout l’univers » (1972 : 71), un parallélisme que l’on retrouve dans de nombreux autres contextes socioculturels (Hamberger 2010). Fondamentalement, la maison relève d’une anthropologie du corps. Dans son enquête sur la parenté en Malaisie, Carsten souligne le rôle joué par la cuisine ou le foyer, en permettant la circulation des substances qui assurent la production et la reproduction des corps (alimentation, lait maternel, sang) et leur mise en relation, ce que Carsten appelle la « relationalité » (relatedness) (1995). Fait dynamique plutôt que statique, la maison nous met directement au contact des processus qui forment et reforment nos relations et notre personne : son étude permet donc de dépasser la critique culturaliste des travaux sur la parenté; elle nous montre la parenté en train de se faire. Il convient aussi de ne pas réduire la maison à ses murs : celle-ci le plus souvent existe au sein d’un réseau. Les enquêtes menées par Émile Lebris et ses collègues sur l’organisation de l’espace dans les villes d’Afrique francophone proposent ainsi le concept de « système résidentiel » pour désigner « un ensemble articulé de lieux de résidences (unités d’habitation) des membres d’une famille étendue ou élargie » (Le Bris 1985 : 25). Ils distinguent notamment entre les systèmes « centripètes », « de concentration en un même lieu d’un segment de lignage, d’une famille élargie ou composée » et les systèmes « centrifuges », de « segmentation d’un groupe familial dont les fragments s’installent en plusieurs unités résidentielles plus ou moins proches les unes des autres, mais qui tissent entre elles des liens étroits » (Le Bris 1985 : 25). Examinant les projets et réseaux que mobilise la construction d’une maison dans les quartiers noirs de la Bahia au Brésil, les circulations quotidiennes de personnes et d’objets entre unités domestiques ainsi que les rituels et fêtes de famille, Louis Marcelin en déduit lui aussi que la maison « n’est pas une entité isolée, repliée sur elle-même. La maison n’existe que dans le contexte d’un réseau d’unités domestiques. Elle est pensée et vécue en interrelation avec d’autres maisons qui participent à sa construction – au sens symbolique et concret. Elle fait partie d’une configuration » (Marcelin 1999 : 37). À la différence de Lebris, toutefois, Marcelin part des expériences individuelles et des catégories socioculturelles propres à la société étudiée : une « maison », c’est avant tout ce que les personnes identifient comme tel, et qui ne correspond pas nécessairement à l’image idéale que l’on se fait de cette dernière en Occident. « La configuration de maisons rend compte d’un espace aux frontières paradoxalement floues (pour l'observateur) et nettes (pour les agents) dans lequel se déroule un processus perpétuel de création et de recréation de liens (réseaux) de coopération et d'échange entre des entités autonomes (les maisons) » (Marcelin 1996 : 133). La découverte de ces configurations a ouvert un champ de recherche actuellement des plus dynamiques, « la nouvelle anthropologie de la maison » (Cortado à paraître). Cette « nouvelle anthropologie » montre notamment que les configurations de maisons ne sont pas l’apanage des pauvres, puisqu’elles organisent aussi le quotidien des élites, que ce soit dans les quartiers bourgeois de Porto au Portugal (Pina-Cabral 2014) ou ceux de Santiago au Chili (Araos 2016) – elles ne sont donc pas réductibles à de simples « stratégies de survie ». Quoiqu’elles se construisent souvent à l’échelle d’une parcelle ou d’un quartier (Cortado 2019), ces configurations peuvent très bien se déployer à un niveau transnational, comme c’est le cas au sein de la diaspora haïtienne (Handerson à paraître) ou parmi les noirs marrons qui habitent à la frontière entre la Guyane et le Suriname (Léobal 2019). Ces configurations prennent toutefois des formes très différentes, en accord avec les règles de filiation, bien sûr (Pina-Cabral 2014), mais aussi les pratiques religieuses (Dalmaso 2018), le droit à la propriété (Márquez 2014) ou l’organisation politique locale – la fidélité au chef, par exemple, est au fondement de ce que David Webster appelle les « vicinalités » (vicinality), ces regroupements de maisons qu’il a pu observer chez les Chopes au sud du Mozambique (Webster 2009). Des configurations surgissent même en l’absence de liens familiaux, sur la base de l’entraide locale, par exemple (Motta 2013). Enfin, il convient de souligner que de telles configurations ne sont pas, loin de là, harmonieuses, mais qu’elles sont généralement traversées de conflits plus ou moins ouverts. Dans la Bahia, les configurations de maisons, dit Marcelin, mettent en jeu une « structure de tension entre hiérarchie et autonomie, entre collectivisme et individualisme » (Marcelin 1999 : 38). En tant que « fait social total », dynamique et relationnel, l’anthropologie de la maison ne saurait pourtant se restreindre à celle de l’organisation familiale. L’étude des matérialités domestiques (architecture, mobilier, décoration) nous permet par exemple d’accéder aux dimensions esthétiques, narratives et politiques de grands processus historiques, que ce soit la formation de la classe moyenne en Occident (Miller 2001) ou la consolidation des bidonvilles dans le Sud global (Cavalcanti 2012). Elle nous invite à penser différents degrés de la maison, de la tente dans les camps de réfugiés ou de travailleurs immigrés à la maison en dur (Abourahme 2014, Guedes 2017), en passant par la maison mobile (Leivestad 2018) : pas tout à fait des maisons, ces formes d’habitat n’en continuent pas moins de se définir par rapport à une certaine « idée de la maison » (Douglas 1991). La maison relève aussi d’une anthropologie de la politique. En effet, la maison est une construction idéologique, l’objet de discours politiquement orientés qui visent, par exemple, à assoir l’autorité du père sur la famille (Sabbean 1990) ou à « moraliser » les classes laborieuses (Rabinow 1995). Elle est également la cible et le socle des nombreuses technologiques politiques qui organisent notre quotidien : la « gouvernementalisation » des sociétés contemporaines se confond en partie avec la pénétration du foyer par les appareils de pouvoir (Foucault 2004); la « pacification » des populations indigènes passe bien souvent par leur sédentarisation (Comaroff & Comaroff 1992). Enfin, la maison relève d’une anthropologie de l’économie. La production domestique constitue bien sûr un objet de première importance, qui bénéficie aujourd’hui d’un regain d’intérêt. Florence Weber et Sybille Gollac parlent ainsi de « maisonnée » pour désigner les collectifs de travail domestique fondés sur l’attachement à une maison – par exemple, un groupe de frères et sœurs qui s’occupent ensemble d’un parent âgé ou qui œuvrent à la préservation de la maison familiale (Weber 2002, Gollac 2003). Dans la tradition du substantialisme, d’autres anthropologues partent aujourd’hui de la maison pour analyser notre rapport concret à l’économie, la circulation des flux monétaires, par exemple, et ainsi critiquer les représentations dominantes, notamment celles qui conçoivent l’économie comme un champ autonome et séparé (Gudeman et Riviera 1990; Motta 2013) – il ne faut pas oublier que le grec oikonomia désignait à l’origine le bon gouvernement de la maison, une conception qui aujourd’hui encore organise les pratiques quotidiennes (De l’Estoile 2014). Cycles de vie, organisation du travail domestique, formes de domination, identités de genre, solidarités locales, rituels et cosmovisions, techniques et production du corps, circulation des objets et des personnes, droits de propriété, appropriations de l’espace, perceptions du temps, idéologies, technologies politiques, flux monétaires… Le thème de la maison s’avère d’une formidable richesse empirique et théorique, et par-là même une porte d’entrée privilégiée à de nombreuses questions qui préoccupent l’anthropologie contemporaine.
