Hernandez, Charlotte. "Contribution de la polarité cholinergique du système nerveux autonome à la pathogenèse de l’hépatocarcinome : implications en pharmacologie." Electronic Thesis or Diss., Lyon 1, 2024. http://www.theses.fr/2024LYO10175.
Abstract:
Les fonctions du système nerveux autonome sont décrites depuis plusieurs décennies. Cependant, son rôle dans la biologie cellulaire des tissus innervés n’a fait que plus récemment l’objet d’un intérêt soutenu, en particulier en cancérologie. Les fibres afférentes et efférentes de ce système innervent les organes périphériques et contribuent au maintien de l’homéostasie de l’organisme. Elles sont impliquées dans les processus de développement, de réparation et de régénération. Tous ces phénomènes sont, de leur côté, documentés depuis longtemps comme étant associés au cancer. De nouvelles preuves suggèrent que les cellules cancéreuses profitent de l'innervation pathologique associée au cancer pour favoriser l'initiation et la progression de la maladie. En effet, le système nerveux autonome joue un rôle important dans le développement de diverses tumeurs localisées dans des organes innervés physiologiquement comme le pancréas, les ovaires et l’utérus, en régulant notamment la prolifération, la différenciation, la migration, et la dissémination des cellules cancéreuses. Le foie, en tant qu'organe innervé, voit sa physiopathologie également conditionnée par le système nerveux autonome. Toutefois, peu d’études détaillées ont documenté le rôle des fibres nerveuses autonomes dans le carcinome hépatocellulaire (CHC) et sa progression. Cette thèse a exploré la régulation du système nerveux autonome dans l’apparition et la progression du cancer du foie, ainsi que les conséquences de sa modulation dans le but d’identifier de potentielles nouvelles stratégies thérapeutiques fondées sur le niveau de connaissance et de sûreté des médicaments ciblant cette grande fonction physiologique depuis des décennies. Pour cela, nous avons eu recours à des échantillons cliniques, de rats, de souris, ainsi qu’à des cellules primaires, des sphéroïdes, des hépatocytes primaires, et différentes lignées cellulaires. Par immunofluorescence, nous avons mis en évidence la présence de marqueurs neuronaux et plus spécifiquement la colocalisation d’un marqueur immature et d’un marqueur cholinergique dans la capsule et la masse tumorale d’échantillons cliniques. A l’échelle protéique, nous avons montré que ces mêmes marqueurs corrélaient avec l’apparition et la progression de la maladie dans des échantillons cliniques et de rats. En utilisant des données de bio-informatique, nous avons stratifié les CHC en deux groupes : adrénergique et cholinergique en utilisant un score neuronal défini par une approche mathématique simple. A partir de cette stratification, nous avons identifié les tumeurs cholinergiques, comme étant corrélées aux mutations TP53 (p ≤ 0,05), à un intervalle sans progression et à une survie globale plus courts que les tumeurs adrénergiques. De plus, elles étaient corrélées à des traits moléculaires plus pathogènes (tels que, des signatures transcriptomiques prolifératives, moins différenciées, riches en AFP, associées à des fonctions mitotiques plus élevées), ainsi qu’à des caractéristiques définissant la classe proliférative du CHC (CHC agressif) contrairement aux tumeurs adrénergiques. Enfin, en inhibant pharmacologiquement la voie cholinergique par des antagonistes muscariniques et leurs contrôles nicotiniques in vitro, nous avons observé une diminution de la croissance cellulaire indépendante de l’ancrage ainsi qu’une synergie avec les inhibiteurs de tyrosine kinase (ITKs) sorafenib et lenvatinib, tout en préservant les fonctions hépatocytaires des cellules primaires testées. Dans l’ensemble, nos travaux suggèrent que la polarité cholinergique est défavorablement impliquée dans la pathogénicité du carcinome hépatocellulaire et constitue donc une cible d’intérêt futur, légitime en thérapeutique<br>The functions of the autonomic nervous system have been described for several decades. However, its role in the cellular biology of innervated tissues has only recently been the subject of sustained interest, particularly in cancerology. The afferent and efferent fibers of this system innervate peripheral organs and help maintain the homeostasis of the organism. They are involved in the processes of development, repair and regeneration. All these phenomena, in turn, have been documented as being associated with cancer. New evidence suggests that cancer cells take advantage of the pathological innervation associated with cancer to promote disease initiation and progression. Indeed, the autonomic nervous system plays an important role in the development of various tumors located in physiologically innervated organs such as the pancreas, ovaries and uterus, notably by regulating the proliferation, differentiation, migration and dissemination of cancer cells. As an innervated organ, the liver's pathophysiology is also conditioned by the autonomic nervous system. However, few detailed studies have documented the role of autonomic nerve fibers in hepatocellular carcinoma (HCC) and its progression. This thesis explored the regulation of the autonomic nervous system in the onset and progression of liver cancer, and the consequences of its modulation, with the aim of identifying potential new therapeutic strategies based on the level of knowledge and safety of drugs targeting this major physiological function for decades. To achieve this, we used clinical, rat and mouse samples, as well as primary cells, spheroids, primary hepatocytes and different cell lines. Using immunofluorescence, we highlighted the presence of neuronal markers and, more specifically, the colocalization of an immature marker and a cholinergic marker in the capsule and tumor mass of clinical samples. At the protein level, we showed that these same markers correlated with disease onset and progression in clinical and rat samples. Using bioinformatics data, we stratified HCCs into adrenergic and cholinergic groups using a neuronal score defined by a mathematical approach. From this stratification, we identified cholinergic tumors as correlated with TP53 mutations (p ≤ 0.05), shorter progression-free interval and overall survival than adrenergic tumors. Furthermore, they were correlated with more pathogenic molecular features (such as, proliferative transcriptomic signatures, less differentiated, AFP-rich, associated with higher mitotic functions), as well as with features defining the proliferative class of HCC (aggressive HCC) unlike adrenergic tumors. Finally, by pharmacologically inhibiting the cholinergic pathway with muscarinic antagonists and their nicotinic controls in vitro, we observed a decrease in anchorage-independent cell growth as well as synergy with the tyrosine kinase inhibitors (TKIs) sorafenib and lenvatinib, while preserving hepatocyte functions in the primary cells tested. Overall, our work suggests that cholinergic polarity is unfavorably implicated in the pathogenicity of hepatocellular carcinoma, and therefore constitutes a legitimate target of future therapeutic interest