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Journal articles on the topic 'Différence de direction d’arrivée'

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Gueugniaud, P. Y., V. Baert, D. Hugenschmitt, H. Hubert, and K. Tazarourte. "Impact de la Covid-19 sur les arrêts cardiaques extrahospitaliers en phase de suractivité épidémique : données du registre RéAC." Annales françaises de médecine d’urgence 10, no. 6 (November 2020): 355–62. http://dx.doi.org/10.3166/afmu-2020-0289.

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Abstract:
Introduction : Notre objectif était d’analyser la survie des patients victimes d’un arrêt cardiaque extrahospitalier (ACEH) durant la pandémie Covid-19 et de comparer les données en fonction du centre de traitement de l’appel choisi, le 15 ou le 18. Méthode : Nous avons extrait les données exhaustives du Registre des arrêts cardiaques (RéAC), entre le 1er mars et le 30 avril 2020. Nous avons effectué trois comparaisons de la survie à 30 jours (J30) de cohortes de patients : 1) Covid vs non-Covid ; 2) appels arrivés au service d’aide médicale urgente (Samu) (15) vs aux sapeurs-pompiers (SP) (18) et 3) appels arrivés au 15 vs 18 pour les patients Covid. Résultats : Sur un total de 870 ACEH, 184 étaient atteints de la Covid. Nous avons observé 487 (56 %) appels arrivés au 15 et 383 (44 %) au 18. La survie à J30 était de 3 %. Les ACEH Covid avaient une survie à J30 plus faible que les non-Covid (0 vs 4 %, p < 0,001). Le délai d’arrivée de SP était plus long lors d’un appel au 15. En revanche, aucune différence de survie n’est observée entre les appels arrivés au 15 ou au 18. Conclusion : La survie consécutive à un ACEH durant la pandémie est extrêmement faible. Cependant, quel que soit le numéro composé (15 ou 18), la survie n’est pas différente, même si le délai d’arrivée des prompts secours est plus court lors d’un appel au 18.
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Tchamen, Georges Williams, and Jérémie Gaucher. "Évaluation de l’incertitude due au modèle de représentation du réservoir dans les analyses de rupture de barrageLe présent ouvrage fait partie d’une série d’articles publiés dans ce numéro spécial consacré au génie hydrotechnique." Canadian Journal of Civil Engineering 37, no. 7 (July 2010): 980–90. http://dx.doi.org/10.1139/l10-034.

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Abstract:
Le présent article analyse l’impact du modèle de représentation de la vidange du réservoir sur les résultats de modélisation numérique de rupture de barrage. Le modèle à représentation statique à l’aide de la courbe d’emmagasinement est comparé à celui à représentation dynamique à l’aide d’un modèle de Saint-Venant utilisant la bathymétrie du réservoir. La comparaison est basée sur l’hydrogramme à la brèche, les niveaux maximaux, les surfaces inondées et les temps d’arrivée de l’onde à l’aval pour trois cas de réservoir de tailles différentes. Il ressort que la différence entre les deux modèles de représentation est maximale à la brèche et à l’aval immédiat du barrage, notamment pour le niveau maximal et la surface inondée, et qu’elle s’estompe plus loin à l’aval. L’analyse des résultats de simulation des cas étudiés montre que le modèle statique surestime les rehaussements atteints ainsi que la surface inondée à l’aval du barrage dans une proportion qui peut atteindre 20 %. L’utilisation d’un modèle dynamique de représentation du réservoir peut permettre de réduire de 30 % à 40 % ces surestimations. En l’absence de données bathymétriques du réservoir, la reconstitution de données synthétiques reproduisant la courbe d’emmagasinement pour servir de base à un modèle dynamique du réservoir est examinée. Il apparaît que cette solution peut réduire de façon appréciable l’incertitude due à la représentation statique.
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Patai, Daphne. "Le regard d’ailleurs : les constructions utopiques de la « différence »." Conférence de clôture 21, no. 2 (August 8, 2007): 525–45. http://dx.doi.org/10.7202/027291ar.

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Abstract:
Résumé L'évidence du concept de la « différence » entre hommes et femmes imprègne le discours féministe contemporain. Pour aborder ce concept de façon critique, j'utilise un corpus littéraire qui nous aide à voir l'évident, le non-remarqué et l'habituel dans nos positions sexuales : les fictions utopiques en forme d'inversion des rôles sexuaux. Après une discussion détaillée de ces textes, je suggère que la vision utopique de l'écrivaine anglaise Katharine Burdekin pointe en direction d'un sentier qui pourrait nous mener hors des interminables débats sur l'« essentialisme » et le « constructivisme social » comme explications de la « différence ».
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Cacouault-Bitaud, Marlaine, and Gilles Combaz. "Quelle mixité pour les « cadres » de l'Éducation nationale ?" Diversité 165, no. 1 (2011): 138–43. http://dx.doi.org/10.3406/diver.2011.8039.

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Abstract:
Le cas des personnels de direction apparaît exemplaire pour qui s’interroge sur les enjeux de la mixité. La création du lycée de filles à la fin du XIXe siècle impose le recrutement des « directrices ». Elles bénéficient, comme les proviseurs, de la considération de l’administration centrale. Cette « égalité dans la différence » qui permet aux femmes de faire leurs preuves (la mixité est généralisée à tous les établissements en 1975 seulement) a-t-elle incité les pouvoirs publics à maintenir une proportion de « cheffes » comparable à celle des responsables masculins ? Dans un contexte de « démocratisation » du second degré où les collèges se multiplient, les enseignantes ont-elles sollicité des postes de direction ? Observe-t-on au cours de la période récente, une tendance à la féminisation des positions de cadres au sein de l’Éducation nationale ?
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de Oliveira, Érico Andrade M. "La genèse de la méthode cartésienne : la mathesis universalis et la rédaction de la quatrième des Règles pour la direction de l’esprit." Dialogue 49, no. 2 (June 2010): 173–98. http://dx.doi.org/10.1017/s0012217310000235.

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Abstract:
RÉSUMÉ : À bien des égards, la Règle IV paraît être formée de deux textes distincts, ce que devrait justifier la différence entre la mathesis universalis et la méthode cartésienne. Cette interprétation conventionnelle est remise en cause en montrant que la révision qui s’opère au sein de la mathématique fait de celle-ci une méthode qui contraint les sciences à instituer l’ordre et la mesure dans leurs recherches. Ainsi, la discussion sur la mathesis universalis ne vise pas une science mathématique d’un niveau supérieur, mais a eu pour but la mise en œuvre d’une universalisation des méthodes menant à la découverte de la vérité.
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Lalvée, Brigitte. "Jean-Jacques Rassial, Fanny Chevalier (sous la direction de). Genre et psychanalyse. La différence des sexes en question." Figures de la psychanalyse 35, no. 1 (2018): 241. http://dx.doi.org/10.3917/fp.035.0241.

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Sheriff, Teresa. "La production d'enfants et la notion de " bien de l'enfant "." Anthropologie et Sociétés 24, no. 2 (September 10, 2003): 91–110. http://dx.doi.org/10.7202/015651ar.

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Abstract:
Résumé RÉSUMÉ La production d'enfants et la notion de « bien de l'enfant » La fonction socialisatrice de l'État s'actualise par un ensemble de lois et d'interventions des spécialistes appartenant à différents organismes. C'est ainsi que la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) participe, non pas uniquement à protéger les jeunes à risque, mais également à la production d'enfants québécois. Cependant, l'actualisation des mesures de protection d'enfants maltraités, abandonnés ou négligés ne se fait pas sans heurts. Quelques exemples de pratiques des intervenants serviront à illustrer le fossé entre les spécialistes et les parents immigrants quand quelqu'un a signalé une situation de danger pour leur enfant. Ces cas permettront de discuter du problème, plus général, de l'éthique appliquée en matière de traitement de la différence et, particulièrement, des difficultés éthiques qui se posent lorsqu'il faut décider de ce qu'il faut faire pour protéger un enfant. Mots clés : Sheriff, éthique, protection, enfance, immigrants
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Haché, Mario, Marc Durocher, and Bernard Bobée. "Modélisation non paramétrique de la relation entre les caractéristiques du vent et la différence de niveaux sur un grand réservoir." Canadian Journal of Civil Engineering 30, no. 4 (August 1, 2003): 684–95. http://dx.doi.org/10.1139/l03-049.

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Abstract:
The natural inflow at a site is a key variable for optimal management of water resources, particularly for hydroelectric production. For sites with dams and hydroelectric powerplants, this variable cannot be measured directly, and the water balance equation is used to determine the quantity of water a site receives on its surface during a certain period of time. However, several errors affect the natural inflows computed this way. One of the principal sources of uncertainty for large reservoirs is the nonrepresentativeness of water level because of the wind effect. To quantify the effect of wind on the reservoir surface, a nonparametric regression model was used to relate the water level differences between several stations located on the same reservoir and the characteristics of the wind (direction and intensity). The study showed that the nonparametric regression model substantially improves the knowledge of the water level differences between several stations when there is presence of wind. With this model, it is possible to characterize the types of wind affecting the reservoir and to establish validation strategies for the data. The studied reservoirs are Outardes-4 and Gouin, two large reservoirs located in the north of the province of Québec, Canada.Key words: wind, reservoir, water level, nonparametric regression, natural inflow, performance criteria.
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Procoli, Angela. "Le travail " pur " des faiseuses d'adoption." Anthropologie et Sociétés 24, no. 3 (September 10, 2003): 133–53. http://dx.doi.org/10.7202/015675ar.

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Abstract:
Résumé RÉSUMÉ Le travail " pur " des faiseuses d'adoption. Étude d'un groupe de bénévoles d'une ONG française Le récit produit par les acteurs, bénévoles et salariés, du Département d'adoption internationale d'une importante ONG française, porte sur la définition du travail et sur l'objet de ce même travail, l'enfant à adopter. Ce récit peut être qualifié de mythique, car il abolit la différence entre bénévolat et salariat, et transcende l'ordre sociologique externe au service. Produit par un groupe de femmes dominant le fonctionnement de ce département (les « faiseuses de l'adoption »). il s'oppose implicitement à la politique managériale « quantitative » (répondre à l'urgence) de la direction de l'ONG. Il met en avant une hiérarchie de valeurs qui lui est propre, en particulier il absolutise le travail « pur ». c'est-à-dire non lucratif, et l'enfant « hors-marché ». personnifié par l'enfant « âgé. malade et laid ». commercialement invendable. Il refuse explicitement les formes extrêmes du modèle économique global, comme l'enfant-marchandise. vendu sur catalogue par les agences commerciales d'adoption, qu'il situe dans un « ailleurs » outre-Atlantique. Il ne semble pas être le reflet d'une idéologie politique ou religieuse particulière. Il s'agit plutôt de la réaffirmation d'une identité locale soumise à la pression de la globalisation. Mots clés : Procoli. adoption, identité, récit mythique, travail, bénévolat. France
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Hankivsky, Olena, and Rita Kaur Dhamoon. "Which Genocide Matters the Most? An Intersectionality Analysis of the Canadian Museum of Human Rights." Canadian Journal of Political Science 46, no. 4 (December 2013): 899–920. http://dx.doi.org/10.1017/s000842391300111x.

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Abstract:
Abstract.The Canadian Museum of Human Rights, scheduled to open in 2014, is envisioned as a place to learn about the struggle for human rights in Canada and internationally. Yet the museum has faced controversy because of the centrality of the Holocaust in the overall human rights story, prompting other groups whose nations and populations have experienced genocide to make demands that the museum provide equal treatment of other national and international atrocities. Through a feminist intersectionality lens, we examine this “Oppression Olympics,” whereby groups compete for the mantle of the most oppressed, as a case study of the problem with hierarchies of difference. Drawing on intersectionality theory, we ultimately provide an alternative lens and policy direction to the apparent impasse between competing communities.Résumé.Le Musée canadien pour les droits de la personne, dont l'ouverture est prévue en 2014, est envisagé comme un lieu d'apprentissage sur la lutte pour les droits humains au Canada et dans le monde. Cependant, le Musée a suscité la controverse en raison de l'accent qu'il met sur l'Holocauste dans l'histoire générale des droits de la personne, et il a incité d'autres groupes dont les nations et les populations ont connu le génocide à demander un traitement équitable d'autres atrocités nationales et internationales. Sous l'angle de l'intersectionnalité féministe, nous examinons ces « Jeux olympiques de l'oppression », dans lesquels des groupes concourent pour le titre de plus opprimé, comme une étude de cas du problème des hiérarchies de la différence. En s'appuyant sur la théorie intersectionnelle, nous fournissons une optique et une orientation politique alternative pour aborder l'impasse apparente entre des communautés concurrentes.
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Chebbah, Lynda, Lakhdar Djemili, Mohammed Tawfik Bouziane, and Mohamed Chiblak. "Modélisation d'un masque en béton bitumineux (brut et protégé) sous sollicitations thermiques en régime transitoire. cas du masque de barrage Ghrib (Ain Defla, Algérie)." La Houille Blanche, no. 1 (February 2020): 42–49. http://dx.doi.org/10.1051/lhb/2019064.