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Safar, Jihan. "Écrire l’esclavage au féminin : une étude du roman contemporain omanais". Esclavages & Post-esclavages 9 (2024). http://dx.doi.org/10.4000/11o9q.

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Cet article traite de l’esclavage et du genre dans la fiction contemporaine omanaise écrite par des femmes. Face au vide historiographique et anthropologique sur l’esclavage légal dans la péninsule Arabique, la littérature nourrie par la mémoire permet d’aborder cette question. Elle rend visible des subjectivités d’esclavisé·es ou de leurs descendant·es absentes des récits dominants. Dépassant les polémiques sur l’usage de la production littéraire dans les sciences sociales, l’article considère la littérature comme un point d’entrée anthropologique, politique et économique apte à éclairer les situations concrètes de l’esclavage et du post-esclavage dans la société contemporaine omanaise. Il souligne tout particulièrement les tensions entre l’écriture mémorielle de l’esclavage et les positions de pouvoir et de genre des écrivaines. Il analyse ainsi une double subjectivité : celle des protagonistes femmes dans le roman et celle des romancières. Deux principaux romans omanais examinent l’esclavage dans la sphère intime et privée de la famille, du mariage et de la sexualité : Sayyidāt al Qamar (Les Corps célestes) de Jokha Alharthi et Al ashyā’ layssat fi amākiniha (Things are not in their place) de Huda Hamed (Al Jahouri). Le premier roman aborde frontalement l’esclavage et la traite omanaise qui s’étendait des côtes d’Afrique orientale jusqu’au Baloutchistan ; la concubine Zarifa étant l’un des principaux personnages. Le second roman raconte l’évitement matrimonial entre Amal, une baysara (métissée) et Mohsin, un « Arabe » issu d’une tribu « noble » et « pure ». Dans les deux romans, la question de la race, du genre et de l’origine généalogique s’inscrit au cœur des pratiques matrimoniales, sexuelles et familiales.L’article s’appuie sur une enquête de terrain menée au sultanat d’Oman en février 2023. Des entretiens en langue arabe ont été conduits avec les deux romancières Jokha Alharthi et Huda Hamed, afin de recueillir leurs discours et leurs perceptions sur le passé colonial, sur l’esclavage et son héritage, sur le rôle de la littérature, sur la réception de leur œuvre par le public local et international ainsi que sur les sources utilisées dans leur production littéraire. D’autres entretiens ont été menés avec des personnalités littéraires, académiques, et des représentants officiels.Dans la première partie de cet article, le roman contemporain est traité comme un matériau permettant de saisir les transformations sociétales dans le sultanat d’Oman en contexte d’esclavage et de post-esclavage, dans une perspective intersectionnelle. En premier lieu, cette partie met en lumière les multiples formes de domination au sein de l’institution du concubinage, soulignant la notion de propriété légale de l’esclave (milk) dans la loi musulmane. Elle montre le cycle de violences sexuelles exercées sur le corps de l’esclave-femme ainsi que les relations complexes entre maître et concubine où se mêlent abus, affection et domination. Elle témoigne aussi des relations prohibées entre la maîtresse et son esclave. Cette première partie indique également comment le roman permet d’évoquer les expériences de genre différenciées parmi les esclaves eux-mêmes, entre les esclaves né·es dans la maison du maître et les esclaves capturé·es qui se remémorent le « voyage ». Une telle distinction informe sur le sentiment d’appartenance à la nation : la loyauté nationale semble plus forte parmi les esclaves né·es dans la maison du maître, notamment les femmes, qu’au sein de la génération capturée, surtout masculine, bien plus rebelle. Le roman contemporain omanais donne l’opportunité, en troisième lieu, de décrire les pratiques post-esclavagistes au sein du mariage, un lieu de reproduction des hiérarchies sociales et raciales. Il évoque le thème des évitements matrimoniaux qui exprime des subjectivités féminines où s’entrecroisent race, genre et lignée. Prenant le cas des bayāsir (métissé.es), le roman omanais révèle que la discrimination ne relève pas de la couleur de peau mais de la généalogie. Si ces romans rendent visibles des trajectoires et des expériences d’esclavisé·es, le positionnement des romancières peut sembler paternaliste, les femmes noires étant souvent associées aux stéréotypes liés à la prostitution et à l’impossibilité pour elles de former une famille stable.La deuxième partie de l’article aborde les modes de narration, les positionnements des romancières omanaises, et la réception controversée de l’œuvre littéraire évoquant l’esclavage. Elle traite des subjectivités et des sources utilisées par les romancières. La place attribuée à l’histoire orale et aux archives dans la construction romanesque est centrale dans l’écriture féminine et mémorielle sur l’esclavage. Des subjectivités racialisées sont également évoquées. À l’inverse des black feminists afro-américaines qui ont écrit des neo-slave narratives, les romancières omanaises ne sont pas issues de communautés afro-arabes descendantes d’esclaves ; elles appartiennent à la classe dominante et « blanche ». Si ces romancières sont accusées de faire le jeu du colonialisme, on leur reproche également d’être son relais. Des attaques féroces ont fusé après l’attribution de prix littéraires (comme celui du Man Booker International Prize 2019 pour Sayyidāt al Qamar de Jokha Alharthi) et la traduction de leur œuvre. Pour les « conservateurs », ces romans montraient les Omanais sous l’angle des colonisateurs ou des esclavagistes. Ainsi, la traduction de ces œuvres a produit des discours locaux autour de l’esclavage et a soulevé de nombreuses polémiques à propos de la mémoire coloniale. Cette fictionnalité vient combler un silence institutionnel, les autorités évitant d’engager un débat national sur l’esclavage qui pourrait nuire à l’image internationale du pays. Au-delà d’un récit national homogène, la fiction contemporaine, essentiellement écrite par des femmes, permet donc de rendre visible l’esclavage dans la péninsule Arabique. Dépassant des visions sur l’esclavage oriental « doux » et « bienveillant », cet article cherche à inscrire celui-ci dans les études sur les histoires globales de l’esclavage.
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Vibert, Stephane. "Individualisme". Anthropen, 2018. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.083.

