Academic literature on the topic 'Ecosystèmes entrepreneuriaux'

La massification de l’éducation à l’entrepreneuriat à l’œuvre depuis une vingtaine d’années a conduit les institutions éducatives à accueillir une grande diversité de profils d’apprenants dans leurs cours d’entrepreneuriat. Ayant émergé dans un contexte politique de promotion de l’entrepreneuriat d’inspiration néolibérale, cette éducation entrepreneuriale fait face à des défis liés à la prise en compte de la subjectivité des apprenants et, surtout, de soutenabilité des écosystèmes terrestres ; la pratique entrepreneuriale ayant contribué à l’entrée dans l’ère de l’anthropocène, au sein de laquelle l’Homme représente la principale force de transformation, et de destruction, sur Terre. Notre recherche s’inscrit dans les travaux appelant à un renouveau épistémologique et éthique de l’éducation à l’entrepreneuriat, en croissance depuis une quinzaine d’années. Nous percevons l’enseignant en entrepreneuriat comme un levier de transformation éducative et nous nous demandons comment cet enseignant, peut, par sa posture, contribuer à la soutenabilité de sa pratique. Nous proposons de considérer le cours d’entrepreneuriat comme un écosystème impliquant des individus en interaction dans un milieu et nous cherchons à établir comment l’enseignant peut rendre cet écosystème équilibré par sa gestion de la diversité des individus qui le composent, la facilitation des interactions et la diffusion d’un esprit entrepreneurial vertueux. Nous nous demandons également à quoi pourrait ressembler ce milieu dans lequel évoluent les acteurs d’un tel écosystème. Inscrite dans une démarche interprétativiste et s’appuyant sur une expérience en tant que consultant-formateur au sein d’une structure de formation à l’entrepreneuriat, notre recherche débute par une étude de cas explorant l'impact de la diversité des apprenants dans deux programmes de formation à l'entrepreneuriat révélateurs de la diversité entrepreneuriale. Un deuxième article s’intéresse à la gestion des interactions dans le cadre de l’application de 10 méthodes d’apprentissage actif de l’entrepreneuriat, à partir d’une revue de littérature systématique, et en explorant les apports potentiels des sciences écologiques pour l’optimisation de cette gestion d’interactions. Un troisième article constitue une revue de littérature intégrative autour de pratiques d’enseignement de l’entrepreneuriat durable afin de comprendre comment l'enseignant peut intégrer les enjeux de développement durable dans son enseignement de l'entrepreneuriat, et suggérant l’appréhension d’un cadre d’opérationnalisation inspiré de la permaculture. Enfin, un quatrième article constitue un essai scientifique questionnant le jardin en tant que potentiel espace de réinvention l'enseignement de l'entrepreneuriat. L'ensemble de ces travaux aboutit à la proposition d'une logique de création et d'animation d'écosystèmes éducatifs entrepreneuriaux soutenables au niveau du cours d'entrepreneuriat : la biogogie. Notre étude apporte une compréhension nouvelle du rôle et de la posture de l’enseignant en entrepreneuriat, et pourra inspirer la conception de dispositifs de formation dédiés à ces acteurs. L’approche écosystémique adoptée invite à porter un regard nouveau sur les dynamiques à l’œuvre dans un cours d’entrepreneuriat, en termes de diversité, d’interactions et de durabilité. Notre recherche ouvre également une voie à l'exploration des émotions de l'enseignant, enrichissant ainsi le domaine de la recherche sur les émotions dans l'accompagnement et la formation d'entrepreneurs. De nouvelles perspectives sont explorées pour appréhender une éducation soutenable de l’entrepreneuriat. A travers la prise en compte de la permaculture comme voie d’opérationnalisation du cours, et du jardin comme espace d’apprentissage, des approches alternatives de l’entrepreneuriat sont appréhendées, axées sur l’équilibre des écosystèmes et ouvrant le champ à des opportunités pour inviter à repenser l'entrepreneuriat et sa relation à la durabilité
The proliferation of entrepreneurship education over the past two decades has led educational institutions to welcome a diverse range of learners into their entrepreneurship courses. Emerging within a neoliberal-inspired political context that promotes entrepreneurship, entrepreneurship education faces challenges related to considering the subjectivity of learners and, most importantly, the sustainability of terrestrial ecosystems. Entrepreneurial practice has contributed to the onset of the Anthropocene era, in which humans represent the primary force for transformation and destruction on Earth. Our research aligns with the call for an epistemological and ethical renewal of entrepreneurship education, a field that has seen substantial growth over the past fifteen years.We