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Abstract:
Le masque en béton bitumineux est l'un des organes les plus utilisés pour l'étanchéité des barrages en remblai. Le parement en béton bitumineux est, en particulier dans le cas des installations de stockage par pompage hydroélectriques, sont souvent très exposé à des fluctuations importantes de température, qui sont causées par la radiation solaire, la variation du niveau d'eau dans le réservoir, par le gel dans la saison d'hiver, ainsi que la vitesse et la direction du vent, sans oublier les précipitations. Pour mieux expliquer le phénomène de transfert de chaleur, il est nécessaire de connaître les variations de température dans les différentes couches du masque en béton bitumineux. Ce travail décrit la mesure de la température dans le masque en béton bitumineux (brut et avec protection) du barrage Ghrib (Ain Defla, Algérie) et son évaluation à l'aide d'un modèle numérique du transfert de chaleur dans le parement en béton bitumineux en utilisant le logiciel Fluent. Dans un premier temps une validation du modèle par comparaison avec des mesures expérimentales, dans le cas d'une variation journalière de température ambiante, La comparaison des résultats du calcul du modèle numérique avec les mesures réelles montre une excellente ressemblance. Nous simulons ensuite la pose d'une protection thermique en ajoutons une couche convective en béton poreux. Les résultats de cette simulation montrent que le transfert de chaleur par convection possède le potentiel de développer une différence de température significative entre les parties inférieure et supérieure du masque, et aussi que l'ajout de cette couche permet d'amortir le pic de température et le réduire à 12,31 °C, ceci de 9 h jusqu'à 15 h au moment où la chaleur est très élevée, ce qui est significatif pour notre masque, où les températures atteignant leurs valeurs maximales (49 °C).
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Disterheft, Dorothy. "The Structure and Diachrony of Consecutives." Diachronica 3, no. 1 (January 1, 1986): 1–14. http://dx.doi.org/10.1075/dia.3.1.02dis.

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Abstract:
SUMMARY Three claims about the structure and diachrony of consecutives and serials in African languages are examined: Serials evolve from consecutives; serials develop further into minor categories such as prepositions, auxiliaries, complementizers, etc.; the synchronic deep structure (and presumably historical source) of serials is a coordinate, not subordinate, one. According to Lightfoot (1979), however, any hypotheses based on reconstruction are invalid without written records; the direction of change could have been from minor category to verb, and from serial to consecutive. Examination of the African evidence indicates that there is little functional distinction between the two constructions and that the major difference lies in morphosyntax. Furthermore, typological parallels from Hittite and Irish confirm that the direction of development is from consecutive to serial by a process of semantic bleaching and from major to minor category. On the other hand, we can make no claim about the structure of consecutives and serials either synchronic or diachronic. RÉSUMÉ Dans cet article on examine trois hypotheses concernant la structure et la diachronie des consecutives et des 'sérielles', dans des langues africaines; les proviennent des consecutives; les sérielles deviennent ensuite des catégories mineures, par exemple des prépositions, des auxiliaires, des complémenteurs, etc.; la structure sous-jacente synchronique (et vraisemblablement la source historique) des sérielles est de nature coordonnée, et non pas subordonnée. Selon Lightfoot (1979), cependant, les hypothèses basées sur des reconstructions sans données attestées sont sans valeur; la direction du changement aurait pu se faire d'une catégorie mineure au verbe et d'une sérielle à la consécutive. L'examen des données des langues africaines indique qu'il y a peu de distinction fonctionnelle entre les deux types de constructions et que la différence majeure entre elles ressort de la morphosyntaxe. De plus, des parallèles typologiques tirés de l'hittite et de l'irlandais confirment que la direction du développement est de la consécutive à la sérielle par un procès de 'décoloration' sémantique et d'une catégorie majeure à une catégorie mineure. Par contre, on ne peut bien affirmer concernant la structure des consecutives et des sérielles qu'il s'agisse de la synchronie ou de la diachronie. ZUSAMMENFASSUNG Drei Behauptungen beziiglich der Struktur und der Diachronie von konsekutiven und seriellen Konstrukt ionen in Af rikanischen Sprachen werden untersucht: Serielle entwickeln sich aus konsekutiven; serielle entwickeln sich weiter zu weniger wichtigen Kategorien wie etwa Prapositionen, Hilfszeitwörter, Satzergänzungen usw.; die synchronische Tiefenstruktur (und wahrscheinlich die historische Quelle) der seriellen Konstruktionen ist koordiniert, nicht subordiniert. Nach Lightfoot (1979) jedoch sind Hypothesen ohne Dokumentation wertlos; die Richtung der Veranderung könnte von der weniger bedeutenden Ka-tegorie zum Verbum und von der seriellen zur konsekutiven Konstruk-tion vor sich gegangen sein. Die Untersuchung des afrikanischen Materials zeigt an, daft geringer funktionaler Unterschied besteht zwi-schen diesen beiden Konstruktionen und daß der Hauptunterschied in der Morphosyntax liegt. Darüberhinaus bekraftigen typologische Pa-rallelen im Hittitischen und Irischen, daft die Richtung der Entwick-lung von konsekutiven zu seriellen Konstruktionen geht, und zwar durch einen Prozeß semantischer Verbleichung, und von einer Haupt- zu einer Nebenkategorie. Zum andern können wir keine entweder synchronische oder diachronische Behauptung iiber die Struktur konsekutiver und serieller Konstruktionen aufstellen.
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A., Mohammed, Modu-Kagu H. A., Balami S. I., Abdulraheem A. O., Raji A. O., and Alfred B. "Foetal Wastage and Disease Prevalence among Slaughtered Livestock in Maiduguri Abattoir." Nigerian Journal of Animal Production 49, no. 6 (September 11, 2023): 49–56. http://dx.doi.org/10.51791/njap.v49i6.3853.

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Abstract:
The study was conducted to determine foetal wastage and disease prevalence among slaughtered livestock in Maiduguri Abattoir. Records were collected from the Management for the purpose of the study. These records include foetal wastage and record for some of the major diseases that affect the slaughtered animals which are tuberculosis, fascioliasis, pneumonia, contagious bovine pleuropneumonia (CBPP), foot and mouth disease, dermotophilosis, cirrhosis, abscess, nodular worm and taeniasis. The overall mean values for contagious bovine pleuropneumonia (CBPP), pneumonia, tuberculosis, taeniasis, abscess, fascioliasis, nodular worm, dermotophilosis and cirrhosis were 5.10, 4.10, 11.32, 5.84, 3.34, 17.92, 7.04, 2.53 and 2.64 respectively. Fascioliasis had the highest overall mean value of 17.92 and Dermotophilosis had the lowest overall mean value of 2.53. The effect of seasons on disease prevalence indicated that CBPP, Fascioliasis and nodular worm were significantly higher (P<0.05) in the dry season. The effect of species on foetal wastage showed that there was significant difference (P<0.05) in CBPP, Tuberculosis, Taeniasis, Fascioliasis and Cirrhosis between species. These variations of prevalence may be due to personal and environmental hygiene and poor management of animals. There was no significant difference (P>0.05) between the effect of season and species on foetal losses. The effect of month on foetal loses indicated that May had the highest percentage of foetal loses with 65% for goats, 59% for sheep, 54% for cattle and 36% for camel respectively while January had the least percentage of foetal loses with 10% for goats and sheep, 8% for cattle and 2% for camel respectively. L'étude a été menée pour déterminer la mortalité fœtale et la prévalence des maladies parmi le bétail abattu à l'abattoir de Maiduguri. Les dossiers ont été recueillis auprès de la direction aux fins de l’étude. Ces registres incluent le gaspillage fœtal et enregistrent certaines des principales maladies qui affectent les animaux abattus, à savoir la tuberculose, la fasciolose, la pneumonie, la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la fièvre aphteuse, la dermotophilose, la cirrhose, les abcès, les vers nodulaires et le taeniasis. Les valeurs moyennes globales pour la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la pneumonie, la tuberculose, le taeniasis, l'abcès, la fasciolose, le ver nodulaire, la dermotophilose et la cirrhose étaient respectivement de 5,10, 4,10, 11,32, 5,84, 3,34, 17,92, 7,04, 2,53 et 2,64. La fasciolase avait la valeur moyenne globale la plus élevée de 17,92 et la dermatophilose avait la valeur moyenne globale la plus basse de 2,53. L'effet des saisons sur la prévalence de la maladie a indiqué que la PPCB, la fasciolase et le ver nodulaire étaient significativement plus élevés (P<0,05) pendant la saison sèche. L'effet des espèces sur la perte fœtale a montré qu'il y avait une différence significative (P <0,05) dans la PPCB, la tuberculose, le taeniasis, la fasciolose et la cirrhose entre les espèces. Ces variations de prévalence peuvent être dues à l'hygiène personnelle et environnementale et à une mauvaise gestion des animaux. Il n'y avait pas de différence significative (P>0,05) entre l'effet de la saison et de l'espèce sur les pertes fœtales. L'effet du mois sur les pertes fœtales a indiqué que mai avait le pourcentage le plus élevé de pertes fœtales avec 65 % pour les chèvres, 59 % pour les moutons, 54 % pour les bovins et 36 % pour les chameaux respectivement, tandis que janvier avait e pourcentage le plus faible de pertes fœtales avec 10 % pour les caprins et les ovins, 8 % pour les bovins et 2 % pour les chameaux respectivement.
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Dressler, Markus. "Le dede moderne : évolution des paramètres de l’autorité religieuse de l’alévisme dans la Turquie contemporaine." Sociologie et sociétés 38, no. 1 (October 13, 2006): 69–92. http://dx.doi.org/10.7202/013709ar.

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Abstract:
Résumé L’article décrit, en la replaçant dans son contexte, l’évolution moderne du leadership et de la structure d’autorité dans l’alévisme turc. Au siècle dernier, à la faveur des processus d’urbanisation et de sécularisation, l’alévisme turc a subi de profondes transformations. Formant traditionnellement une communauté socioreligieuse endogame en marge de la société turque du point de vue géographique, politique et religieux, les alévis participent depuis vingt ans, comme jamais auparavant, aux débats publics en Turquie, orchestrant ainsi un renouveau de l’alévisme et forçant l’État et la population à reconnaître leur différence par rapport à l’islam sunnite dominant. Cependant, l’adaptation à des milieux urbains, marquée par un processus interne de sécularisation, a fait de la redéfinition de l’alévisme une tâche passablement difficile. De plus, en entrant dans l’arène publique, les alévis doivent rendre leur demande de reconnaissance conforme au discours socioreligieux reconnu qui est implicitement sunnite. Compte tenu de ce contexte, l’article se concentre sur les débats internes des alévis au sujet de la transformation de l’institution au coeur de l’alévisme traditionnel, le dedelik, c’est-à-dire la fonction de leader fondée sur la descendance et le charisme. L’auteur montre comment le dedelik, qui traditionnellement sous-entendait un leadership dans les domaines à la fois socioreligieux et représentatif, est en voie d’être divisé pour s’adapter à un milieu institutionnellement sécularisé où il devient impossible de fusionner la direction des rituels et de la communauté. Par conséquent, le dedelik confie ses fonctions non rituelles à une nouvelle élite alévie séculière qui organise et représente le mouvement aléviste, aujourd’hui largement urbanisé et transnational. En comparant les débats internes des alévis sur la nécessité d’avoir un « dedelik moderne » et sur la portée de ce changement, débats qui se déroulent en Turquie et dans la diaspora allemande, l’article veut contribuer à une meilleure compréhension non seulement de la redéfinition des structures d’autorité des alévis, mais aussi de la façon dont les discours légaux et publics sur la religion influent sur le déroulement de cette redéfinition.
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Guibal, Jean. "Roland Arpin ou « la différence ». « Diriger sans s’excuser ». Patrimoine, musée et gouvernance selon Roland Arpin. Sous la direction d’Yves Bergeron et de Julie-Anne Côté. L’Harmattan, 2016, 333 p. ISBN 978-2-343-09523-3 Un nouveau musée pour un monde nouveau. Musée et muséologie selon Roland Arpin. Sous la direction d’Yves Bergeron et de Julie-Anne Côté. L’Harmattan, 2016, 342 p. ISBN 978-2-343-09524-0." Rabaska: Revue d'ethnologie de l'Amérique française 15 (2017): 192. http://dx.doi.org/10.7202/1041128ar.

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Hock, Klaus. "Translated Messages? The Construction of Religious Identities as Translatory Process Messages traduits? La construction des identités religieuses comme processus de traduction Übersetzte Botschaften? Die Konstruktion religiöser Identitäten als Übersetzungsprozess ¿Mensajes Traducidos? La Construcción de Identidades Religiosas como "Transatory Process"." Mission Studies 23, no. 2 (2006): 261–78. http://dx.doi.org/10.1163/157338306778985721.