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Le concept d’individualisme ne se présente pas comme une notion traditionnelle en anthropologie, ainsi que le montre son absence de la plupart des dictionnaires de la discipline. Popularisée dans l’œuvre de Louis Dumont (1966) par son opposition au holisme caractéristique des sociétés « traditionnelles » (dont l’Inde des castes constitue l’exemple paradigmatique), la notion s’avère souvent mal comprise, puisqu’elle semble suggérer une dichotomie binaire là où il est avant tout question de contraste comparatif et d’accentuation entre des variantes socioculturelles de l’humanité. Parfois accusée de reconduire les grands dualismes ethnocentriques propres à la socio-anthropologie classique (tradition/ modernité, communauté/ société, solidarité mécanique/ solidarité organique) qui ne verraient hors de l’Occident que des univers de conformisme, de tribalisme ou de despotisme (Lozerand 2014), l’étude de l’individualisme se présente pourtant, avant tout, comme « une archéologie de la conception occidentale de l’individu » (Flahault dans Lozerand 2014 : 547). En effet, selon Dumont, la conception moderne du monde se caractérise par une « idéologie individualiste », c’est-à-dire un ensemble de représentations et d’idées-valeurs qui s’articule autour de la figure prééminente de l’individu commeprincipe, à distinguer radicalement du « sujet empirique », échantillon indivisible de l’espèce humaine, parlant, pensant et agissant, tel qu’on le rencontre danstoutesles sociétés sous diverses formes. Figure centrale de l’idéal politique et éthique de l’Occident depuis les Lumières, l’individu (considéré comme antérieur à son existence sociale par les doctrines du droit naturel moderne) n’en reste pas moins pour la discipline anthropologique une « institution » (Mauss 1967 : 150), au sens où il doit nécessairement s’ancrer dans un monde social et culturel qui lui donne signification et consistance. En définissant la modernité comme individualiste là où « l’individu est érigé envaleursuprême », Dumont n’utilise pas le terme dans un sens péjoratif (égoïsme) ou laudatif (autonomie) mais, dans le sillage de Tocqueville, comme l’affirmationsocialed’une valeur. Ce sont les sociétés qui sont individualistes, et non d’abord les individus eux-mêmes. Dans sa prétention à fonder la société à partir d’une juxtaposition d’individus rationnels et originellement déliés, la configuration individualiste propre à la modernité néglige, ou tout du moins subordonne, le trait consubstantiel à toute existence sociale, trait défini comme « holisme » ou « aperception sociologique » : la « présence du social dans l’esprit de chaque homme », qui emporte comme corollaire que « la perception de nous-même comme individu n’est pas innée mais apprise, […]elle nous est prescrite, imposée par la société où nous vivons », laquelle « nous fait une obligation d’être libres » (Dumont 1966 : 21). Ainsi la prééminence de l’individu dans la société moderne appelle-t-elle un certain de nombre de valeurs corrélatives (dont l’égalité de droit, mais aussi la liberté morale ou encore la nation comme « société des individus »), tout en se combinant au sein de chaque culture particulière avec des éléments holistes locaux, ce qui donne une appréciation différenciée de la modernité (sous la figure notamment de variantes nationales). Ainsi que le rappelle Dumont, « l’individualisme est incapable de remplacer complètement le holisme et de régner sur toute la société... de plus, il n’a jamais été capable de fonctionner sans que le holisme contribue à sa vie de façon inaperçue et en quelque sorte clandestine » (Dumont 1991 : 21). C’est que la valeur individualiste, si elle est bien devenue essentielle dans nos sociétés par l’élévation des droits de l’Homme au statut de principe universel, ne peut effectivement s’incarner qu’au sein d’une société particulière, qui en traduit politiquement les attendus de façon toujours contingente et déterminée. L’analyse ne suppose donc pas unretourà des principes holistes, comme s’ils avaient disparu en même temps que les communautés traditionnelles et cohésives, mais plutôt une conscience plus lucide du rôle que jouent les principes holistes dans toute vie humaine pour autant qu’elle est toujours vie en société. L’idéologie de l’individu indépendant se heurte implicitement d’une part à la conservation nécessaire de « totalités partielles » comme lieux verticaux de transmission de la langue, de la culture et du sens (famille, école, associations, communautés), et d’autre part à la réintroduction de principes dits « collectifs » contre « l’utopie libérale », à doses variables selon les pays, comme l’État-providence, l’appartenance nationale, les systèmes d’assurance sociale, les diverses régulations du marché, les principes de solidarité et de redistribution, etc. Il convient également de ne pas confondre l’individualisme compris comme représentation sociale avec deux processus distincts portant sur la confection concrète de la personne et son potentiel de singularité, à savoir l’individuation et l’individualisation. Au XXesiècle, l’anthropologie s’est surtout intéressée auxformes d’individuationpropres aux diverses sociétés, ces pratiques de « constitution de la personne » par inclusion dans un ordre symbolique qui suppose des représentations partagées et des dispositifs rituels. Elle a pu ainsi constater l’extrême hétérogénéité des systèmes de pensée et d’agir visant à conférer une « identité » à l’être humain, preuve d’une large palette culturelle quant aux manières d’appréhender les relations de soi à soi, aux autres et au monde. Marcel Mauss a ainsi montré comment l’être humain ne pouvait apparaître qu’à la suite de multiples processus de subjectivation, ainsi que l’expriment les diverses « techniques du corps », l’expression des émotions ou l’intériorisation de l’idée de mort (Mauss 1950). Car toutes ces caractéristiquesa prioriéminemment « personnelles » varient en fait largement selon les contextes sociaux et culturels où elles prennent signification. La tradition anthropologique a énormément insisté sur la naturerelationnellede l’individuation, ouvrant sur la perception d’un Soi tissé de rapports avec l’environnement social et mythique (Leenhardt, 1947), jusque dans ses composantes mêmes, qu’elles soient matérielles (os, sang, chair, sperme, etc.) ou non (esprit ancestral, souffle, ombre, etc.) (Héritier 1977), parfois même au-delà des « humains » strictement définis (Descola 2005). De même, bon nombre d’auteurs ont souligné l’existence de divers processus historiques et culturels d’individualisationnon réductibles à la prééminence de l’individualisme comme valeur englobante. Le Bart (dans Lozerand 2014 : 89), après Foucault (1984) et Vernant (1989) distingue trois formes d’individualisation qui ne se recoupent jamais parfaitement : l’autonomie sociopolitique, l’existence d’une « vie privée » et le rapport réflexif à soi constituent autant de critères marquant un dépassement de la logique « holiste » d’individuation (définissant un nom, une place, un rôle, un statut) vers une « quête de soi » différenciée, invoquant comme idéal de vie une singularité, un salut ou un « épanouissement » posés théoriquement comme échappant aux injonctions normatives et symboliques de la société. S’articulant plus ou moins à l’individualisme comme valeur, cette visée d’authenticité désormais généralisée dans les sociétés occidentales en illustre également les limites, dès lors qu’en sont précisées les difficultés et les défaillances dans l’existence concrète des acteurs sociaux (déshumanisation du travail, conformisme consommatoire, maladies exprimant la « fatigue d’être soi » comme la dépression, influence des médias de masse et des réseaux sociaux, sentimentalisme et moralisme excessifs, solitude et vide affectif, etc.). Depuis une trentaine d’années et la mise en évidence d’une globalisation aux contours multiples se pose enfin la question de l’extension descriptive et normative de l’individualisme aux diverses cultures et civilisations du monde, que cela soit par le biais de catégories politiques (le citoyen rationnel), économiques (le marchand, le salarié et le consommateur propres au monde capitaliste), juridiques (le sujet de droit), morales (l’agent responsable) ou esthétiques (le dessein d’expressivité originale), etc. Si, selon Dumont, le christianisme et sa valorisation d’un « individu en relation directe avec Dieu » jouent un rôle primordial dans l’émergence de l’individualisme, ce sont bien les catégories humanistes et séculières qui, depuis la colonisation, légitiment les dynamiques d’extension actuelles, notamment du fait de la promotion par les instances internationales des droits humains comme fondement universel de justice sociale. L’anthropologie elle-même, dans un contexte de mise en relation généralisée des sociétés, s’évertue à saisir la place que des cultures différentes accordent à la valeur de « l’individu » (Morris 1994 ; Carrithers, Collins et Lukes 1985), que ce soit dans les grandes religions ou philosophies historiques (islam, judaïsme, bouddhisme, hindouisme, confucianisme, etc.) ou dans les communautés contemporaines, irréversiblement marquées par l’hégémonie occidentale et l’extension d’une économie mondialisée, mais également par des mouvements fondamentalistes ou « revivalistes » de repli identitaire. La valorisation du métissage et de l’hybridité impliquerait en ce sens de réinsérer « l’individu » dans les « paysages » culturels multiples et enchevêtrés qui établissent le lien entre global et local, entre contraintes systémiques et réappropriation communautaire (Appadurai 1996). Dans la dynamique contemporaine de globalisation, l’extension de l’individualisme comme valeur se retrouve dans une position paradoxale, d’une part liée à l’hégémonie d’un système-monde capitaliste et donc accusée de favoriser une « occidentalisation » fatale pour la diversité culturelle, d’autre part identifiée comme porteuse d’émancipation à l’égard de structures et normes contraignantes pour des acteurs (femmes, minorités ethniques, religieuses ou sexuelles, personnes handicapées) privés des droits élémentaires aux plans politique, juridique et socioéconomique.
