Academic literature on the topic 'Liessies (France)'

RésuméÀ partir d’une série chronologique d’ouvrages consacrés aux fêtes de souveraineté depuis 1789 en France, l’article questionne la fonction intégrative qui leur est ordinairement reconnue : le fait d’éprouver ensemble les mêmes émotions fabriquerait et/ou renforcerait le lien social. La démonstration suivie discute l’idée que les manifestations de liesse (applaudissements, acclamations) puissent représenter un bon indicateur de l’engagement militant, sinon des pensées politiques, des participants.À la question de savoir ce qu’est un enthousiasme civique, il répond simplement : un enthousiasme manifesté dans une situation civique reconnue comme telle par les participants eux-mêmes et/ou ainsi qualifiée par les organisateurs et commentateurs, profanes comme savants, de l’événement.

L'abbaye bénédictine de Liessies devient française en 1678, mais son domaine reste partagé entre France et Pays-Bas. Exempte, elle échappe au contrôle de toute congrégation et cultive son autonomie, mais I' ingérence du gallicanisme et du joséphisme la contraint de plus en plus. Sécularisation, nationalisation, séquestre et suppression, tant en France qu'aux Pays-Bas, apparaissent alors comme l'aboutissement d'un processus au moins séculaire, mouvement plébiscite par une partie du peuple qui stigmatise la richesse ostentatoire d'un puissant qu'il voudrait plus économe, plus charitable, plus utile. Ses revenus davantage sollicités, l'abbaye parvient cependant à augmenter la conventualité avant que le siècle n'impose une réduction des effectifs, ce qui reflète l'immixtion grandissante du siècle dans la clôture, non la décadence. L'exemption signifie finalement soumission accrue aux pouvoirs publics qui instituent une véritable congrégation informelle directement soumise à l' ordinaire. Malgré elle, l'abbaye participe à l'uniformisation centralisatrice d'une Eglise nationale.

Cette thèse analyse les rapports entre l'évolution de la culture religieuse des masses et l'évolution des formes de l'État en France, en prenant comme observatoire trois pèlerinages nationaux, au rôle politique important et au rayonnement lointain : quelles mutations de l'identité nationale reflète l'évolution de ces sanctuaires ? Dans un premier temps, aux XVe-XVIe s. , on assiste a leur élévation progressive a un rôle national, pour des raisons religieuses (leur fonction de sanctuaire à miracles leur donne un grand impact) et politiques (présence des grands, des rois, d'une frontière politique ou religieuse) ; ils entretiennent avec l'identité nationale des liens divers, que l'on retrouve à l'âge baroque : ils diffusent une image de la France alliée de la vierge, renforcent l'unité du pays autour du souverain et de la sainte française, permettent au centre politique de maitriser la périphérie en pèlerinant à la frontière, assurent à la monarchie la maitrise du temps en lui donnant une descendance, défendent l'identité catholique dans les régions protestantes, proposent par les légendaires des héros identificatoires à imiter. Un deuxième temps correspond à l'âge baroque (1600 / 1660-1680) ou une instrumentalisation systématique en est faite tant par l'Église que par l'État, et ils participent à la « confessionnalisation » de la France. Par ailleurs, ils diffusent les ferments d'une culture moderne (individualisme religieux, monde désenchanté et mœurs policées). Dans un troisième temps, pendant la seconde modernité, leur rôle politique décline, reflet d'une sécularisation précoce de l'identité nationale en France, phénomène concomitant de l'épanouissement religieux de liesse qui voit l'éclosion des fruits de la reforme catholique. Ainsi, l'évolution des pèlerinages nationaux comme créateurs, vecteurs ou miroirs d'identité nationale dans la France des XVe-XVIIIe s. Montre bien que l'histoire religieuse est un domaine fécond de l'histoire culturelle du politique car les liens que les hommes tissent avec le monde divin, avec la nature et entre eux sont imbriqués.