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Abstract:
AbstractIn Translating the Message, Lamin Sanneh contrasted the Christian principle of scriptural translation with the Muslim principle of non-translatability, seeing them as two complementary paradigms referring to specific modes of "missionary" expansion of Christianity and Islam in African contexts. Unlike the course of Islam, which is characterised by the Muslims' orientation towards an ideal past as a model for today, and evinced in Islamic reform movements, "the 'reform' tradition in Christian Africa moved in the opposite direction and espoused greater identification with the African setting", thereby exposing pluralism as "a prerequisite for authentic Christian living" (p. 7).A critical relecture of Sanneh's book seeks to provide alternative views on the relationship between Islam and Christianity on the one hand, and African culture on the other. It addresses the question of pluralism and uniformity in African Islam and Christianity, and considers the understanding of Muslim and Christian "reform" in African contexts. Finally it tackles the conundrum of African Christianity and Islam in view of their "Africanicity". Special attention is given to Sanneh's theological usage of categories like scriptural translation, non-translatability, reform, renewal and revival, mission, and culture. By focussing on "the African factor(s)", it suggests evaluating Muslim and Christian discourses on what constitutes "true" Islam and "real" Christianity in African contexts, not as a result of disparate conceptualizations of "translation", but as a product of "translatory" processes which by themselves are part and parcel of discourses working towards the formation of African Christian and Muslim identities. Dans Translating the Message (La traduction du Message), Lamin Sanneh mettait en contraste le principe chrétien de la traduction des Ecritures avec l'impossibilité de cette traduction pour les musulmans, les considérant comme deux paradigmes complémentaires se rapportant à deux modes spécifiques d'expansion « missionnaire » du christianisme et de l'islam en contexte africain. L'islam se caractérise par l'orientation des musulmans vers un passé idéal comme modèle pour aujourd'hui, ce qui est mis en évidence dans les mouvements réformateurs islamiques. A la différence de ce dernier, « la tradition de 'réforme' en Afrique chrétienne a évolué à l'opposé et s'est davantage identifiée au contexte africain », présentant ainsi le pluralisme comme « nécessité préalable à une vie chrétienne authentique » (p. 7).Une relecture critique du livre de Sanneh tente de présenter des points de vue alternatifs sur la relation entre islam et christianisme d'une part, et sur la culture africaine d'autre part. Il étudie la question du pluralisme et de l'uniformité dans l'islam et le christianisme africains ainsi que la conception de 'réforme' dans les deux religions en contextes africains. Il traite enfin de la difficile question du christianisme et de l'islam africain en termes de leur 'africanité'. L'auteur prête une attention particulière à la façon dont Sanneh utilise théologiquement les catégories telles que la traduction des Ecritures, l'impossibilité de traduire, la réforme, le renouveau et le réveil, la mission, et la culture. En se centrant sur « le(s) facteur(s) africain(s) », il préconise d'évaluer les discours musulmans et chrétiens à partir de ce qui constitue un islam « véritable » et un « vrai » christianisme en contextes africains, non comme le résultat de conceptualisations disparates de « la traduction », mais comme le produit de « processus de traduction » qui en eux-mêmes sont partie intégrante de discours qui oeuvrent à la formation d'identités musulmanes et chrétiennes africaines. In seinem Buch Translating the Message (Die Botschaft übersetzen) stellt Lamin Sanneh das christliche Prinzip der Schriftübersetzung dem muslimischen Prinzip der Unübersetzbarkeit gegenüber und sieht sie als zwei komplementäre Paradigmen, die sich auf die spezifischen Weisen der ,,missionarischen" Ausbreitung des Christentums und des Islams in afrikanischen Kontexten beziehen. Im Unterschied zur Entwicklung des Islams, die durch die Ausrichtung der Muslime auf eine ideale Vergangenheit als Modell für heute gekennzeichnet ist und in den islamischen Reformbewegungen deutlich wird, bewegte sich ,,die « reformierende » Tradition im christlichen Afrika in entgegengesetzte Richtung und trat für eine größere Identifizierung mit den afrikanischen Gegebenheiten ein"; dabei wurde der Pluralismus als ,,Voraussetzung für authentisches christliches Leben" (S. 7) dargestellt.Eine kritische Nachlese des Buchs Sannehs versucht, alternative Perspektiven für die Beziehung zwischen Islam und Christentum einerseits und der afrikanischen Kultur andererseits vorzuschlagen. Es geht um die Frage nach Pluralismus und Uniformität im afrikanischen Islam und Christentum und betrachtet den Begriff der muslimischen und christlichen ,,Reform" in den afrikanischen Kontexten. Schließlich widmet sich der Artikel der Rätselfrage nach dem afrikanischen Christentum und Islam angesichts ihrer ,,Afrikanität". Spezielle Aufmerksamkeit wird Sannehs theologischer Verwendung von Kategorien wie Übersetzung der Schrift, Unübersetzbarkeit, Reform, Erneuerung und Erweckung, Mission und Kultur gewidmet. Durch die Betonung des/der afrikanischer Faktors/Faktoren schlägt der Artikel vor, den muslimischen und christlichen Diskurs darüber, was den ,,wirklichen" Islam und das ,,wahre" Christentum in den afrikanischen Kontexten ausmacht, nicht als das Ergebnis von unvergleichbaren Konzeptual-isierungen der ,,Übersetzung", sondern als Ergebnis von ,,Übersetzungs"-Prozessen zu bewerten, die selbst wieder Teil von Diskursen sind, die auf die Bildung von afrikanisch christlichen und muslimischen Identitäten hinarbeiten. En Traducir el Mensaje, Lamin Sanneh contrastó el principal cristiano de traducción biblica con el principal musulmán de no-traducción, viendo ellos como dos paradigmas complementarios que se refieren a modos específicos de la expansión "misionera" de cristianismo e islam en contextos africanos. A diferencia del trayecto de islam, que es caracterizado por la orientación de la musulmanes hacia un pasado del ideal como un modelo para hoy, y demostró en movimientos de la reforma islámicos, "la tradición 'reforma' en Africa cristiana se movió en la dirección opuesta y desposó una identificación más grande con la situación africana," de tal modo le expone al pluralismo como "un requisito previo para cristianismo auténtico viviente" (pág. 7).Un perspectivo crítico del libro de Sanneh quiere proveer perspectivas alternativas sobre la relación entre islam y cristianismo por una parte, y cultura africana por la otra. Se dirige la cuestión de pluralismo y uniformidad en islam y cristianismo africano, y considera la comprensión de la "reforma" musulmán y cristiana en los contextos africanos. Finalmente aborda el acertijo de cristianismo e islam africano en vista de su "africanicidad." Se da atención particular al uso teológico de Sanneh de categorías como traducción bíblica, no-traducción, reforma, renovación y reanimacion, misión, y cultura. Fijando la vista en "el factor (o los factores) africano(s)," indica evaluar el discurso musulmán y cristiano en lo que constituye "verdadero" islam y "verdadero" cristianismo en contextos africanos, no como un resultado de las conceptualizaciones dispares de "traducción," pero como un producto de procesos "translatory" que para ellos mismos son integrales de los discursos hacia la formación de las identidades africanas de los cristianos y musulmanas.
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GUYOMARD, H., B. COUDURIER, and P. HERPIN. "Avant-propos." INRAE Productions Animales 22, no. 3 (April 17, 2009): 147–50. http://dx.doi.org/10.20870/productions-animales.2009.22.3.3341.

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Abstract:
L’Agriculture Biologique (AB) se présente comme un mode de production agricole spécifique basé sur le respect d’un certain nombre de principes et de pratiques visant à réduire au maximum les impacts négatifs sur l’environnement. Elle est soumise à des interdictions et/ou des obligations de moyens, par exemple l’interdiction des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), des engrais de synthèse et des pesticides ou l’obligation de rotations pluriannuelles. Dans le cas de l’élevage, les critères portent sur l’origine des animaux, les conditions de logement et d’accès aux parcours, l’alimentation ainsi que la prévention et le traitement des maladies. Ainsi, la prévention des maladies est principalement basée sur l’utilisation de techniques d’élevage stimulant les défenses naturelles des animaux et, en cas de problème sanitaire, le recours à l’homéopathie ou à la phytothérapie ; l’emploi d’autres médicaments vétérinaires n’est pas exclu à condition de respecter des conditions réglementaires strictes1. L’AB s’inscrit dans des filières d’approvisionnement et de commercialisation incluant la transformation et la préparation des aliments, la distribution de gros et/ou de détail et le consommateur final. Dans tous les pays, agriculteurs, conditionneurs et importateurs doivent se conformer à des réglementations pour associer à leurs produits un étiquetage attestant de leur nature biologique. Les produits issus de l’AB sont certifiés et des mécanismes d’inspection assurent le respect des règlements. L’AB mondiale est aujourd’hui encore une activité marginale au regard des terres consacrées (moins de 2%), du nombre d’agriculteurs engagés ou des volumes concernés. Il s’agit toutefois d’une activité en forte croissance avec, par exemple, un triplement des surfaces mondiales dédiées entre 1999 et aujourd’hui. Le marché mondial des produits issus de l’AB était estimé à 25 milliards d’euros en 2006, soit deux fois plus qu’en 2000 (données IFOAM). La consommation est très fortement concentrée, à plus de 95% en Amérique du Nord d’une part, et en Europe de l’Ouest où les principaux marchés sont l’Allemagne, l’Italie, la France et le Royaume-Uni, d’autre part. Sur ces deux continents, les importations sont nécessaires pour pallier le déficit de l’offre domestique au regard de la demande intérieure. Ceci est particulièrement vrai en France. Selon le ministère en charge de l’agriculture (2009), «la demande [française] de produits issus de l’AB croît de 10% par an depuis 1999. Or, l’offre [nationale] de produits issus de l’AB est aujourd’hui insuffisante pour satisfaire cette demande croissante. Les surfaces des 11 970 exploitations agricoles françaises en AB ne représentent que 2% de la surface agricole. Par défaut d’organisation entre les producteurs et à cause de l’éparpillement des productions, une part significative des produits bio n’est pas valorisée». Et simultanément, 25% environ de la consommation française de produits bio est satisfaite par des importations. Cette situation a conduit le Ministre en charge de l’agriculture à proposer, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, un plan visant le triplement à l’horizon 2012 des surfaces françaises en AB (6% de la surface agricole utile en 2012). Pour atteindre cet objectif, le plan inclut un soutien budgétaire à la structuration de la filière bio (sous la forme d’un fonds de structuration doté de 15 millions d’euros sur cinq ans), la mobilisation de la recherche (notamment sous la forme de crédits «recherche»), un soutien accru aux exploitations converties en AB (via le déplafonnement des 7 600 €/an/unité des aides agro-environnementales pour les exploitations en conversion vers l’AB et une augmentation de l’enveloppe dédiée, ainsi que la reconduction du crédit d’impôt en 2009, celui-ci étant par ailleurs augmenté) et enfin, l’obligation dès 2012 faite à la restauration collective de proposer dans ses menus 20% de produits issus de l’AB. Enfin, dans le cadre du bilan de santé de la Politique Agricole Commune (PAC) du 23 février 2009, une aide spécifique aux exploitations en AB d’un montant d’un peu moins de 40 millions d’euros a été adoptée. Le plan français en faveur de l’AB, popularisé sous le libellé «AB : objectif 2012», vise donc à développer la production domestique de produits issus de l’AB via la fixation d’un objectif quantitatif en termes de surfaces dédiées en jouant simultanément sur la demande (via une contrainte d’incorporation de produits issus de l’AB dans la restauration collective) et l’offre (via, de façon générale, un soutien augmenté aux exploitations en conversion vers l’AB et déjà converties à l’AB). Dans ce contexte, le comité éditorial de la revue Inra Productions Animales et la direction de l’Inra ont souhaité apporter un éclairage scientifique sur les acquis, les verrous et les perspectives en matière d’élevage AB. Ce numéro a été coordonné par J.M. Perez avec l’aide de nombreux relecteurs : que tous soient ici remerciés. Après une présentation du cahier des charges français et de la réglementation communautaire (Leroux et al), le numéro se décline en trois parties : une série d’articles sur différentes filières animales concernées (avicole, porcine, bovine allaitante, ovine allaitante), un focus sur deux approches à l’échelle des systèmes d’élevage (ovin allaitant et bovin laitier), et enfin des articles centrés sur les problèmes les plus aigus rencontrés dans le domaine de la gestion sanitaire et de la maitrise de la reproduction. L’article conclusif de Bellon et al fait le point sur les principales questions de recherche qui demeurent. En aviculture (Guémené et al), à l’exception de l’œuf, la production bio reste marginale, mais les filières sont bien organisées. Cette situation résulte d’une relative synergie avec les filières label rouge, avec lesquelles elles partagent plusieurs caractéristiques (types génétiques, longue durée d’élevage, parcours). Des difficultés multiples subsistent néanmoins. La production bio est pénalisée par le manque de poussins AB, des difficultés de maintien de l’état environnemental et sanitaire des parcours, la rareté de l’aliment bio et la difficulté d’assurer l’équilibre en acides aminés des rations (pas d’acides aminés de synthèse), élément susceptible d’expliquer la surmortalité constatée en pondeuse (liée à des problèmes comportementaux). Par suite, les performances sont inférieures à celles de l’élevage conventionnel (augmentation de la durée d’élevage et de l’indice de conversion) et l’impact environnemental, bien qu’amélioré quand il est rapporté à l’hectare, est moins favorable quand il est mesuré par unité produite, à l’exception notable de l’utilisation de pesticides. Prunier et al aboutissent aux mêmes conclusions dans le cas de la production de porcs AB. Relativement au conventionnel, les contraintes sont fortes sur le plan alimentaire (rareté de l’aliment AB, problème d’équilibre en acides aminés des rations) et de la conduite d’élevage (interdiction ou limitation des pratiques de convenance, âge des animaux au sevrage de 40 jours, difficultés de synchronisation des chaleurs et des mises bas, limitation des traitements vétérinaires). Ces contraintes et la grande diversité des élevages de porcs AB se traduisent par une forte variabilité des performances en termes de survie, reproduction, composition corporelle ou qualité des produits : autant de critères qu’il conviendra de mieux maîtriser à l’avenir pour assurer la pérennité de l’élevage porcin AB. Les performances zootechniques et économiques de l’élevage bovin allaitant bio sont abordées dans l’article de Veysset et al à partir d’un échantillon limité d’exploitations situées en zones défavorisées. Les caractéristiques des unités AB diffèrent peu de celles de leurs voisines en élevage conventionnel ; avec un chargement à l’hectare plus faible mais une plus grande autonomie alimentaire, les résultats techniques des élevages AB sont proches de ceux des élevages conventionnels et ce, en dépit d’une moindre production de viande vive par unité de bétail, en raison d’un cycle de production en moyenne plus long. Sur le plan économique, les charges plus faibles (pas de traitements antiparasitaires, pas de vaccinations systématiques) ne suffisent pas à compenser un moindre produit à l’hectare. Un verrou majeur est le déficit de gestion collective de la filière verticale (absence totale de débouché en AB pour les animaux maigres, en particulier) qui se traduit par un problème aigu de sous-valorisation puisque dans l’échantillon enquêté 71% des animaux sont vendus sans signe de qualité : nul doute qu’il s’agit là d’une priorité d’action. En élevage ovin (Benoit et Laignel), également sur la base d’un échantillon malheureusement restreint, les différences de performances techniques et économiques des élevages conventionnels versus bio varient sensiblement selon la localisation géographique, plaine ou montagne ; il est de ce fait difficile (et dangereux) de dégager des enseignements généraux valables pour l’élevage bio dans son ensemble. L’étude détaillée des adaptations des systèmes d’élevage aux potentialités agronomiques réalisée sur quatre fermes expérimentales montre néanmoins le rôle clé de la variable «autonomie alimentaire». Par suite, la situation économique des élevages ovins bio est plus difficile en zone de montagne où l’autonomie alimentaire, voire fourragère, est moindre (l’achat des aliments non produits sur l’exploitation représente 41% du prix de vente des agneaux dans l’échantillon enquêté). In fine, cela suggère que la variabilité des performances de l’élevage ovin bio, de plaine et de montagne, dépend plus du coût de l’aliment et de la valorisation des agneaux que de la productivité numérique. L’article de Benoit et al porte également sur l’élevage ovin biologique, plus précisément la comparaison de deux systèmes ovins allaitants AB différant par le rythme de reproduction des animaux. Cela montre que les performances de l’élevage ovin AB ne s’améliorent pas quand le rythme de reproduction est accéléré, le faible avantage de productivité numérique ne permettant pas de compenser l’augmentation des consommations d’aliments concentrés et la moindre qualité des agneaux. Au final, cela illustre la plus grande difficulté à piloter le système AB le plus intensif. L’article de Coquil et al relève aussi d’une approche systémique appliquée cette fois à l’élevage bovin laitier. Il porte sur l’analyse d’un dispositif original de polyculture-élevage mis en place à la Station Inra de Mirecourt reposant sur la valorisation maximale des ressources du milieu naturel et accordant une importance première à l’autonomie en paille et à la culture des légumineuses (protéagineux, luzerne). Le cheptel valorise les produits végétaux (prairies et cultures) et assure la fertilisation des parcelles en retour. L’autonomie alimentaire étant privilégiée, les effectifs animaux sont une variable d’ajustement, situation plutôt inhabituelle par comparaison avec des élevages laitiers conventionnels qui cherchent en premier lieu à maintenir les cheptels et les capacités de production animale. Les premiers retours d’expérience suggèrent une révision du dispositif en maximisant les synergies et les complémentarités plutôt que de considérer que l’une des deux activités, la culture ou l’élevage, est au service de l’autre. Cabaret et al proposent un éclairage sur les problèmes sanitaires en élevage biologique. Sur la base, d’une part, d’une analyse des déclaratifs des acteurs de l’élevage, et, d’autre part, d’évaluations aussi objectivées que possible, les chercheurs montrent qu’il n’y aurait pas de différence notable entre l’AB et le conventionnel sur le plan des maladies infectieuses et parasitaires (nature, fréquence). La gestion de la santé des cheptels AB repose davantage sur l’éleveur que sur les prescripteurs externes auxquels il est moins fait appel, et sur une planification sanitaire préalable privilégiant la prévention et une réflexion de plus long terme sur la santé globale du troupeau, l’ensemble des maladies qui peuvent l’affecter, etc. La planification n’est pas uniquement technique. Elle requiert aussi l’adhésion des éleveurs. De fait, l’enquête analysée dans cet article relative aux élevages ovins allaitants met en lumière l’importance de ces aspects individuels et culturels sur la gestion de la santé en élevage biologique. Les alternatives aux traitements anthelminthiques en élevage ruminant AB font l’objet de nombreux travaux (Hoste et al). Différents moyens de lutte contre les parasitoses sont mis en œuvre : gestion du pâturage de façon à limiter le parasitisme helminthique (rotations, mise au repos, assainissement), augmentation de la résistance de l’hôte (génétique, nutrition, vaccination), et traitements alternatifs des animaux infectés (homéopathie, phytothérapie, aromathérapie). Les protocoles d’évaluation objective de ces traitements alternatifs posent des problèmes méthodologiques non totalement résolus à ce jour. Mais traiter autrement, c’est aussi réduire le nombre de traitements anthelminthiques de synthèse via un emploi plus ciblé (saison, catégories d’animaux). Au total, de par la contrainte du cahier des charges à respecter, l’élevage biologique a recours à l’ensemble des moyens de lutte contre les maladies parasitaires. Dans le cadre de cette approche intégrée de la santé animale, l’élevage biologique peut jouer un rôle de démonstrateur pour l’ensemble des systèmes d’élevage concernés par le problème de la résistance et des alternatives aux anthelminthiques utilisés à grande échelle. Même si la réglementation n’impose pas de conduites de reproduction spécifiques en élevage AB, elle contraint fortement les pratiques, notamment l’utilisation des traitements hormonaux. L’impact de ces contraintes est particulièrement fort en élevage de petits ruminants (où le recours à des hormones de synthèse permet l’induction et la synchronisation des chaleurs et des ovulations) et en production porcine (où la synchronisation des chaleurs et des mises bas est très pratiquée). Néanmoins, Pellicer-Rubio et al rappellent que des solutions utilisées en élevage conventionnel peuvent également être mobilisées en élevage biologique, l’effet mâle et les traitements photopériodiques naturels notamment, et ce dans toutes les filières, en particulier celles fortement consommatrices de traitements hormonaux. De façon générale, les marges de progrès sont encore importantes et les solutions seront inévitablement multiformes, combinant diverses techniques selon une approche intégrée. Ici aussi, l’AB veut être valeur d’exemple, en particulier dans la perspective d’une possible interdiction des hormones exogènes en productions animales. L’article de Bellon et al conclut le numéro. Il met l’accent sur quatre thématiques prioritaires de recherche à développer, à savoir 1) la conception de systèmes d’élevage AB, 2) l’évaluation de l’état sanitaire des troupeaux et le développement d’outils thérapeutiques alternatifs, 3) la maîtrise de la qualité des produits et 4) l’étude des interactions entre élevage AB et environnement. A ces quatre orientations, on ajoutera la nécessité de recherches sur l’organisation des filières, la distribution, les politiques publiques, etc. dans la perspective de différenciation et de valorisation par le consommateur des produits issus de l’élevage biologique. Dans le droit fil de ces conclusions, l’Inra a lancé, ce printemps, un nouvel appel à projets de recherche sur l’AB dans le cadre du programme dit AgriBio3 (programme qui prend la suite de deux premiers programmes également ciblés sur l’AB). Les deux grandes thématiques privilégiées sont, d’une part, les performances techniques de l’AB (évaluation, amélioration, conséquences sur les pratiques), et, d’autre part, le développement économique de l’AB (caractérisation de la demande, ajustement entre l’offre et la demande, stratégie des acteurs et politiques publiques). Ce programme, associé à d’autres initiatives nationales (appel à projets d’innovation et de partenariat CASDAR du ministère en charge de l’agriculture) et européennes (programme européen CORE Organic en cours de montage, suite à un premier programme éponyme), devrait permettre, du moins nous l’espérons, de répondre aux défis de l’AB, plus spécifiquement ici à ceux de l’élevage biologique. Un enjeu important est aussi que les innovations qui émergeront de ces futurs programmes, tout comme des travaux pionniers décrits dans ce numéro, constituent une source d’inspiration pour faire évoluer et asseoirla durabilité d’autres formes d’élevage.
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Chaix-Bryan, Thibaut. "Lévinas et Blanchot. Un « entretien infini »." Acta Mai 2008 9, no. 5 (May 14, 2008). http://dx.doi.org/10.58282/acta.4137.