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Mekki-berrada, Abdelwahed. "Ethnopsychiatrie". Anthropen, 2017. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.045.

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Le terme « ethnopsychiatrie » a été proposé pour la première fois, autour des années 1940, par le psychiatre et diplomate haïtien Louis Mars (1945). « Ethno-psych-iatrie » vient de ethnos qui en grec ancien, et à la suite d’une série de glissements sémantiques signifie tour à tour famille, tribu, peuple, nation, race. Le terme psuche indique les idées d'âme et d'esprit et, enfin, celui de iatros réfère au médecin, au guérisseur, au soin et au médicament. La notion d’ethnopsychiatrie consiste donc en cette alliance complexe entre ethnos, psuche et iatros. Dans la présente rubrique, l’ethnopsychiatrie est sommairement abordée selon trois dimensions essentielles, à savoir : 1. l’ethnopsychiatrie comme ensemble de théories et de pratiques culturelles; 2. l’ethnopsychiatrie comme discipline anthropologique; et 3. l’ethnopsychiatrie comme pratique clinique. 1. En tant que théorie et pratique culturelle, l’ethnopsychiatrie se veut universelle. Pour Georges Devereux (1908-1985), considéré comme le fondateur de l’ethnopsychanalyse (variante fondatrice de l’ethnopsychiatrie) (Laplantine 2007), « il n’est pas de peuple sans ‘’ethnopsychiatrie’’, c’est-à-dire sans son propre repérage, sans ses modalités de prise en charge des désordres, de ce type de négativité que la science appelle ‘’psychopatologie’’ » (cité par Nathan 2011). L’alliance complexe entre ethnos, psuche et iatros (ethno-psych-iatrie), se décline cependant de multiples façons et par différents peuples pour construire des espaces d’expression du désordre, du mal, du malheur, du mal-être, de la maladie, de la souffrance sociale et de leur dimension cosmogonique. Ces espaces sont des ethnopsychiatries plurielles que chaque société humaine abrite comme dans les traditions ayurvédique, humorale, homéopathique, exorcistique, chamanistique qui s’ajoutent à une liste interminable de théories et d’actions au sujet de la maladie et de l’univers. L’ethnopsychiatrie inclut aussi des rituels tels que, parmi tant d’autres, Mpombo, Mizuka et Zebola qui déploient un répertoire de gestes, de signes et d’êtres mythiques, et qui permettent aux femmes congolaises de (re)négocier leur rôle social et de (re)prendre une parole singulière pour exprimer leur mal-être dans une société où la parole dominante est généralement collective. Loin du Congo, nous retrouvons en Afrique de l’Est et dans la Péninsule arabique, le Zar, un rite impliquant essentiellement des femmes et favorisant lui aussi la résolution de conflits par l’expression collective de ceux-ci. Dans l’ensemble, l’ethnopsychiatrie contribue à la saisie des désordres intrapsychiques, interpersonnels ou sociaux, et cosmogoniques menaçants (Mekki-Berrada 2013). L’ethnopsychiatrie peut être considérée comme un « fait culturel total » qui se décline dans toutes les cultures et dans toutes les sociétés à travers les cinq continents. Au-delà de tous les particularismes, l’ethnopsychiatrie demeure à chaque fois culturellement située et consiste idéalement à transformer un monde chaotique en un monde qui fait sens pour la personne souffrante et son entourage. La psychiatrie contemporaine, elle-même, peut être considérée comme étant une ethnopsychiatrie parce qu'elle est comme les autres culturellement ancrée et dotée d’un ensemble de théories et de pratiques qui lui sont propres (Mekki-Berrada, 2013). Le « fou » dans l’Europe du XVIIIe siècle était un être de « déraison », dans le sens foucaldien du terme, au même titre que tous les autres exclus de la « raison » dominante de l’époque mêlant valeurs religieuses chrétiennes et valeurs sociales aristocratiques et monarchiques; le « fou », « l’insensé » se retrouvait alors avec les mendiants, les homosexuels, les libertins, les prostituées, tous entassés dans les hôpitaux généraux à des fin de contrôle social (Foucault 1972). La psychiatrie moderne est née dans l’Europe de l’Ouest du XIXe siècle quand le fou cessa d’être délinquant, pour être considéré comme malade. Même si, partiellement libéré du regard inquisiteur de l’Église et de la Monarchie, le « déraisonnable » devient aujourd’hui tantôt proie, tantôt sujet, au regard de la psychiatrie contemporaine. 2. En tant que discipline, l’ethnopsychiatrie se propose d’étudier les ethnopsychiatries comme espaces culturels où convergent les savoirs nosologiques, étiologiques et thérapeutiques au sujet du « désordre » mental, social et cosmogonique. L’ethnopsychiatrie-discipline ne constitue pas un bloc théorique monolithique. Sans nous arrêter sur les particularismes régionaux ou nationaux de l’anthropologie (« américaine », « britannique », « française »), la tendance historique générale de l’ethnopsychiatrie veut que cette discipline étudie, à ses débuts, la geste thérapeutique « exotique », non-occidentale, non-biomédicale. Avec le tournant interprétatif inauguré en anthropologie dans les années 1970 par Clifford Geertz et ce que l’on nommera dans les années 1980, avec Arthur Kleinman et Byron Good, l’anthropologie médicale interprétative, l’ethnopsychiatrie va cesser de se limiter aux espaces ethnomédicaux non-occidentaux pour se pencher aussi sur les «traditions ethnomédicales occidentales» incluant la biomédecine et la psychiatrie (Mekki-Berrada 2013), tout en plongeant dans le foisonnement des symboles et des interprétations de la maladie, du mal et du malheur. L’anthropologie médicale interprétative utilisera la culture comme moteur explicatif et principal cheval de bataille théorique. Elle sera cependant