view the entrepreneurship educator as a relevant lever for transformation and explore how this educator, through their stance, can contribute to the sustainability of their practice. We propose to consider the entrepreneurship course as an ecosystem involving individuals interacting within an environment. Our aim is to establish how the educator can manage diversity within this ecosystem, facilitate interactions, impart a virtuous entrepreneurial mindset, and envision the environment in which the actors in this ecosystem operate.Rooted in an interpretive approach and drawing on 34 months of experience as a consultant-trainer within an entrepreneurship training structure, our research began with a case study exploring the impact of learner diversity in two entrepreneurship training programs for adults (Article 1). The second article focuses on the management of interactions in the application of ten active entrepreneurship learning methods, drawing from a systematic literature review and exploring the potential contributions of ecological sciences to optimize interaction management. The third article is an integrative literature review aiming to understand how the educator can integrate sustainable development issues into entrepreneurship education, suggesting an operationalization framework inspired by permaculture. Finally, the fourth article is a scientific essay questioning the garden as a potential space for reinventing entrepreneurship education based on ecological sciences.Collectively, these works lead to the proposal of a logic for creating and animating sustainable entrepreneurial educational ecosystems at the level of entrepreneurship courses: "biogogy." Our study provides a fresh understanding of the role and stance of the entrepreneurship educator and can inspire the design of dedicated training programs for these actors. Additionally, our research paves the way for exploring the emotions of the educator, enriching the field of research on emotions in entrepreneurship mentoring and training. The ecosystemic approach adopted invites us to take a fresh look at the dynamics at play in an entrepreneurship course in terms of diversity, interactions, and sustainability. New perspectives are explored to understand sustainable entrepreneurship education. By considering permaculture as a means of operationalizing the course and the garden as a learning space, alternative approaches to entrepreneurship are apprehended, focusing on ecosystem balance and opening opportunities to rethink entrepreneurship and its relationship to sustainability

Notre thème de recherche est parti du constat que les entreprises individuelles de moins de cinq salariés constituent la quasi-totalité des créations d'entreprises à Madagascar et qu’elles sont instables et éphémères. Nous les avons baptisées « petites entreprises de proximité » ou PEP, et appelé « imperfections » leur instabilité dans la durée, du point de vue de leurs activités, de leur statut institutionnel et en termes de croissance. Nous avons observé que leur multiplication traduisait l’engouement des entrepreneurs à leur endroit lequel traduisait leur adaptation à l’environnement. Dans un pays où les ménages étaient confrontés de manière endémique au problème d’emplois et de revenus, le phénomène de la PEP à travers la problématique suivante représente un sujet d’actualité et un enjeu majeur : - Si nous présumons que les "petites entreprises de proximité" sont adaptées à leur environnement, pourquoi sont-elles inaptes à durer, à grandir et à perdurer dans leur statut et dans leurs activités? - Et pourquoi les entrepreneurs continuent-ils d’en créer en dépit de « leurs imperfections » ainsi décrites ? Pour y répondre, nous avons avancé la proposition d’explication suivante sur les imperfections de la PEP : 1) Elles traduisent que la proximité instable, variable et complexe est à la fois un raccourci et un contre-exemple d’environnement ; 2) Elles sont nées des fonctionnalités structurelles et des mécanismes organisationnels mis en œuvre pour équilibrer l’adaptation tronquée de la PEP à l’environnement ; 3) Elles sont les facteurs de la dynamique d'intégration transformant des proximités agies en foyers de survie collective. Nous avons retenu deux postulats théoriques dans notre travail : l’existence d’écosystèmes pour la survie de la PEP, et un référent théorique fait d’écrits scientifiques et de connaissances renvoyant à la construction logique de son processus de survie. Nous avons mené le travail en trois étapes: _ Dans un premier temps, l‘étude des écarts entre la construction sociale de la réalité de la PEP et le référent théorique de son processus de survie a permis en partie de comprendre le phénomène de son adaptation et d’expliquer ses imperfections (Partie 1: Le positionnement théorique de notre proposition). _ Ensuite nous avons observé lesdits écarts mis à l’œuvre dans des processus empiriques de PEP en action, pour conclure qu’ils constituaient à la fois des symptômes de singularité d’organisations et des signaux de phénomènes traduisant de nouvelle manière de survivre (Partie 2 : La corroboration empirique de notre proposition). Nous avons ainsi avancé l’hypothèse théorique sur le maintien individuel de la PEP par sa survie collective avec ses parties prenantes en ces termes : Les PEP se forment grâce à des opportunités nées des imperfections des environnements qu'elles exploitent sous la forme de sous marchés résiduels. Elles se maintiennent en intégrant des proximités agies qu'elles transforment en niches dans une perspective de survie collective avec leurs parties prenantes. Leur mode d'adaptation les oblige à rester petites, éphémères et variables dans leurs activités. _ Enfin nous avons étudié les leçons d’expériences tirées de nos travaux et les pistes de réflexions qu’elles nous ouvraient. (Partie 3 : Les apports théoriques de notre étude sur la PEP). Nous nous sommes concentré sur les nouvelles tendances dans les formes organisationnelles adaptées à un environnement perçu à travers sa transformation, et sur celles d’un entrepreneuriat surfant sur le relationnel, la marginalité et la rareté des ressources. Nous avons conclu notre travail sur la PEP sur l’intérêt d’appréhender l’aptitude à la survie en termes d’écosystèmes
Our research theme is based on the observation that individual companies with fewer than fiveemployees constitute almost all the enterprises created in Madagascar and that they are unstable and ephemeral. We called them "small proximity businesses" or PEP in french, and called "imperfections" their instability over time, from the point of view of their activities, their institutional status and in terms of growth.We observed that their multiplication reflected an entrepreneur's enthusiasm for creating them, which reflected their skill in adapting to their environment.In a country where households were confronted to an endemic problem of joblessness and lack ofincomes, the phenomenon of PEP through the following issue is a topical and a major concern:- If we assume that "small proximity businesses" are adapted to their environment, why are they unfit to last, grow and prosper in their status and activities?- And why do entrepreneurs continue to create them in spite of "their imperfections" thus described? To answer this question, we have proposed the following explanation on the imperfections of PEP:1) They show that the unstable, variable and complex proximity is both a shortcut and acounterexample of environment 2) They stem from structural functionalities and organizational mechanisms implemented to balancethe truncated adaptation of PEP to the environment; 3) They are the factors of the dynamics of integration transforming the agitated proximities into foci of collective survival.We retained two theoretical postulates for our research: the existence of ecosystems for the survival of PEP, and a theoretical referent made of scientific writings and knowledge referring to the logicalconstruction of its survival process. We conducted the work in three stages:_In a first step, the study of the differences between the social construction of the reality of the PEP and the theoretical referent of its survival process allowed but partly to understand the phenomenon of its adaptation and to explain its imperfections (Part 1: The theoretical positioning of our proposal)._Then we observed the called deviations through the empirical processes of PEPs in action, and concluded that they constituted as well symptoms of singularity of organizations and phenomena in a new way of surviving (Part 2: Empirical corroboration of our proposal)We have thus advanced the theoretical hypothesis on the individual maintenance of PEP by itscollective survival with its stakeholders: PEPs are formed through opportunities arising from the imperfections of the environments they exploit in the form of residual sub-markets. They are maintained by integrating agitated proximities that they transform into niches in a perspective of collective survival with their stakeholders. Their mode of adaptation forces them to remain small, ephemeral and variable in their activities._ Finally, we studied the lessons of experiences drawn from our work and the avenues of reflectionthey opened up to us. (Part 3: The theoretical contributions of our study on PEP) We focused on new trends in organizational forms adapted to an environment perceived through itstransformation, and on those of an entrepreneurship running through networks of contacts, marginality and scarcity of resourcesWe concluded our work on PEP on the importance of understanding survivability in terms of ecosystems