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Abstract:
Cet article est un compte-rendu du livre : Levinas Blanchot : penser la différence, Sous la direction d’Éric Hoppenot et Alain Milon, Presses Universitaires de Paris 10, coédition avec les Éditions de l'Unesco, mars 2008.
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Laplantine, François. "Wu Wei." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.0029.

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Abstract:
Wu en chinois, mu en japonais peut se traduire par rien, non-être, néant, vide. Quant à la notion chinoise de wu wei, que l’on traduit habituellement par passivité ou non agir, elle désigne ou plutôt suggère une attitude de réceptivité et de disponibilité extrême aux évènements et aux situations dans lesquels nous nous trouvons inclus et impliqués sans en avoir la maitrise. Pour comprendre cette notion qui remet en question les relations habituelles entre le sujet et l’objet et est susceptible d’affiner l’observation et ce que je propose d’appeler le moment ethnographique de l’anthropologie, il nous faut d’abord réaliser combien il est difficile de penser ce que la langue chinoise appelle wu à partir des présupposés dualistes de la philosophie européenne de l’être et du non-être et même beaucoup plus communément du oui et du non, le non étant envisagé soit comme privation (« il n’y a pas », « ce n’est pas » ou « ce n’est plus ») soit comme négation. Dans le premier cas le non apparait irréel et alors il n’y a rien à en dire. Dans le second il est franchement oppositionnel, c’est-à-dire source de conflit, ce qui fait horreur à la pensée chinoise. Chaque fois que dans une langue européenne nous utilisons le verbe être, c’est pour affirmer une réalité, ce qui rend explicite une évidence partagée par tout le monde : l’adéquation de l’être et du réel. Être et non être sont dans ces conditions des antithèses. Il n’en va pas de même pour la culture (et d’abord la langue) chinoise qui ne se résigne pas à reconnaître le néant comme étant le vide absolu. Ce que nous appelons « non être » ou « néant », d’un point de vue chinois, ce n’est pas grand-chose, mais ce n’est pas rien. C’est très proche de ce que Jankélévitch (1981) appelle « le presque rien ». Dans ce « presque rien », il y a tant de possibles en genèse, tant de virtualités. Elles n’adviennent nullement, comme dans les monothéistes, d’un acte de création, mais d’un processus d’éclosion succédant à une germination qui va peu à peu connaître une maturation, puis une altération avant une disparition. L’être tend inéluctablement vers le non-être, l’apparaître vers le disparaître, mais ce qui est premier et génère l’essor puis l’élan est bien le non-être, le il n’y a pas (wu) précédant le il y a (you) et est une potentialité d’il y aura ou plutôt il pourra y avoir, il pourrait y avoir, avoir non au sens de posséder mais d’advenir. Si donc le wu est une négation, ce n’est nullement une négation privative mais plutôt une indétermination (le « je-ne-sais-quoi » de Jankélévitch), une matrice dont l’une des caractéristiques est l’invisibilité mais qui est d’une extrême fécondité car d’elle peuvent jaillir différentes possibilités. Pour approcher du caractère processuel du wu, il nous faut suspendre la logique antithétique et antinomique de l’affirmation et de la négation et envisager une modalité non absolue de la négation (Laplantine 2016). Autrement dit dans une perspective chinoise, il peut y avoir des contradictions mais non des contraires, source de contrariété et de division. Il ne saurait y avoir d’opposition (frontale) ni de négation (pure) car ces dernières ne se rencontrent jamais dans le vivant. Mais le négatif (cuo) n’en existe pas moins pour autant. Il est la face cachée susceptible au terme d’un processus secret et silencieux de maturation d’arriver à éclosion. Ce qui était jusqu’alors invisible entre le champ de vision. Le négatif peut même conduire à une inversion (zong) de ce qui nous apparaissait stable et homogène comme dans le cas du métal fondu en train de devenir liquide. Cuo n’a rien d’une substance (appelant dans les langues européennes des substantifs), d’un principe ni même d’une forme hétérogène. Cuo, ce n’est pas l’autre (encore moins « l’Autre ») mais bien le même qui se transforme et devient, par modulations successives, différent de ce qu’il était. Le wu wei n’est pas un concept. C’est une notion empirique qui s’expérimente dans un processus de dessaisissement et de non affirmation de soi. Ce processus a certes été originellement pensé dans la matrice taoïste de la civilisation chinoise (Lao-Tseu 2002, Tchouang-Tseu 2006) mais il n’est pas cependant indéfectiblement lié à cette dernière. Il a des implications précises sur les méthodes d’observation dans les sciences humaines et sociales et singulièrement sur ce que les anthropologues appellent le regard. C’est un mouvement qui s’effectue dans un mode de temporalité très lent consistant à laisser venir, à ne pas (trop) intervenir, à ne pas opérer un tri parmi les perceptions. Le wu-wei est une attention diffuse non focalisée, non précipitée, non arrêtée et bloquée sur une perception particulière, ce qui risquerait d’anticiper une position et de contrarier le flux d’un processus en cours. La conscience se déleste de toute intentionnalité, de toute finalité, de toute préméditation. Si nous envisageons le wu wei selon la dimension du voir, nous pouvons dire que ce que nous voyons n’est qu’une partie du voir car il y a aussi ce qui nous regarde. Or le regard de l’ethnographie classique tend à ignorer le passif. C’est un regard orienté et concentré. Ce que je vois, je m’en satisfais. D’une part il n’y a pas d’invisibilité. D’autre part il n’y a pas d’autre vectorialité que celle que j’assigne à des « objets ». La chose est entendu, cela va de soi, il n’y a pas lieu d’y revenir : seul existe ce que nous voyons qui est nécessairement devant. Ce qui nous regarde, à l’inverse, est susceptible de remettre en question l’unidirectionnalité du devant. Pour dire les choses autrement, dans une conception positiviste de l’ethnographie, ce qui nous regarde tend à être éliminé. Ce qui nous regarde ne nous regarde pas. À partir de l’expérience d’être regardé que chacun de nous a effectué sur le terrain, il convient alors de délier le voir et l’avoir, le voir et le prendre. Car il existe un voir ethnographique qui peut nous conduire jusqu’aux limites du perdre et du se perdre. Tel me semble être l’attitude du wu wei : nous ne poursuivons pas à proprement parler un but, nous ne visons pas un résultat, nous ne cherchons pas à capter, capturer, maîtriser, saisir, prendre mais à nous déprendre de cette position vectorielle qui est celle de la conquête. Une observation par imprégnation doit être distinguée d’une observation par concentration et fixation. Or nous avons résolument privilégié être concentré sur au détriment d’être absorbé par. La concentration permet certes le discernement mais peut aussi conduire à la discrimination. Wu wei n’est pas pour autant la sidération et encore moins la possession. Ce n’est pas la vigilance sans être pour autant la somnolence. Ce n’est ni l’impatience ni la nonchalance mais ce que j’appellerai une passivité affairée. C’est une attitude qui est assez proche de ce que Rousseau appelle la rêverie : la conscience errante et flottante non orientée vers un but particulier. Ce régime de connaissance (mais d’abord de perception) peut être figuré par un éventail ouvert permettant une amplitude maximum. Une démarche d’observation rigoureuse fécondée par le wu wei consiste à mettre nos perceptions en état d’éveil mais aussi en état de variation continue en ne cherchant pas à les dompter, à les organiser et à les orienter en vue d’un résultat ou d’une résolution finale. Tout doit être considéré et d’abord perçu à égalité et aucun réglage des sensations ne doit être effectué à partir d’une position centrale éliminant ce qui ne serait pas digne d’intérêt. Il y a de la spontanéité dans le wu-wei qui défait ce qui est de l’ordre de l’intention, de la volonté et des illusions du sujet croyant dominer « son » objet et maitriser « son » terrain. Mais cette spontanéité n’a aucune connotation anti-intellectualiste (Confucius 2006). Elle consiste simplement dans une disponibilité à l’évènement. Or force est de constater que la tendance principale de la rationalité scientifique européenne nous apprend à nous engager dans une toute autre direction. Elle est encore tributaire d’un héritage hellénique qui peut être qualifié de thétique au sens grec de témi, poser, affirmer, défendre une position, soutenir une thèse, ce qui peut contribuer à un blocage de l’attention sur une posture exclusive. Cette attitude privilégie la préhension (qui peut devenir prédation), le recueil au détriment de l’accueil, des dispositifs d’objectivation au détriment des dispositions du chercheur, bref des opérations de forçage (consistant à ramener l’inconnu au connu) au détriment de ce que l’on appelle en psychanalyse un processus de frayage. La disponibilité dans l’imprégnation du terrain ne peut être dans ces conditions considérée que comme une invasion, une dispersion et une déperdition de soi. Dans le wu wei, la position affirmative n’est pas à proprement parler congédiée mais suspendue dans une expérience qui n’est plus celle du vieil idéalisme européen de la conscience lucide et de la maîtrise de soi-même et des autres. C’est une attitude qui est faite d’ajustements successifs, de patience et de prudence. Elle ne consiste pas à accepter, mais plutôt à ne pas s’opposer avec précipitation, à s’imprégner de ce qui advient, survient, devient, revient, à laisser agir en soi des situations en perpétuelle transformation. Il convient dans ce qui ne peut plus être exactement considéré comme une perspective mais une ouverture des perceptions de suspendre ce qui est volontaire : non plus adopter une position (de principe) mais s’adapter aux situations. Le wu wei n’est pas un point d’arrivée mais de départ qui peut redonner du souffle à l’anthropologie. Il permet, dans un cheminement long, lent et méthodique, une plus grande marge de manœuvre et est susceptible d’affiner le moment ethnographique de l’anthropologie. Car malgré tout le travail effectué par les fondateurs de notre discipline, la notion même d’ethnographie demeure une notion balbutiante, laissée en friche en marge des constructions théoriques et quelque peu abandonnée épistémologiquement soit à des protocoles fonctionnels soit au bon vouloir de chacun. L’ethnographie se trouve en quelque sorte coincée entre des techniques objectives éprouvées et la bonne volonté. Le wu wei peut débloquer cette situation en ouvrant à des possibles qui n’avaient pas été essayés. Ce que nous apprendrons au contact de la Chine et du Japon est que le réel a un caractère non pas structurel ni à l’inverse pulsionnel, mais pulsatif, processuel, évènementiel et situationnel. Or cette pulsation rythmique de la respiration est aussi la pulsation rythmique de la méthode. Elle a des implications très concrètes en ethnographie et en anthropologie qui ont elles aussi besoin de respirer. L’ethnographie positiviste en effet ne respire pas assez. Elle est arythmique et étrangère au mouvement du vivant fait de flux et de reflux, de traits et de retraits, d’apparition et de disparition alors que ce mouvement même est susceptible d’inspirer la méthode. Quant à l’anthropologie académique, elle s’en tient souvent à une opération de construction dans lequel différents éléments sont assemblés pour constituer une totalité supérieure (Saillant, Kilani, Graezer-Bideau 2011). La voie négative du wu wei n’est pas moins opératoire et n’est pas moins « moderne » que la négativité à la manière de Freud ou d’Ardono. Si nous désencombrons cette notion formée dans la matrice taoïste de significations trop chargées, si nous la libérons de son carcan ésotérique pour la restituer à sa vocation anthropologique, nous nous apercevons que le taoïsme n’a rien d’un théisme. La voie inspirée par le wu wei est celle d’une désubstantialisation et d’une désessentialisation de notre rapport au réel. Elle provoque une déstabilisation mais ne doit pas être confondue avec le relativisme et encore moins avec l’idée occidentale de nihilisme. Elle en est même le contraire. S’imprégner méthodiquement de ce qui est en train de se passer et de passer ne conduit nullement à un renoncement, à la manière bouddhiste d’une dissolution du réel qui aurait un caractère illusoire, mais à une dé hiérarchisation des cultures et à une désabsolutisation des valeurs
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Duarte, Paulo Mosânio Teixeira. "ELEMENTOS PARA O ESTUDO DA PARÁFRASE." Revista Letras 59 (June 30, 2003). http://dx.doi.org/10.5380/rel.v59i0.2852.