vite soumise aux vives critiques de Soheir Morsy (1979) et d'Allan Young (1982). Pour ces auteurs, l'approche interprétative « surculturaliserait » la maladie car elle en privilégierait les significations culturelles et en évacuerait les dimensions sociales et politiques. Cette critique sera poursuivie par Baer et Singer (2003) au sein d’un nouveau paradigme qu’ils nommeront « anthropologie médicale critique », paradigme dans lequel l’économie politique de la santé mentale est le moteur explicatif de la maladie et de la souffrance. De ce point de vue la culture serait un outil idéologique au service de la classe dominante, un « réseau de significations autant que de mystifications » (Keesing 1987 cité par Good 1994) qui camouflerait les inégalités sociales. Généralement considérée comme radicale sur le plan théorique, l’anthropologie médicale critique finira par trouver un équilibre des plus constructifs avec un autre courant nommé « anthropologie médicale interprétative-critique » (Lock et Scheper-Hughes 1996) qui offre l’avantage conceptuel et méthodologique de n’évacuer ni le culturel ni le politique, mais articule ces éléments pour mieux cerner l’enchevêtrement complexe des dimensions tant culturelles et microsociales de la maladie mentale et de la souffrance sociale que leurs enjeux macrosociaux. 3. En tant que pratique clinique, l’ethnopsychiatrie est relativement récente. Si Devereux apparaît comme le fondateur incontesté de l’ethnopsychiatrie-discipline, ce sont ses étudiants, Tobie Nathan et Marie-Rose Moro, qui fonderont l’ethnopsychiatrie-clinique à partir des années 1980, tous trois Français « venus d’ailleurs », porteurs et bricoleurs d’identités métissées. L’ethnopsychiatrie-clinique est une pratique psychiatrique, mais aussi psychologique, dépendamment de l’orientation centrale du « thérapeute principal » qui est soit psychiatre (ex. : Moro), soit psychologue (ex. : Nathan). En Amérique du Nord, ce sont essentiellement des psychiatres qui pratiquent l’ethnopsychiatrie-clinique, ou plutôt l’une de ses variantes, la « psychiatrie transculturelle » (Kirmayer, Guzder, Rousseau 2013) dont les principaux chefs de file sont basés à Harvard Medical School (ex. : Arthur Kleinman) ou à McGill University (ex. : Laurence Kirmayer, Cécile Rousseau). Il est à noter que l’ethnopsychiatrie clinique est très peu en vogue en dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest. Il existe un certain nombre de variantes du dispositif clinique, mais une consultation ethnopsychiatrique nécessite au minimum : 1. un groupe de thérapeutes issus de cultures et de disciplines diverses, dont un-e seul est responsable et en charge de la circulation de la parole ; 2. la langue maternelle des patients et la présence d’interprètes culturels, ainsi que le passage d’une langue à l’autre, sont des éléments centraux du dispositif clinique afin d’aider à l’identification de nuances, subtilités, connotations et catégories culturelles; 3. le patient est fortement invité à se présenter en consultation avec des personnes qui lui sont significatives dans son propre réseau social ; 4. le dispositif groupal et le passage d’une langue à l’autre posent un cadre multi-théorique et l’ethnopsychiatre peut ainsi établir « un cadre métissé dans lequel chaque élément du matériel [biographique] peut-être interprété selon l’une ou l’autre logique » (Nathan 1986:126). Un tel dispositif facilite la mise en place d’un « espace intermédiaire » qui fait intervenir la culture comme « levier thérapeutique » et permet de révéler des conflits interpersonnels et intrapsychiques (Laplantine 2007 ; Streit, Leblanc, Mekki-Berrada 1998). Les ethnopsychiatres cliniciens procèdent souvent eux-mêmes à des « mini ethnographies » (« mini ethnography » ; Kleinman et Benson 2006) en se mettant « à l’école des gens qui consultent, pas l’inverse » (Nathan 2007). Ces mini ethnographies ont pour outil les « modèles explicatifs de la maladie » (« Illness Explanatory Models » ; Kleinman 1988) qui ont pour but d’être à l’écoute des perspectives des patients pour mieux explorer leur culture ainsi que les dimensions sociales et culturelles de la maladie mentale. En plus d’explorer la dimension culturelle du désordre, l’ethnopsychiatrie cherche à mieux comprendre la dimension psychiatrique des cultures tout en évitant de sur-psychiatriser la culture et de sur-culturaliser la psychiatrie (Laplantine 2007). Dans tous les cas, dès le début de la discipline qu’il a fondée, Devereux (1977) proposait une perspective « complémentariste » encore très utilisée aujourd’hui. Celle-ci exige le recours à la psychanalyse et à l’anthropologie de façon non simultanée, en ce sens que l’ethnopsychiatre est appelée à d’abord épuiser son recours à l’une des deux disciplines avant de se référer à l’autre, et ce, de façon constante. La méthode complémentariste s’accompagne nécessairement de la « décentration » qui est une attitude ou un mécanisme incontournable, qui force le thérapeute à identifier et à minimiser, dans la rencontre clinique, l’impact de sa subjectivité "égocentrée" ou "sociocentrée". En somme l’ethnopsychiatrie, telle que sommairement abordée ici, est un espace culturel où convergent les savoirs nosologiques, étiologiques et thérapeutiques, tous culturellement situés, et qui prend pour objet le « désordre » mental, social et cosmogonique; elle est aussi une discipline anthropologique qui se propose d’étudier ces espaces culturels ; elle est enfin une pratique clinique. Il s’agit de trois pans indissociables et constitutifs d’un même trièdre.
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Calame, Claude. "Individu". Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.015.