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Abstract:
O objetivo deste artigo é analisar a paráfrase, fenômeno sinonímico do domínio da sintaxe, embora submetido a fatores complexos que ultrapassam o plano estritamente estrutural, relativo às formas e aos sentidos. Examinamos o estudo de Fuchs (1982), que reconhece os seguintes tipos de paráfrase: a) o locutivo, dependente da função metalingüística; b) o referencial, ligado à identidade entre as referências; c) o pragmático, subordinado aos atos de fala, especificamente aos valores ilocutórios e perlocutórios; d) o simbólico, ligado aos gêneros textuais e às figuras de linguagem. Analisamos também a noção de correspondência, apresentada nas obras de Perini (1995) e Ilari e Geraldi (1990), para verificar a relação entre essa noção e paráfrase. Constatamos que Ilari e Geraldi estabelecem melhor tal relação, porque ultrapassam o formalismo para admitir uma diferença semântica entre as estruturas correspondentes: a orientação argumentativa. Résumé L’objectif de cet article est analyser la paraphrase, une espéce de phénomène synonymique dans le domaine de la syntaxe, quoique soumis à facteurs complexes surpassant le plan strictement structural, relatif aux formes et aux sens. Nous examinons l’étude de Fuchs (1982), qui reconnait les types suivants de paraphrase: a) locutif, dépendant de la fonction métalinguistique; b) référentiel, lié à l’identité entre les références; c) pragmatique, subordonné aux actes du language, spécifiquement aux valeurs illocutoires et perlocutoires de ces actes; d) symbolique dépendant des genres textuels et des figures de rhétorique. Nous analysons aussi la notion de correspondance, trouvée dans les oeuvres de Perini (1995) et de Ilari et Geraldi (1990), pour vérifier le rapport entre correspondance et paraphrase. Nous constatons que Ilari et Geraldi établissent mieux tel rapport, parce qu’ils outrepassent le formalisme pour admettre une différence sémantique entre les structures correspondantes: la direction argumentative.
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Ginsburgh, Victor, and Shlomo Weber. "Numéro 42 - juin 2006." Regards économiques, October 12, 2018. http://dx.doi.org/10.14428/regardseco.v1i0.15843.

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Abstract:
Les enquêtes menées par la Commission européenne en 2001 montrent que la Flandre est bien plus multilingue que la Wallonie, ce qui est sans doute un fait bien connu, mais la différence est considérable. Alors que 59 % et 53 % des Flamands connaissent le français ou l’anglais respectivement, seulement 19 % et 17 % des Wallons connaissent le néerlandais ou l’anglais. Dans une Europe de plus en plus multilingue, 57 % des Wallons déclarent connaître le français uniquement. On dira que cela va mieux du côté des jeunes. A peine ! Si 12 % des Flamands de moins de 40 ans se déclarent unilingues, ce pourcentage s’élève à 51 % dans la même classe d’âge en Wallonie. Le syndrome d’H ‑ du nom de ce personnage qui a signé le contrat Francorchamps sans très bien le comprendre parce qu’il ne connaissait pas l’anglais ‑ est plus répandu que ce qu’on pouvait croire, et on est en droit de se demander s’il est compatible avec les déclarations de faire de la Wallonie une technopole. Comment exporte-t-on si on ne parle pas la langue des pays importateurs, ou tout au moins l’anglais qui devient, et ce pas nécessairement pour de bonnes raisons ou des raisons que l’on aime, la langue internationale. Mais il n’y a pas que l’anglais. Nous vivons, que nous le voulions ou non, dans un pays bilingue et nombreux sont ceux qui insistent sur la solidarité entre régions. Si le Sud veut vraiment que le Nord reste solidaire, la moindre chose est de connaître sa langue, même si c’est de façon imparfaite, même si le français est une langue plus internationale que le néerlandais et que la logique économique induit naturellement plus de Flamands à apprendre le français que des francophones à connaître le néerlandais. Il faut reconnaître que ces questions ont été ouvertement posées dans le Plan Marshall. Les mesures que celui-ci préconise vont certes dans la bonne direction, mais sont sans doute très insuffisantes pour combler le retard dans un monde qui bouge très vite.
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Ginsburgh, Victor, and Shlomo Weber. "Numéro 42 - juin 2006." Regards économiques, October 12, 2018. http://dx.doi.org/10.14428/regardseco2006.06.02.

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Abstract:
Les enquêtes menées par la Commission européenne en 2001 montrent que la Flandre est bien plus multilingue que la Wallonie, ce qui est sans doute un fait bien connu, mais la différence est considérable. Alors que 59 % et 53 % des Flamands connaissent le français ou l’anglais respectivement, seulement 19 % et 17 % des Wallons connaissent le néerlandais ou l’anglais. Dans une Europe de plus en plus multilingue, 57 % des Wallons déclarent connaître le français uniquement. On dira que cela va mieux du côté des jeunes. A peine ! Si 12 % des Flamands de moins de 40 ans se déclarent unilingues, ce pourcentage s’élève à 51 % dans la même classe d’âge en Wallonie. Le syndrome d’H ‑ du nom de ce personnage qui a signé le contrat Francorchamps sans très bien le comprendre parce qu’il ne connaissait pas l’anglais ‑ est plus répandu que ce qu’on pouvait croire, et on est en droit de se demander s’il est compatible avec les déclarations de faire de la Wallonie une technopole. Comment exporte-t-on si on ne parle pas la langue des pays importateurs, ou tout au moins l’anglais qui devient, et ce pas nécessairement pour de bonnes raisons ou des raisons que l’on aime, la langue internationale. Mais il n’y a pas que l’anglais. Nous vivons, que nous le voulions ou non, dans un pays bilingue et nombreux sont ceux qui insistent sur la solidarité entre régions. Si le Sud veut vraiment que le Nord reste solidaire, la moindre chose est de connaître sa langue, même si c’est de façon imparfaite, même si le français est une langue plus internationale que le néerlandais et que la logique économique induit naturellement plus de Flamands à apprendre le français que des francophones à connaître le néerlandais. Il faut reconnaître que ces questions ont été ouvertement posées dans le Plan Marshall. Les mesures que celui-ci préconise vont certes dans la bonne direction, mais sont sans doute très insuffisantes pour combler le retard dans un monde qui bouge très vite.
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Le Breton, David. "Visage." Anthropen, 2017. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.065.

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Abstract:
Dans la hiérarchie morale de la géographie du corps, le visage (avec les organes sexuels) incarne la valeur la plus élevée. Toute blessure à son propos est vécue dramatiquement à la différence d’atteintes ailleurs dans le corps. On parle de défiguration pour une altération sérieuse du visage, il n’existe aucun équivalent pour les mains, les jambes, la poitrine, etc. La défiguration des traits altère la figuration sociale de l’individu (Le Breton 2014). Dans nos sociétés contemporaines en effet, le visage est le lieu de la reconnaissance mutuelle, le visage est nu et offre au jugement des autres des traits qui identifient. À travers eux nous sommes reconnus, nommés, jugés, assignés à un sexe, à un âge, une couleur de peau, nous sommes aimés, méprisés, ou anonymes, noyés dans l’indifférence de la foule. Entrer dans la connaissance d'autrui implique de lui donner à voir et à comprendre un visage nourri de sens et de valeur, et faire en écho de son propre visage un lieu égal de signification et d'intérêt. La réciprocité des échanges au sein du lien social implique l’identification et la reconnaissance mutuelle des visages, support essentiel de la communication. Dans nos sociétés individualistes, la valeur du visage s’impose là où la reconnaissance de soi ou de l'autre se fait à partir de l'individualité et non sur l'appartenance à un groupe ou à la position au sein d'une lignée. La singularité du visage répond à celle de l'individu, artisan du sens et des valeurs de son existence, autonome et responsable de ses choix. Il n’est plus l’homme ou la femme du « nous autres » comme souvent dans les sociétés traditionnelles, mais du « personnellement moi, je ». Pour que l'individu prenne socialement et culturellement sens, il faut un lieu du corps pour le distinguer avec une force suffisante, un lieu suffisamment variable dans ses déclinaisons pour signifier sans ambiguïté la différence d'un individu à un autre. Il faut le corps comme marque de la limite de soi avec le monde extérieur et les autres, le corps comme frontière de l'identité. Et il faut le visage comme territoire du corps où s'inscrit la distinction individuelle (Le Breton 2016 ; 2014). Nul espace du corps n'est plus approprié pour marquer la singularité de l'individu et la signaler socialement. « Peut-être, dit Simmel, des corps se distinguent-ils à l'œil exercé aussi bien que les visages, mais ils n'expliquent pas la différence comme le fait un visage » (Simmel 1988 : 140). De l’enfant au vieillard, d’un bout à l’autre de l’existence, demeure dans le visage un air de ressemblance, un mystère qui souligne la fidélité à soi. Le visage est signification, traduisant sous une forme vivante et énigmatique l'absolu d'une différence individuelle pourtant infime. Écart infinitésimal, il invite à comprendre le mystère qui se tient là, à la fois si proche et si insaisissable. Il demeure unique parmi l'infini des déclinaisons possibles sur un même canevas simple. L'étroitesse de la scène du visage n'est en rien une entrave à la multitude des combinaisons. Une infinité de formes et d'expressions naissent d'un alphabet d'une simplicité déconcertante : des mimiques construites par l’éclat et la direction du regard, un front, des lèvres, etc. Certes, le visage relie à une communauté sociale et culturelle par le façonnement des traits et de l'expressivité, ses mimiques et ses mouvements renvoient à une symbolique sociale, mais il trace une voie royale pour démarquer l'individu et traduire son unicité. Plus une société accorde de l'importance à l'individualité, plus grandit la valeur du visage. Sans visage pour l’identifier n’importe qui ferait n’importe quoi, tout serait égal, la confiance serait impossible, l’éthique n’aurait plus aucun sens. Un individu masqué devient un invisible, n’ayant plus de compte à rendre à personne puisque nul ne saurait le reconnaitre. Comme le dit ironiquement un personnage de Kôbô Abé, dans La face d’un autre, il « n’y aurait plus ni voleur, ni agent de police, ni agresseur, ni victime. Ni ma femme, ni celle de mon voisin ! ». Poursuivant sa rêverie, il imagine la commercialisation d’une multitude de masques, et il en déduit la subversion qui saisirait le lien social. Doté de ces masques, nul ne saurait plus qui est qui, avec même la possibilité de changer de masques plusieurs fois par jour. La notion d’individu se dissout au profit de celle de personne (persona : masque, en latin). Impossible de concevoir un monde sans visage sans l’appréhender comme un univers de chaos. Pour fonder le lien social il faut la singularité des traits pour que chacun puisse répondre de ses traits et être reconnu de son entourage. Un monde sans visage, dilué dans la multiplicité des masques, serait un monde sans coupable, mais aussi sans individus. La valeur à la fois sociale et individuelle qui distingue le visage du reste du corps se traduit dans les jeux de l'amour par l'attention dont il est l'objet de la part des amants. Il y a dans le visage de la personne aimée un appel, un mystère, et le mouvement d’un désir toujours renouvelé. Les amants peuvent ainsi se perdre dans une longue contemplation. Mais les significations qui les traversent sont inépuisables. Les yeux demeurent toujours au seuil de la révélation et se nourrissent de cette attente. Le visage parait toujours le lieu où la vérité est en imminence de dévoilement. Et sans doute, la fin d'une relation amoureuse pour un couple témoigne-t-elle aussi de la banalité mutuelle qui a saisi les visages, l'impossibilité dès lors de quêter le mystère sur les traits de l'autre. Le sacré s’est peu à peu profané au fil de la vie quotidienne, il a perdu son aura. Mais tant que l'intensité du sentiment demeure, le visage se livre à la manière d'une clé pour entrer dans la jouissance de ce qu'il est. Là où l'amour élève symboliquement le visage, la haine de l'autre s'attache à le rabaisser, à le piétiner. Parce qu’il est le lieu par excellence du sacré dans le rapport de l'homme à soi et à l'autre, il est aussi l'objet de tentatives pour le profaner, le souiller, le détruire quand il s'agit d'éliminer l'individu, de lui refuser sa singularité. La négation de l'homme passe de manière exemplaire par le refus de lui accorder la dignité d'un visage. Des expressions courantes le révèlent : perdre la face, faire mauvaise figure, ne plus avoir figure humaine, se faire casser la figure ou la gueule, etc. L'insulte animalise le visage ou le traîne dans la boue : face de rat, gueule, trogne, tronche, etc. De même le propos du raciste mondain évoquant avec complaisance le « faciès » de l'étranger, et ne pensant pas un seul instant que d’autres pourraient parler de lui dans les mêmes termes. Seul l’autre a un faciès. Ce sont là autant de procédures de destitution de l'homme qui exigent symboliquement qu'on le prive de son visage pour mieux le rabaisser. La volonté de suppression de toute humanité en l'homme appelle la nécessité de briser en lui le signe singulier de son appartenance à l'espèce, en l'occurrence son visage. L’exercice de la cruauté est favorisé par le fait d’animaliser l’autre, de le bestialiser, de le destituer de son humanité, à commencer par le fait de lui dénier un visage afin de mieux le voir comme un « pou », un « insecte », une « vermine », un « rat »... L’autre est d’une espèce radicalement étrangère et ne relève plus de la condition humaine, il n’y a plus aucun obstacle au fait de le torturer ou de le tuer. Le racisme pourrait se définir par cette négation et l'imposition d'une catégorie dépréciative qui définit par défaut tout individu à la manière d'un « type » et indique déjà la conduite à tenir à son égard (« le Juif », « l'Arabe », etc.). La différence infinitésimale qui distingue l’individu singulier et le nomme, est anéantie. Privé de visage pour dire sa différence, il se mue en élément interchangeable d'une catégorie vouée au mépris. On lui prête seulement ce masque déjà funéraire qu'est le portrait-robot, ou la caricature comme ces physiognomonies raciales qui eurent leur période de gloire lors du nazisme, mais continuent insidieusement à répandre leur prêt-à-penser. L’autre n’a plus visage humain. Il a le physique de l’emploi, comme dit l’adage populaire. Son sort en est jeté : ses dehors physiques révèlent son intérieur moral et disent dans le vocabulaire de la chair son tempérament, ses vices cachés, ses perfidies. Toute l’entreprise physiognomonique ou morphopsychologique vise à détruire l’énigme du visage pour en faire une figure, une géométrie, et finalement un aveu (Le Breton 2014). La sagacité prétendue du physiognomoniste lève le masque. Son ambition est de dégager en une formule la vérité psychologique de l'homme ou de la femme assis devant lui. Après l'avilissement du visage, il ne reste qu'à passer aux actes. Le racisme n'est jamais pure opinion, mais anticipation du meurtre qui commence déjà dans le fait de la liquidation symbolique du visage de l’autre.
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Ashai, Doreen Tsotsoo, Seth Evans Kwakye, Faustina Nana Yaa Boatemah, and Evelyn Dede Oboshie Annan. "MOTIVATION AND ITS INFLUENCE ON TASK PERFORMANCE IN A WORKPLACE: A STUDY OF ACCESS BANK GHANA / LA MOTIVATION ET SON INFLUENCE SUR L'EXÉCUTION DES TÂCHES SUR UN LIEU DE TRAVAIL : UNE ÉTUDE D'ACCESS BANK GHANA." European Journal of Human Resource Management Studies 7, no. 1 (October 12, 2023). http://dx.doi.org/10.46827/ejhrms.v7i1.1577.

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Abstract:
<p>Motivation plays a crucial role in the growth and development of organizations. Employees perform better when they are motivated to carry out the assigned responsibilities. Against this backdrop, this study sought to examine the relationship between motivation and task performance. The first objective was to examine if there were any gender variations in task performance among Bank employees. The second goal of the study was to investigate how motivation affects task performance. The third goal of the study was to investigate how both internal and external factors affected task performance. This study utilized a quantitative approach and a purposive sampling technique to sample 103 participants. A structured questionnaire was used in collecting data from 103 respondents. The findings suggested that there were no gender differences concerning the level of task performance. Motivation had a positive influence on task performance. The study also found through a multiple regression that internal motivation had a more positive influence on task performance than external motivation. Based on the findings, the study recommended that the management of Access Bank should endeavour to redesign new policies which will ensure that primary intrinsic motivational factors are identified and implemented as that has the propensity to enhance the performance of tasks by employees.</p><p>La motivation joue un rôle crucial dans la croissance et le développement des organisations. Les employés sont plus performants lorsqu'ils sont motivés à assumer les responsabilités qui leur sont assignées. Dans ce contexte, cette étude visait à examiner la relation entre la motivation et la performance des tâches. Le premier objectif était d’examiner s’il existait des variations selon le sexe dans l’exécution des tâches parmi les employés de la Banque. Le deuxième objectif de l’étude était d’étudier comment la motivation affecte la performance des tâches. Le troisième objectif de l’étude était d’étudier comment les facteurs internes et externes affectaient l’exécution des tâches. Cette étude a utilisé une approche quantitative et une technique d'échantillonnage raisonné pour échantillonner 103 participants. Un questionnaire structuré a été utilisé pour collecter les données auprès de 103 répondants. Les résultats suggèrent qu’il n’y avait aucune différence entre les sexes concernant le niveau d’exécution des tâches. La motivation a eu une influence positive sur l’exécution des tâches. L’étude a également révélé, grâce à une régression multiple, que la motivation interne avait une influence plus positive sur l’exécution des tâches que la motivation externe. Sur la base des résultats, l'étude a recommandé que la direction d'Access Bank’s'efforce de repenser de nouvelles politiques qui garantiront que les principaux facteurs de motivation intrinsèques sont identifiés et mis en œuvre, car ils ont tendance à améliorer l'exécution des tâches par les employés.</p><p> </p><p><strong> Article visualizations:</strong></p><p><img src="/-counters-/soc/0011/a.php" alt="Hit counter" /></p>
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Kilani-schoch, Marianne. "Langue et culture." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.017.

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Abstract:
La vaste littérature (linguistique, psycholinguistique, ethnolinguistique, etc.) des XXe et XXIe siècles sur la relation entre langue et culture montre d'importantes variations dans la conception et l'approche de la problématique. Au cours des années 1930, la question du relativisme linguistique a été stimulée par l'hypothèse Sapir-Whorf (Carroll 1956) selon laquelle les structures et catégories linguistiques d'une langue influent sur la pensée et la culture de ses locuteurs, voire même les structurent ou les déterminent. Comme la conception structuraliste dominante de l'époque ne réservait guère de place aux pratiques culturelles, la réflexion autour du relativisme linguistique a d'abord impliqué principalement les systèmes: système linguistique, et plus précisément grammatical et sémantique, d'une part, et système cognitif comme ensemble de concepts ou représentations mentales, d'autre part (voir par exemple plus récemment Wierzbicka 1991 et la critique de Kristiansen et Geeraerts 2007 parmi d'autres, cf. aussi Jackendoff 2007), délaissant ainsi un aspect important de la perspective de Whorf sur la culture (Bickel 2000: 161-163). A partir des années 60, l'importance accordée à la recherche sur les universaux linguistiques et cognitifs a éloigné une bonne partie de la linguistique de toute préoccupation impliquant la diversité sociale et culturelle, et par là même, de l'hypothèse du relativisme linguistique. Par exemple, une étude célèbre de Berlin et Kay (1969) a argué que le lexique des couleurs dans les langues était déterminé par des contraintes universelles sur la perception visuelle. Cette étude a largement contribué à discréditer l'hypothèse Sapir-Whorf. Ces vingt-cinq dernières années cependant, les recherches linguistiques se sont réorientées dans le sens de l'empirie (cf. Sidnell et Enfield 2012) et la question whorfienne a été reprise. Toute une série de travaux linguistiques et psycholinguistiques ont développé des méthodes expérimentales pour évaluer les conséquences cognitives de la diversité linguistique. Par ex. Choi et Bowerman (1991) et Lucy (1992), pour ne citer qu'eux, ont mis en évidence de façon spectaculaire des différences de perception et de catégorisation d'actions et d'objets chez de très jeunes enfants et chez des adultes selon les langues. D'autres travaux, dont l'orientation est plus directement anthropologique, s'intéressent, au-delà des systèmes, aux affinités entre les usages langagiers et les formes culturelles des pratiques sociales (Bickel 2000: 161 ; Hanks 1990 ; Gumperz et Levinson 1996). Une partie importante d'entre eux ont porté sur les manières différentes dont les catégories grammaticales des langues encodent certains aspects des relations et contextes sociaux et culturels. Par exemple, dans de nombreuses langues du monde, la deixis spatiale correspond à la grammaticalisation de coordonnées géographiques, c'est-à-dire est définie par une orientation absolue (personnes et objets sont obligatoirement localisés aux points cardinaux ou en haut, en bas ou au-delà de la colline où les locuteurs vivent, Bickel 2000), et non par une orientation relative comme dans la plupart des langues indo-européennes (ex. Paris rive droite). Or, comme Bickel (2000: 178-9) l'a montré avec l'exemple du belhare (langue tibéto-birmane du Népal), cette grammaire de l'espace est associée à l'expérience directe de l'espace social dans les interactions. En s'attachant aussi à expliciter le rôle de la culture, plus précisément des pratiques culturelles (au sens d'habitus de Bourdieu) dans le relativisme linguistique, Bickel recentre la perspective: il montre qu'entre pratiques culturelles, pratiques linguistiques et cognition, l'influence est réciproque et non unidirectionnelle. Les opérations de schématisation auxquelles les pratiques sociales sont nécessairement sujettes influencent directement la cognition. En retour les principes universels de la cognition peuvent influer sur les formes linguistiques et culturelles. Sidnell et Enfield (2012) ouvrent un autre domaine d'application du relativisme linguistique avec les différentes ressources conversationnelles que les langues mettent à disposition des locuteurs pour effectuer un même type d'action sociale dans l'interaction, tel manifester son accord ou son désaccord avec l'interlocuteur. Ils montrent que les propriétés structurales (ordre des mots, particules, etc.) constitutives de ces ressources ont des implications différentes sur la suite de l'interaction elle-même, et, selon la langue, entraînent notamment la clôture de l'échange ou au contraire sa continuation par un développement thématique. De telles différences induites par la réalisation d'actions langagières identiques sont considérées comme des "effets collatéraux" inévitables de la diversité dans les possibilités structurales offertes aux locuteurs par chaque langue pour réaliser leurs rôles d'agents sociaux. Ces effets collatéraux de moyens linguistiques sur les actions sociales (mais néanmoins linguistiques, voir le commentaire de Duranti 2012 qui suit l'article cité) relèveraient aussi du relativisme linguistique Notons ici que le projet de l'ethnographie de la communication, dès 1960, avait déjà fait de la diversité culturelle dans les formes de communication et la manière dont ces formes de communication interfèrent avec les systèmes et pratiques culturels son objet d'étude (Gumperz et Hymes 1964). La contribution pionnière de Gumperz (1989) dans l'intégration de la culture à l'analyse de l'interprétation en conversation, consiste notamment à avoir mis en évidence les conventions culturelles des indices linguistiques à l'aide desquels les locuteurs signalent au cours de l'interaction le type d'activité sociale dans lequel ils sont engagés, ainsi que l'interprétation à donner à leurs énoncés. Par exemple, les indices prosodiques (direction de la courbe intonative, accentuation) pour marquer la fin ou la continuation d'un tour de parole, une requête polie, etc. varient selon les langues. Le dernier aspect à évoquer dans la reprise de l'hypothèse Sapir-Whorf est la complexification et différenciation de la notion même de pensée, selon que le locuteur est engagé ou non dans des activités langagières. Slobin (2003) distingue le processus "en ligne" consistant à "penser pour parler" (thinking for speaking). Ce mode de pensée ou activité du locuteur sélectionnant les caractéristiques des objets et événements codables dans sa langue, manifeste comment les exigences des langues conduisent les locuteurs à prêter attention à des aspects différents et particuliers de la réalité. La schématisation qui préside aux énoncés est ainsi spécifiée par chaque langue et guidée par elle. Slobin illustre le concept de "penser pour parler" avec l'expression linguistique du mouvement qui en anglais, par exemple, encode la notion de mode de déplacement dans le verbe principal (the dog ran into the house), à la différence du français qui n'encode cette notion que secondairement ou accessoirement (le chien est entré dans la maison [en courant]) et lui préfère celle de direction du déplacement. En résumé, la diversité culturelle et sociale, préoccupation principale de l'anthropologie, a retrouvé une place de choix dans la réflexion linguistique contemporaine et l'hypothèse du relativisme linguistique connaît un renouveau. Mais cette diversité n'est pas pensée comme sans contraintes, la nature précise des éléments universaux ou communs restant cependant à établir (voir par ex. Malt et Majid 2013).
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Li, Vivian W., James Lam, Pam Heise, Robert D. Reid, and Kerri A. Mullen. "Implementation of a Pharmacist-Led Inpatient Tobacco Cessation Intervention in a Rehabilitation Hospital: A Before-and-After Pilot Study." Canadian Journal of Hospital Pharmacy 71, no. 3 (June 27, 2018). http://dx.doi.org/10.4212/cjhp.v71i3.2584.