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La notion de l’individu comme être humain doué d’un corps propre et d’une identité singulière est née de la notion de sujet. C’est en effet autour de ce concept très occidental que s’est développée l’idée d’un être agissant de manière autonome et réflexive. Mais ce sujet constitué en « soi », en self, est aussi un sujet qui agit, un sujet pratique, engagé dans le monde extérieur selon une volonté et selon des motivations qui lui seraient propres. Un sujet donc non plus en tant que sub-jectum comme l’indique l’étymologie du mot ; non plus un sujet « soumis » à différents pouvoirs d’ordre politique et religieux, mais un sujet qui, au siècle des Lumières, avec la contestation de la royauté absolue et la critique de la hiérarchie catholique, devient un être de raison, constitué en droit (Taylor 1989). Désormais un sujet libre, un sujet libre de penser et libre d’agir comme il l’entend, un sujet dont les libertés sont fondées sur un certain nombre de droits, également partagés. Mais qu’en est-il dans la réalité de nos sociétés contemporaines, convaincues que démocratie et libéralisme économique vont de pair, convaincues aussi qu’elles sont les seules aptes à défendre les droits de l’homme et de l’individu dans leur universalité face à d’autres formes sociales, passant pour plus traditionnelles ? Envisagée du point de vue sociologique, la question a longtemps été de savoir qui, de l’individu ou de la société, est premier par rapport à l’autre. On le sait – pour Émile Durkheim la société ne saurait être considérée comme la somme des individus qui la composent, des individus donnés comme entités premières, dans leurs différents états de conscience. Du « holisme méthodologique » (le tout n’est pas réductible aux parties qui le composent) on est passé au « relationalisme méthodologique » : société et individus sont à comprendre dans des relations qui correspondent à des rapports de réciprocité. Le social et le collectif ne sauraient donc être envisagés comme les simples résultantes des actions et pratiques des individus (comme le laisse entendre l’« individualisme méthodologique »). Entre les individus-atomes (êtres indivis) et l’ensemble social auquel ils sont forcément intégrés, il y a interdépendance, interaction ; il y a « co-construction » des uns par l’autre, et vice versa. L’opposition toute théorique entre l’individuel et le collectif doit donc être dépassée (Corcuff 2007 ; Corcuff, Le Bart, de Singly 2010). Avant la guerre de 39-45, le sociologue et philosophe allemand Norbert Elias s’était déjà interrogé sur la nature de l’homme vivant dans ce qu’il appelait « la société des individus ». Les relations réciproques des individus les uns avec les autres constitueraient la condition même de l’existence humaine ; elles représenteraient l’une des bases de la condition d’être humain. Dès lors la vie sociale et l’appartenance à une société étaient données comme une disposition fondamentale, inscrite dans l’être social de l’homme. Pour Elias (1991), ce n’est que tardivement et épisodiquement, surtout à partir de la Renaissance, que serait apparue la conscience d’un « moi » pourvu d’une intériorité ; cette conscience nouvelle aurait alors entraîné, dans une perspective à vrai dire européocentrée, une « prédominance de l’identité du moi sur l’identité du nous ». Si les hommes en tant qu’individus sont bien interdépendants, la notion même d’individu est ancrée dans l’idée de la constitution d’un « moi » ; elle est fondée dans l’idée de sujet. C’est sur un constat analogue qu’est fondée la distinction tracée par l’anthropologue Louis Dumont (1983) entre sociétés holistes et société individualistes. D’un côté donc, dans les sociétés traditionnelles, un homo hierarchicus dont l’identité est définie par la place qu’il occupe dans l’ensemble social avec ses statuts et ses hiérarchies ; de l’autre un homo aequalis, promu dans les sociétés modernes par l’égalité instituée entre des individus considérés comme autonomes. Mais cette opposition se double d’un autre contraste. D’une part l’homme hors du monde : le modèle en est celui du renonçant indien qui se soustrait au réseau des liens sociaux pour se trouver face à lui-même, dans sa singularité ; d’autre part l’homme dans le monde : tel l’homme moderne, cet homme intra-mondain réalise son identité individuelle au sein de la société ; son individualité est posée comme une valeur et un but. Ainsi on assisterait en Occident à la naissance de l’individu moderne en particulier par la transition calviniste vers un « individu-dans-le-monde » mais pour y accomplir la volonté du dieu unique des chrétiens, puis par le passage à l’Individu de la première « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », libéré de la tutelle de l’Église au nom de la liberté de conscience exercée dans une société égalitaire. Or c’est précisément de la notion de liberté que sont nés tous les malentendus entretenus par une pensée économiste préoccupée de fait par la seule liberté du marché. En effet les libertés fondamentales assises sur les droits partagés qui constituent l’individu abstrait ont été transformées en des libertés individuelles qui permettraient à chacune et chacun de se développer concrètement selon ses capacités propres. Dans cette mesure, l’individualité est assimilée à la sphère privée ; et les droits égaux qui assurent des devoirs réciproques sont réduits aux droits de la personne dans sa singularité (Flahaut 2006), dans la concurrence entre les individus soumis à la marchandisation (Calame 2008). L’extraordinaire développement des sciences humaines dans les années soixante du siècle dernier a pu sembler sonner le glas du sujet occidental en tant que monade autonome, consciente et réflexive. À vrai dire, les différentes sciences de l’homme ont plutôt contribué à en approfondir les multiples dimensions. Du côté de la psychanalyse le sujet dans son psychisme s’est révélé se situer à l’intersection des pulsions animées par son corps propre et du refoulé accumulé dans l’expérience de son enfance au sein de la famille nucléaire. À l’anthropologue structuraliste ce même inconscient est apparu comme fondé, au-delà des différences culturelles, dans les structures universelles de l’esprit humain. Dans le débat entre individualisme et holisme méthodologiques, les sociologues n’ont pas manqué de subordonner l’individu aux relations sociales, insérant son existence dans les réseaux contraignants que tissent ces rapports souvent asymétriques. Et les linguistes se sont interrogés sur l’existence d’une grammaire universelle qui traverserait les langues et qui serait à la base de la compétence verbale de tout être humain. Ainsi l’atome-individu abstrait est désormais soumis aux déterminations psychiques, sociales, économiques, culturelles, verbales et bientôt neuronales qui découlent de sa constitution organique et psychique ainsi que son environnement « naturel » et social. Dans les différentes perspectives ouvertes par les sciences sociales, le sujet-individu est donc bien à saisir étymologiquement comme sub-jectum ; en tant que tel, il s’avère constamment soumis à des processus de subjectivation qui dépendent largement de son entourage matériel, familial, social et culturel. Loin d’entraver une autonomie morale et intellectuelle censée asseoir l’individu philosophique dans une liberté fondée sur la conscience de soi, ces paramètres d’ordre aussi bien organique que symbolique contribuent au contraire à l’enrichissement identitaire constant des individus singuliers. Cette fabrication est rendue indispensable par l’extraordinaire plasticité neuronale constitutive de l’être humain, en particulier dans ses manières de se représenter le monde social et l’écologie qui le déterminent et dans les modes de son action sur cet environnement humain et matériel. En se fondant sur les résultats relativement récents d’une part de la paléo-anthropologie, d’autre part de la neurologie, quelques anthropologues contemporains sont allés plus loin. Dans son incomplétude, l’homme ne saurait se développer, ni en tant que genre humain, ni en tant qu’individu, si l’organisation sociale et la culture n’étaient pas là pour activer et réaliser ses capacités neuronales ; la nature cérébrale de l’homme se révélerait ainsi dans son extraordinaire plasticité, une plasticité qui implique la contrainte (Ansermet, Magistretti 2004). Autant du point de vue phylogénétique du développement du genre humain qu’en ce qui concerne l’essence organique de l’homme avec son développement individuel, tout se passe en somme comme si la nature présupposait la culture, voire comme si, pour l’être humain, la culture précédait en quelque sorte la nature (cf. Dortier 2004). En effet, en anthropologie culturelle et sociale, la tendance traditionnelle est d’envisager la culture, de même qu’à l’époque du Romantisme allemand, comme le moyen de combler le vide laissé par la nature incomplète de l’homme. Ainsi Geertz (1973): « En résumé, nous sommes des animaux incomplets ou inachevés et nous nous complétons ou nous nous parachevons nous-mêmes par le biais de la culture ». Par le biais de pratiques d’ordre technique et symbolique où l’activité de la communication verbale joue un rôle essentiel, l’homme se constitue lui-même dans son identité affective et réfléchie ; il se construit en interaction obligée avec les différents cercles communautaires qui contribuent à sa fabrication, en interaction avec leurs différentes conventions et traditions qu’à son tour il adopte. Ce processus d’« anthropopoiésis » se poursuit pendant toute sa carrière d’être humain mortel. L’individu se fabrique à la fois par les autres et pour les autres, avec des spécificités individuelles et des processus de subjectivation qui engendrent des transformations dynamiques, mais aussi des affrontements et des conflits (Affergan et al. 2003). D’un point de vue anthropologique, l’identité complexe de chacun de nous repose donc sur une dialectique subtile entre d’une part la nécessaire fabrication sociale et culturelle de l’homme par ses proches et d’autre part le développement de la singularité de l’individu, avec son autonomie partagée entre identité-idem et identité-ipse (Ricœur 1990). L’épanouissement de l’individu en personne avec sa réflexivité critique dépend, dans l’interaction notamment discursive, des différents réseaux de sociabilité auxquels il appartient dans sa vie intellectuelle et pratique ; son émancipation repose sur les différents statuts que lui confère son action sociale, entre travail, cercle familial, activités culturelles, etc. Sans doute une identité personnelle épanouie est-elle la résultante du croisement pratique de plusieurs niveaux identitaires collectifs, d’ordre également ethnique et culturel (Galissot, Kilani, Rivera 2000). Dans cette mesure l’identité individuelle doit sans doute être garantie en situation postmoderne par une série de droits, mais aussi de devoirs.