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Abstract:
<p><strong>ABSTRACT</strong></p><p><strong>Background: </strong>Inpatient rehabilitation presents a unique opportunity for smoking interventions, given the typical lengths of stay, the relevance of smoking to the admission diagnosis of many patients, and the occurrence of nicotine withdrawal during the hospital stay.</p><p><strong>Objective: </strong>To evaluate the feasibility of implementing a pharmacist-led version of the Ottawa Model for Smoking Cessation (OMSC) program at a rehabilitation hospital, using the indicators of reach, effectiveness, adoption, and implementation.</p><p><strong>Methods: </strong>A before-and-after pilot study was conducted. Smoking cessation data were collected from 2 cohorts of eligible smokers identified during 4-month periods before (control) and after (intervention) implementation of the OMSC program. Control participants received usual care (i.e., no cessation intervention). Intervention participants received initial in-hospital smoking cessation support (counselling and nicotine replacement therapy), inpatient follow-up during the hospital stay, and 3 months of postdischarge follow-up calls, with all aspects led by hospital pharmacists.</p><p><strong>Results: </strong>Among all patients admitted to participating inpatient rehabilitation units during the 2 study periods, smoking prevalence was 7.8% (127/1626). After exclusions, deaths, and withdrawals, 111 patients were retained for analysis: 55 in the control group and 56 in the intervention group. The overall mean age of participants was 64.9 (standard deviation [SD] 14.3) years, with a mean smoking history of 35.0 (SD 24.8) pack-years. There were no significant differences between groups in terms of baseline characteristics. Self-reported abstinence rates (determined 3 months after discharge) were higher after compared with before implementation of the OMSC program: for continuous abstinence, 16/56 (28.6%) versus 9/55 (16.4%), <strong>_</strong>2 = 4.462, <em>p </em>= 0.035; for 7-day point prevalence abstinence, 21/56 (37.5%) versus 10/55 (18.2%), <strong>_</strong>2 = 6.807, <em>p </em>= 0.009.</p><p><strong>Conclusions: </strong>Implementation of the OMSC program at a large rehabilitation hospital was feasible and led to an increase in 3-month smoking abstinence. This study provides preliminary evidence to support inclusion of smoking interventions as part of inpatient rehabilitation care.</p><p><strong>RÉSUMÉ</strong></p><p><strong>Contexte : </strong>La réadaptation des patients hospitalisés représente une occasion unique de procéder à des interventions de désaccoutumance du tabac, notamment en raison de la durée habituelle des séjours, du rapport entre le tabagisme et le diagnostic posé à l’admission, et de la survenue du syndrome de sevrage de la nicotine durant le séjour.</p><p><strong>Objectif : </strong>Étudier la possibilité de mettre en oeuvre une version dirigée par des pharmaciens du programme Modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabac (MOAT) dans un centre de réadaptation en employant les indicateurs pour la portée, l’efficacité, l’adoption et la mise en oeuvre.</p><p><strong>Méthodes : </strong>Une étude pilote avant-après a été menée. Des données sur la désaccoutumance ont été recueillies auprès de deux cohortes de fumeurs admissibles qui ont été repérés pendant des périodes de quatre mois avant (groupe témoin) et après (groupe expérimental) la mise en oeuvre du programme du MOAT. Les participants du groupe témoin ont reçu les soins habituels (c.-à-d. sans intervention de désaccoutumance). Les participants du groupe expérimental ont reçu un soutien initial à l’hôpital pour la désaccoutumance du tabac (des conseils et un traitement de remplacement de la nicotine), un suivi pendant le séjour à l’hôpital, et des appels de suivi pendant les trois mois suivant le congé, le tout sous la direction de pharmaciens d’hôpitaux.</p><p><strong>Résultats : </strong>Parmi l’ensemble des patients admis dans les unités de réadaptation participantes au cours des deux périodes de l’étude, la prévalence du tabagisme était de 7,8 % (127/1626). Mis à part les exclusions, les décès et les abandons, 111 patients ont été retenus pour l’analyse : 55 dans le groupe témoin et 56 dans le groupe expérimental. L’âge moyen des participants était de 64,9 (écart-type de 14,3) ans et leur antécédent de tabagisme moyen était de 35,0 (écart-type de 24,8) paquets-années. Aucune différence significative n’a été relevée entre les groupes en ce qui touche aux caractéristiques de base. Les taux d’abstinence autodéclarée (déterminée 3 mois après le congé) étaient plus élevés après la mise en oeuvre du programme du MOAT : pour une abstinence continue, 16/56 (28,6 %) contre 9/55 (16,4 %), <strong>_</strong>2 = 4,462, <em>p </em>= 0,035; pour une abstinence ponctuelle de sept jours consécutifs, 21/56 (37,5 %) contre 10/55 (18,2 %), <strong>_</strong>2 = 6,807, <em>p </em>= 0,009.</p><p><strong>Conclusions : </strong>La mise en oeuvre du programme du MOAT dans un important centre de réadaptation a été possible et a mené à une amélioration de l’abstinence du tabac à trois mois. Cette étude donne des résultats préliminaires en appui à l’inclusion d’interventions de désaccoutumance du tabac aux soins de réadaptation de patients hospitalisés.</p>
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Dominguez, Virginia. "US anthropologie." Anthropen, 2020. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.132.

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Abstract:
Il est à la fois attendu et surprenant que l’American Anthropological Association (AAA) fonctionne en anglais à l’heure actuelle et qu’elle l’ait fait dans une très large mesure au fil des ans. Dans le premier cas, cela s’explique par trois raisons : un, c’est la principale association d’anthropologues des États-Unis et ce pays est un pays dont le gouvernement, la formation et le commerce sont dominés par l’anglais; deux, il s’agit d’une association dont la majorité des membres sont anglophones et dont beaucoup n’ont que peu, voire aucune expérience en matière de présentation d’exposés professionnels ou même d’enseignement dans une langue autre que l’anglais; trois, alors que dans les premières années de l'association, les États-Unis étaient moins dominants qu'aujourd'hui, et que le français était souvent enseigné à l'école et considéré comme la langue de la « culture », l'anglais demeurait néanmoins la langue dominante dans l'empire britannique. Dans le deuxième cas, il est quand même surprenant que l’American Anthropological Association ait fonctionné et fonctionne toujours seulement en anglais, alors que de nombreux anthropologues basés aux États-Unis étudient une deuxième, et peut-être même une troisième langue, afin d’effectuer leur travail de terrain. C'est le cas de la plupart des anthropologues socioculturels, de la quasi-totalité des anthropologues linguistiques et de nombreux archéologues anthropologues. Cela semble moins l’être parmi les anthropologues biologiques. La question est donc de savoir pourquoi toutes ces langues ne sont utilisées que dans le cadre de la recherche sur le terrain et pourquoi l’anglais demeure l’unique langue de l’American Anthropological Association. Pour y répondre mettons cela dans une perspective plus large. À ma connaissance, et même à celle des membres de longue date de l'AAA, l'anglais est non seulement la langue de l’Association, mais également celle de sa principale conférence annuelle et de ses principaux journaux et bulletins d'information (incluant les bulletins trimestriels) : American Anthropologist, American Ethnologist, Cultural Anthropology, Medical Anthropology Quarterly (le journal de la société d’anthropologie médicale), Ethos (le journal de la Society for Psychological Anthropology) et, enfin, Anthropology and Education Quarterly (le journal de la Society for Anthropology and Education). Ce monolinguisme est intéressant à relever, sachant par ailleurs que les États-Unis se considèrent comme une société immigrée et, au fil des ans, de nombreux Américains n’ont pas du tout parlé anglais ou ne l’ont pas parlé couramment, et qu’au moins un sixième de la population des États-Unis est d'origine latino-américaine, dont une partie ne parle pas l'anglais comme langue maternelle ou ne parle pas confortablement cette langue. De sorte que si l’AAA devait refléter les pratiques linguistiques et les expériences des habitants des États-Unis, cette association ne serait pas aujourd’hui monolingue, pas plus qu’elle ne l’a été au XXe siècle. Si nous examinons d’autres sociétés anthropologiques du monde, nous constatons que cette situation n’est pas spécifique à l’AAA. Nous avons ainsi l’exemple de la Société canadienne d’anthropologie (CASCA), mais aussi ceux de l’Association européenne des anthropologues sociaux (EASA/l’AESA) et de l’Union internationale des sciences anthropologiques et ethnologiques (IUAES/l’UISAE). En effet, ce qui est de jure n'est pas nécessairement de facto et toutes ces associations anthropologiques illustrent bien cette tendance à l’usage exclusif de l’anglais. Anthropologica, le journal de l'association canadienne, est officiellement bilingue anglais français, mais la majorité des soumissions sont en anglais. De même, l’EASA/l'AESA, fondée il y a près de 30 ans au moins en partie pour contrer l'AAA et pour permettre des présentations en anglais et en français, voit ses conférences bisannuelles devenir au fil des ans des conférences largement anglophones, avec peu de panels ou même de présentations en français. Et quelque chose de similaire est arrivé à l'IUAES, à tel point que Miriam Grossi, responsable du congrès de l’IUAES de 2018 à Florianopolis, au Brésil, s'est efforcée d'autoriser les présentations non seulement en anglais et en français, mais également en espagnol et en portugais. Le fait est que beaucoup de personnes aux États-Unis et ailleurs pensent que « tout le monde parlant anglais », les anthropologues américains n'auraient pas besoin de maîtriser (ou même d'apprendre) une langue autre que l'anglais. Il y a à peine un an, l'un de nos étudiants de troisième cycle m'a demandé pourquoi ils devaient encore être soumis à des examens en langues étrangères. J'ai été étonnée de la question, mais j'ai simplement répondu que pour des raisons éthiques et politiques, si nous incitons d’autres personnes à apprendre l’anglais suffisamment bien pour présenter leurs travaux universitaires en anglais, et pas seulement pour le parler, nous devons prendre la peine de leur rendre la pareille en apprenant d’autres langues que l’anglais. Il existe clairement une incohérence entre la politique déclarée de la communauté des anthropologues américains – telle qu’elle est représentée par le AAA et de nombreux départements universitaires, si ce n’est tous – et leurs pratiques sur le terrain. Une profession qui tient à dire qu'elle étudie toute l'humanité et se soucie de tous les groupes humains et de toutes les communautés est une profession de foi qui devrait se préoccuper des langues de tous les groupes humains et de toutes les communautés, y compris des politiques d'utilisation de ces langues. Comme on l’a relevé ci-dessus, la plupart des anthropologues socioculturels, presque tous les anthropologues linguistiques et de nombreux archéologues anthropologistes apprennent sur le terrain des langues, mais ils ne les étendent pas à leurs enseignements, à leurs conférences ou leurs publications. Ed Liebow (Directeur exécutif de l’AAA) me l'a confirmé lorsque je lui ai demandé par courrier électronique si l'AAA avait, à sa connaissance, des politiques linguistiques officielles. Ce dernier a ajouté qu’après l’examen des dossiers du Conseil Exécutif de l'AAA, remontant au début des années 1970, l’une de ses collègues lui a précisé qu’elle n'avait trouvé aucune résolution concernant les langues autres que l'anglais dans l’AAA, à la seule exception de la revue American Anthropologist. C’est ainsi que, tôt au cours de ce siècle, sous la direction de Tom Boellstorff, rédacteur en chef de l'époque de l’American Anthropologist, les auteurs ont été invités à inclure des résumés dans un maximum de deux langues autres que l'anglais. Sous la direction du rédacteur en chef Michael Chibnik et plus récemment de Deborah Thomas, l’American Anthropologist a proposé d’inclure les manuscrits originaux, avant leur traduction en anglais, sur un site Web associé à la revue. Malgré ces bonnes intentions, cela ne s’est pas encore concrétisé. Pour sa part, la Société pour l’Amérique latine et les Caraïbes (SLACA), une section de l’AAA, a périodiquement permis aux universitaires de présenter leurs communications en espagnol. Enfin d’autres rédacteurs de revues, comme ce fut mon cas lorsque j’étais éditrice responsable de l’American Ethnologist entre 2002 et 2007, autorisent théoriquement la soumission de manuscrits dans des langues autres que l'anglais et, dans certains cas, envoient même ces manuscrits à des collègues pour examen, mais cela ne se produit que dans les cas où l'éditeur estime que la chance de trouver des pairs examinateurs capables d’évaluer un manuscrit dans ces langues (telles que l'espagnol) est grande, et le manuscrit est toujours traduit en anglais pour publication. Bref, nous, les anthropologues américains, sommes justement accusés d'hégémonisme linguistique, car nous insistons pour que l'anglais soit la langue prédominante dans les publications et les présentations dans les colloques et congrès scientifiques. Cela désavantage les chercheurs dont l'anglais n'est pas la langue maternelle, les pairs examinateurs ne pouvant s'empêcher d'être influencés par les nuances du style discursif. De plus, les revues anglophones en anthropologie ont de loin les facteurs d’impact les plus importants, reflétant (même imparfaitement) la fréquence avec laquelle les publications de langue anglaise sont citées et influençant du coup la pensée des chercheurs à travers le monde. Nous savons par ailleurs combien la publication dans une des revues de l’AAA est recherchée par les universitaires. L’un des récents moyens que nous avons développé pour corriger ce biais consiste dans un nouvel instrument – le référentiel ouvert de recherche en anthropologie, The Open Anthropology Research Repository (OARR), qui servira de plateforme accessible au monde entier pour déposer des documents de recherche, des rapports techniques, des présentations de conférences, des plans de cours, dans n'importe quelle langue. À la différence de Researchgate et Academia.edu, qui appartiennent à des sociétés commerciales et exploitent activement les données des utilisateurs pour promouvoir l'utilisation et la vente de publicité, l'OARR est construit avec l'aide d'un groupe consultatif international composé de l'Union mondiale d'anthropologie (WAU), de l’Institut royal d'anthropologie (RAI), de l’Association américaine des anthropologues physiques (AAPA), de la Société pour l'archéologie américaine (SAA), de la Société pour l'anthropologie appliquée (SfAA) ainsi que de la Société linguistique d'Amérique. Le but étant d’élargir la diffusion du savoir.
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Laurent, Pierre-joseph, and Lionel Simon. "Ruse." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.037.