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Singleton, Michael. "Culte des ancêtres". Anthropen, 2019. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.092.

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Les plus observateurs de la première génération de missionnaires, de militaires et de marchands européens à avoir sillonné l’Afrique des villages avaient souvent remarqué qu’à proximité de la maisonnée tôt le matin leur vénérable hôte versait dans un tesson de canari, parfois logé à l’intérieur d’un modeste édicule, un peu de bière ou y laissait un morceau de viande tout en s’adressant respectueusement à un interlocuteur invisible. La plupart de ces ethnographes amateurs de la première heure ont automatiquement conclu qu’il s’agissait d’un rite d’offrande sacrificielle accompli par un prêtre sur l’autel d’un petit temple où étaient localisés des esprits d’ancêtres (qu’on distinguait des purs esprits ancestraux). A leurs yeux judéo-chrétiens et gréco-latins, ce culte répondait à une religiosité primitive axée autour de la croyance dans la survie (immatérielle) des âmes (immortelles) qui, implorées en prière par les vivants, pouvaient, grâce à Dieu, venir en aide aux leurs. The medium is the message En inventoriant et analysant ainsi le phénomène en des termes sacrés on ne pouvait pas tomber plus mal ou loin d’une plaque phénoménologique qu’en l’absence in situ de la dichotomie occidentale entre le naturel et le surnaturel, on ne saurait même pas décrire comme « profane ». Emportés par des préjugés ethnocentriques peu problématisés, même des anthropologues occidentaux ou occidentalisés (mais y en a-t-il d’autres ?), ont désigné comme « le culte religieux des esprits ancestraux » une philosophie et pratique indigènes qui, au ras des pâquerettes phénoménologiques, ne représentaient que l’expression conceptuelle et cérémonielle des rapports intergénérationnels tels que vécus dans un certain mode historique de (re)production agricole. Préprogrammés par leur héritage chrétien, même s’ils n’y croyaient plus trop, les premiers observateurs occidentaux de la scène africaine se sont sentis obligés d’y localiser une sphère du sacré et du religieux bien distincte d’autres domaines clôturés par leur culture d’origine dont, entre autres, l’économique, le social ou le politique. Je parle des seuls Européens à l’affut savant et non sectaire des traits univoques d’une religiosité universelle qu’ils estimaient relever d’une nature religieuse censée être commune à tous les hommes. Car il faut passer sous le silence qu’ils méritent les Occidentaux qui, en laïques rabiques ou croyants fondamentalistes traitaient ce qu’ils voyaient de stupidités sauvages voire de superstitions sataniques. Néanmoins, faisons écho du meilleur des ethnographes ecclésiastiques qui ont cru bon de voir dans le phénomène des relents soit d’une Révélation Primitive (Uroffenbarung) soit des jalons vers la vraie Foi. Car en filigrane dans le mânisme (un terme savant renvoyant aux mânes des foyers romains) ils pensaient pouvoir lire la croyance en le monothéisme et en l’immortalité individuelle ainsi que le pendant de l’intercession médiatrice entre les Saints voire des Ames du Purgatoire et Dieu – autant de dogmes du XIXe siècle auxquels désormais peu de Chrétiens critiques souscrivent et qui, de toute évidence ethnographique n’avaient aucun équivalent indigène. L’anthropologie n’est rien si ce n’est une topologie : à chaque lieu (topos) sa logique et son langage. Or, d’un point de vue topographique, le lieu du phénomène qui nous préoccupe n’est ni religieux ni théologique dans le sens occidental de ces termes, mais tout simplement et fondamentalement gérontologique (ce qui ne veut pas dire « gériatrique » !). En outre, son langage et sa logique relèvent foncièrement de facteurs chronologiques. A partir des années 1950, je me suis retrouvé en Afrique venant du premier Monde à subir les conséquences sociétales d’un renversement radical de vapeur chronologique. Depuis l’avènement de la Modernité occidentale les acquis d’un Passé censé absolument parfait avaient perdu leur portée paradigmatique pour être remplacés par l’espoir d’inédits à venir – porté par les résultats prometteurs d’une croissance exponentielle de la maitrise technoscientifique des choses. Au Nord les jeunes prenant toujours davantage de place et de pouvoir, les vieillissants deviennent vite redondants et les vieux non seulement subissent une crise d’identité mais font problème sociétal. C’est dire que dans le premier village africain où en 1969 je me suis trouvé en « prêtre paysan » chez les WaKonongo de la Tanzanie profonde j’avais d’abord eu mal à encaisser la déférence obséquieuse des jeunes et des femmes à l’égard de ce qui me paraissait la prépotence prétentieuse des vieux. Les aînés non seulement occupaient le devant de la scène mais se mettaient en avant. Toujours écoutés avec respect et jamais ouvertement contredits lors des palabres villageois, ils étaient aussi les premiers et les mieux servis lors des repas et des beuveries. Un exemple parmi mille : en haranguant les jeunes mariés lors de leurs noces il n’était jamais question de leur bonheur mais de leurs devoirs à l’égard de leurs vieux parents. Mais j’allais vite me rendre compte que sans le savoir-faire matériel, le bon sens moral et la sagesse « métaphysique » des aînés, nous les jeunes et les femmes de notre village vaguement socialiste (ujamaa) nous ne serions pas en sortis vivants. Les vieux savaient où se trouvaient les bonnes terres et où se terrait le gibier ; ils avaient vécu les joies et les peines de la vie lignagère (des naissances et des funérailles, des bonnes et des mauvaises récoltes, des périodes paisibles mais aussi des événements stressants) et, sur le point de (re)partir au village ancestral tout proche (de rejoindre le Ciel pour y contempler Dieu pour l’Eternité il n’avait jamais été question !) ils étaient bien placés pour négocier un bon prix pour l’usufruit des ressources vitales (la pluie et le gibier, la fertilité des champs et la fécondité des femmes) avec leurs nus propriétaires ancestraux. En un mot : plus on vieillit dans ce genre de lieu villageois, plus grandit son utilité publique. Si de gérontocratie il s’agit c’est à base d’un rapport d’autorité reconnu volontiers comme réciproquement rentable puisque dans l’intérêt darwinien de la survie collective et aucunement pour euphémiser une relation de pouvoir injustement aliénant. La dichotomie entre dominant et dominé(e) est l’exception à la règle d’une vie humaine normalement faite d’asymétries non seulement acceptées mais acceptables aux intéressé(e)s. Les WaKonongo ne rendaient pas un culte à leurs ancêtres, ils survivaient en fonction d’un Passé (personnifié ou « fait personne » dans les ainés et les aïeux) qui avait fait ses preuves. Pour être on ne saurait plus clair : entre offrir respectueusement les premières calebasses de bière aux seniors présents à une fête pour qu’ils ne rouspètent pas et verser quelques gouttes du même breuvage dans un tesson pour amadouer un ancêtre mal luné et fauteur de troubles et qu’on a fait revenir du village ancestral pour l’avoir à portée de main, n’existe qu’une différence de degré formel et aucunement de nature fondamentale. Dans les deux cas il s’agit d’un seul et même rapport intergénérationnel s’exprimant de manière quelque peu cérémonieuse par des gestes de simple politesse conventionnelle et aucunement d’une relation qui de purement profane se transformerait en un rite religieux et profondément sacré. Pour un topologue, le non-lieu est tout aussi éloquent que le lieu. Dans leurs modestes bandes, les Pygmées vivent entièrement dans le présent et dans l’intergénérationnel acceptent tout au plus de profiter des compétences effectives d’un des leurs. Il ne faut pas s’étonner qu’on n’ait trouvé chez eux la moindre trace d’un quelconque « culte des ancêtres ». Cultivant sur brûlis, allant toujours de l’avant de clairière abandonnée en clairière défrichée les WaKonongo, voyageant légers en d’authentiques nomades « oubliaient » leurs morts derrière eux là où des villageois sédentaires (à commencer par les premiers de l’Anatolie) les avaient toujours lourdement à demeure (ensevelis parfois dans le sous-sol des maisons). Le passage d’un lieu à un lieu tout autre parle aussi. Quand le savoir commence à passer sérieusement à la génération montante celle-ci revendique sa part du pouvoir et de l’avoir monopolisés jusqu’alors par la sortante. En l’absence d’un système de sécurité sociale dépassant la solidarité intergénérationnelle du lignage cette transition transforme souvent la portée intégratrice de la gérontocratie en une structure pathogène. Aigris et inquiets par cette évolution, les vieux que j’ai connu au milieu des années 1980 dans des villages congolais, de bons et utiles « sorciers » s’étaient métamorphosés en vampires anthophages. Dans des contextes urbains des pays où l’Etat est faible et la Famille par nécessité forte, l’enracinement empirique du phénomène bien visible au point zéro du petit village d’agriculteurs sédentaires, se trouve parfois masqué par des expressions fascinantes (tels que, justement, les ancêtres superbement masqués que j’ai côtoyé chez les Yoruba du Nigeria) ou à l’occasion folkloriques – je pense aux Grecs qui vont pique-niquer d’un dimanche sur les tombes familiales ou aux vieillards que j’ai vu en Ethiopie terminant leur vie au milieu des monuments aux morts des cimetières. Mais la raison d’être du phénomène reste familial et ne relève pas (du moins pas dans sa version initiale) d’une rationalité qui serait centrée « religieusement » sur des prétendues réalités onto-théologiques qui auraient pour nom Dieu, les esprits, les âmes. Enfin, sur fond d’une description réaliste mais globale du religieux, deux schémas pourraient nous aider à bien situer l’identité intentionnelle des différents interlocuteurs ancestraux. En partant du latin ligare ou (re)lier, le religieux en tant que le fait de se retrouver bien obligé d’interagir avec des interlocuteurs autres que purement humains (selon le vécu et le conçu local de l’humain), a lieu entre l’a-religieux du non rapport (donnant-donnant) ou du rapport à sens unique (le don pur et simple) et l’irréligieux (le « Non ! » - entre autre du libéralisme contractuel - à tout rapport qui ne me rapporte pas tout). Si le gabarit des interlocuteurs aussi bien humains que supra-humains varie c’est que la taille des enjeux dont ils sont l’expression symbolique (« sacramentaires » serait mieux puisqu’une efficacité ex opere operato y est engagée) va du local au global. Quand le réel est intra-lignager (maladie d’enfants, infertilité des femmes dans le clan) la solution symbolique sera négociée avec l’un ou l’autre aïeul tenu pour responsable. Par contre, quand le signifié (sécheresse, pandémie) affecte indistinctement tous les membres de la communauté, le remède doit être trouvé auprès des personnifications plus conséquentes. Ces phénomènes faits tout simplement « personnes » (i.e. dotés du strict minimum en termes de compréhension et de volonté requis pour interagir) avaient été identifiés autrefois avec le « dieu de la pluie » ou « l’esprit de la variole » mais mal puisque les épaisseurs ethnographiques parlaient ni de religion ou de théologie ni d’opposition entre matière et esprit, corps et âme, Terre et Ciel. Une communauté villageoise est fondamentalement faite de groupes lignagers – représentés par les triangles. En cas de malheurs imprévus (en religiosité « primitive » il est rarement question de bonheur attendu !) l’aîné du clan devinera qui en est responsable (un sorcier, un ancêtre ou « dieu » - nom de code personnalisé pour la malchance inexplicable). Il prendra ensuite les dispositions s’imposent –le cas échéant relocalisant à domicile un aïeul mauvais coucheur. Leurs ancêtres n’étant pas concernés, les patriarches de lignages voisins se montreront tout au plus sympathiques. La ligne du milieu représente le pouvoir ou mieux l’autorité du conseil informel des notables. Si, en haut de la pyramide, le chef figure en pointillé c’est qu’il n’a aucun rôle proprement politique mais fonctionne comme médiateur entre les villageois et les nus propriétaires ancestraux en vue de l’usufruit collectif de leurs ressources vitales (en particulier la pluie). En invoquant ses ancêtres, il remédiera aussi à des problèmes affectant tout le monde (la sécheresse, une épidémie, des querelles claniques, menace ennemi). En partant de l’étymologie ligare ou « lier » j’entends par « être religieux » le fait de se (re)trouver obligé en commun à interagir de manière cérémonielle mais asymétrique, avec des interlocuteurs à l’identité plus qu’humain (tel que défini selon la logique locale), afin de satisfaire des intérêts réciproques et pas d’alimenter la curiosité intellectuelle, alors la spirale représente le réseau des rapports proprement religieux. Dans ce sens on peut penser que les vivants villageois se comportent « religieusement » avec les morts vivants du lignage ou de l’ensemble ethnique. Autour de la ligne médiane ont lieu les relations entre hommes, elles aussi à la limite religieuses – délimitées, à droite, par l’a-religieux de l’étranger vite devenu l’ennemi à qui on ne doit rien et qui peut tout nous prendre, et, à gauche, par l’irréligieux de l’adversaire du dedans tel que le sorcier parmi les vôtres qui vous en veut à mort. En bas, il y a le monde dit par l’Occident, animal, végétal et minéral mais qui fait partie intégrante de la religion animiste. En haut se trouve un premier cercle d’interlocuteurs religieux ceux impliqués dans des affaires claniques. Plus haut, constellant l’ultime horizon religieux, on rencontre des interlocuteurs personnifiant des enjeux globaux – la pluie, le gibier, des pandémies… Logiquement, puisqu’elle n’est pas négociable, les Africains ont localisé hors toute réciprocité religieuse, une figure des plus insaisissables – de nouveau mal décrit comme deus otiosus puisqu’elle n’a rien de théologique et n’est pas tant inoccupé que peu préoccupé par le sort humain. Trois diapositives illustrent les trois types d’interlocuteurs : 1. Des édicules pour fixer à côté de la maisonnée des ancêtres lignagers et faciliter les échanges intéressés avec eux ; 2. Un tombeau royal associé grâce à la houe cérémoniale à la pluie ; 3. Un « temple » à la croisée des chemins en brousse où siège le Seigneur de la Forêt et les Animaux.
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