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Abstract:
En Occident, la ruse (en tant que raison raisonnée, délibérée, contextuelle) fut progressivement, et surtout depuis Descartes, reléguée aux oubliettes d’une rationalité calculatrice, économique, quantitative. La raison rusée semble survivre, dans nos sociétés, à la périphérie des rapports sociaux, de manière indicible, voir inaudible, car nous n’aurions plus les mots pour en saisir les vertus. Déclassée, bien souvent considérée comme suspecte face aux principes de la démocratie, nous en avons perdu la compréhension, à la suite d’un rapprochement analogique entre la ruse et l’idée de mal. Ainsi, dans la Grèce antique, la raison possédait à la fois un volet d’une intelligence pratique rusée, la Mètis (Detienne et Vernant 1974), considérée comme un support du politique, et un autre fait de rationalité calculatrice. Progressivement l’esprit de calcul triomphera du raisonnable et deviendra le mode de pensée hégémonique en Occident (Latouche 2004). La bonne ruse, soit celle qui était impliquée dans la gestion de la Cité (Vernant et Vidal-Naquet 1992) et donc dans la politique, a été considérée comme une pratique obsolète : floue et ambiguë, la ruse serait devenue indigne de la raison. Dès lors en Occident, les seules ruses reconnues seraient plutôt les fourberies. Celles-ci prennent la forme de calculs, de stratégies et d’abus. L’intelligence rusée se retrouve ici au service d’une efficacité sans principe éthique, c’est-à-dire sans discernement ni prudence. Dans ce sens, la fourberie a fréquemment rendez-vous avec la corruption et les pratiques maffieuses. Si la trajectoire du concept de ruse tend à dévoiler une tension entre deux types de raison, elle exprime aussi une tension entre deux épistémologies. Courtois-l’Heureux (2009) pointe dans les travaux de Certeau une manière particulière d’envisager les phénomènes sociaux. La ruse, en tant que concept analytique, rompt avec une épistémologie quantitative. Face aux approches statistiques et sociologiques de sociétés aux facettes supposées quantifiables, la ruse introduit le détournement, rompt la verticalité définissant l’axe de propagation d’une « culture » sur des individus. Si la ruse parait comme l’opposé et l’opposant de la rationalité, c’est que là où cette dernière veut encadrer les phénomènes, la première s’en joue et les déjoue. Elle introduit dans l’analyse le contextuel, le local, le particulier, la déclinaison. Elle focalise sur la manière dont les individus usent « d’arts de faire » au quotidien, détournent, se dérobent, se jouent, bricolent avec ce qui semble s’imposer à eux. Elle s’intéresse à toutes les distorsions que les locaux, en sourdine, font subir à tout ce qui leur échappe en apparence. La ruse rattache ainsi chaque phénomène au local, focalise l’attention sur les déclinaisons particulières ; elle se concentre sur le contexte, sur la vitalité et la créativité d’un détournement. La ruse enclenche une approche pragmatique des manières de faire et de dire (ou de ne pas faire et de ne pas dire). En cela, la ruse est un concept susceptible d’éclairer de multiples réalités. Cela parce qu’elle se niche dans de nombreuses pratiques, quotidiennes ou occasionnelles. Elle est l’art de jouer avec l’inattendu. Elle est dissimulée dans les rapports sociaux, et peut être explicite dans des récits cosmogoniques, reconnue comme le trait archétypique de certains animaux ou d’êtres mythologiques ; elle peut motiver une attitude particulière envers des divinités, voire encore opérer dans une relation maîtrisée et silencieuse avec la nature (Artaud 2013). Ainsi, si on ruse avec le fort (ou le plus fort que soi) – souvent pour tourner sa force contre lui-même – on ruse en général avec tout ce qui parait se passer de nous pour fonctionner et se mettre en place. Mais c’est sa dimension politique qu’elle évoque le plus spontanément, éclairant d’un jour singulier les usages populaires du pouvoir. La ruse se tisse en effet dans l’ombre des hiérarchies sociales et donc du pouvoir. À l’instar du don qui survit à l’échange marchand (sur le rapport entre don, dette et ruse, voir Laurent 1998), la ruse semble résister aux effets de la globalisation. La ruse populaire, de nature tactique, largement spontanée, indicible, voire parfois inconsciente, ne peut pas être assimilée tout de go à de la fourberie mal intentionnée. Il doit exister une différence irréductible entre l’idée de la ruse digne, comprise ici comme un détournement, dans le sens de « tourner dans une autre direction » et la corruption qui renvoie à un enrichissement personnel à partir d’une place d’autorité (Laurent 2000). La ruse populaire participe pleinement à la construction de l’identité des groupes dominés, comme une manière originale de traiter avec le pouvoir et d’accéder à des ressources. Ceci renvoie à une façon de se mouvoir dans un environnement qui n’est pas possédé en propre (de Certeau 1990, 1994) ; que fait-on, lorsque l’espoir d’accéder aux biens de consommation est grand, mais que ceux-ci resteront inaccessibles, dès lors qu’on participe à des mutations techniques, technologiques, sociales, culturelles, politiques, etc. comme derrière une vitrine ? La ruse est une arme au service du faible. Son efficacité est sa discrétion. L'ordre en place, abusé par l'universalité de son explication du monde, ne peut s'imaginer être joué par un sens pratique. Celui-ci demeure inaudible, invisible, indicible, inavouable pour qui, du dehors, ne partage pas le secret des "coups" et des bricolages. La ruse populaire appartient dans une forte mesure à des groupes situés à la marge de l'ordre établi. Elle troque l'absence de lieu propre, c'est-à-dire la possession d'un espace sur lequel imposer son autorité, son hégémonie, ses décisions, contre le temps, celui de l'occasion, du braconnage, de l'affût, de la dérobade (de Certeau 1990, 1994). La ruse synthétise trahison, intelligence, finesse, secret, subtilité, comédie, mensonge, discrétion. Les actions populaires rusent par une invention quotidienne qui se compose d'une pratique du "coup par coup", c'est-à-dire de l'acuité à se saisir de l'occasion et de la transformer en opportunité, d'un fort sentiment d'autonomie vis-à-vis de l'ordre institué qui peut s'exprimer par de l'indocilité, de la résistance et de l'élaboration de réseaux de relations institués à la faveur de dons, du recours et de la dépendance réciproque (dans le sens ici de prestations et de contre-prestations). La ruse, si elle procède d'un calcul évident, n'en demeure pas moins une élaboration caractérisée par une logique situationnelle. Elle constitue l’arme privilégiée des pratiques populaires, car elle est la manière la plus sûre de cadrer ou de parer au flux événementiel. Déploiement stratégique et anticipatif de plusieurs facteurs contextuels, elle devient une disposition, une manière de poser un regard teinté d’opportunisme sur les alentours pour y dénicher des opportunités (Simon 2012). Les Peuls, guidés par leurs troupeaux à travers les pâturages sahéliens, incarnent par excellence l'idée de "l'ailleurs dans le dedans" (de Certeau 1990, 1994). Le peuple peul ne possédant pas à proprement parler de lieux propres, opère sur le territoire de l'autre. Traversant des régions où vivent des agriculteurs sédentaires, les pasteurs se sentent toujours étrangers, c'est-à-dire extérieurs aux sociétés côtoyées, mais profitant de leurs pâturages. Le sommet de la ruse est atteint lorsque le grand génie Gaari-Jinne conseille au jeune couple peul de dérober chez les voisins ses premières vaches pour constituer son troupeau, avec certes une infinie prudence et avec toutes les formes requises (Le Pichon et Balde 1990). La notion de jamfa - traduit par le mot trahison - se trouve au cœur du pulaaku, c'est-à-dire de l'identité peul. Le jamfa constitue une éclatante démonstration de la capacité d'un peuple à se trouver toujours "ailleurs", c'est-à-dire jamais là où on croit le rencontrer. Il est ici question de survie. La notion de jamfa se situe au cœur du mythe fondateur de la société peul et comme le montre Vidal-Naquet à propos des éphèbes de la Cité, la ruse est consubstantielle aux cadets ou à ces groupes dominés (Vidal-Naquet 1992). Le pasteur peul ne s'oppose pas, le rapport de force ne penche pas en sa faveur, il ruse. Il traverse des espaces qui ne lui appartiennent pas en propre, mais dont il tire sa subsistance. Ceci illustre parfaitement en quoi consiste cet art du dominé, capable de se jouer d’un contexte a priori défavorable. Le champ de l’aide, des projets, de l’assistance, du bénévolat met par définition en contact des acteurs souvent étranger l’un pour l’autre. C'est par exemple le cas des paysans mossi du Burkina Faso et des offreurs d’aide de la coopération au développement. Pour comprendre les relations s’établissant entre ces deux groupes, il convient de s’écarter du discours officiel et du registre de la justification, pour prendre en considération l'informel des pratiques et apercevoir l'inédit qui se tapit au cœur de l'ordre institué par les dispositifs de l’aide (Laurent 1998). Le monde de l’aide, des projets, de la coopération, est aussi celui de la recherche de « la participation des populations bénéficiaires à la base » (souvent appelé dans le jargon de la coopération au développement « les partenaires »). Il est alors utile de se demander ce qui se passe lorsque deux « socio-logiques » se croisent (Latour 1989). Selon Hume « on ne peut établir des normes de justice abstraites et formelles qu’entre gens à peu près égaux. » (Hume 1993). Autrement dit, la négociation entre des partenaires issus de mondes différents, dont les uns aident et les autres reçoivent, sera généralement difficile à établir pour ne pas dire, a priori, impossible, sans autres artifices. Pour analyser le vaste secteur de l’aide, mieux vaut partir de l’absence d’un véritable partage des règles d’un jeu commun. Ceci conduit à la mise en spectacle, en forme de trompe-l’œil, des croyances (normes et valeurs) des donateurs par « les aidés ». La communication entre offreurs d’aide et bénéficiaires repose d’emblée sur une asymétrie qui peut conduire à des malentendus. Elle s'établit à l'insu des évidences, des stratégies et des "projets" des offreurs d'aide (Bourdieu 1980) et à la faveur de la perception du décalage, pour ne pas parler de l’inadéquation de l'offre, dans l'invisibilité, l'ambiguïté, la ruse, l'esquive, la tactique, l'occasion, le bricolage des bénéficiaires ou des « aidés ». Autrement dit, les offreurs d’aide, parfois abusés par l’évidence de leurs propositions d’actions, s’imaginent collaborer avec des partenaires, animés des mêmes perspectives qu’eux. Sachant que l’aide hiérarchise et subordonne, les donateurs n’entrevoient pas vraiment l’existence de l’autre scène régie par d’autres conventions. Cette situation conduit à des équivoques. Les acteurs locaux - à défaut de maîtriser par eux-mêmes le jeu - miment une adhésion aux conventions des offreurs d’aide, en vue d’accéder aux ressources offertes, sans pour autant partager les mêmes valeurs et avec le risque de les détourner à leurs propres fins, afin de les rendre compatibles avec leurs stratégies de survies.
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Tremon, Anne-christine. "Tribut." Anthropen, 2020. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.129.

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Abstract:
Le tribut peut être défini comme le prélèvement d’un surplus par une entité, le plus souvent étatique, détentrice du pouvoir. Il en est le socle, puisque son prélèvement finance les infrastructures (routes, canaux, ou encore systèmes d’irrigation), mais aussi l’appareil administratif et militaire. La forme la plus générale du tribut est celle de la taxation, mais le prélèvement peut aussi en prendre d’autres : corvées, monopoles étatiques sur certains biens, nationalisations, et même cadeau offert par un citoyen à un fonctionnaire d’État (Yan 1996), ou encore par un État tributaire à une puissance hégémonique. Par ces prélèvements, des richesses privées sont généralement transformées (ou sont censées l’être) en biens et services procurés par la puissance extractrice. L’attention réduite versée par l’anthropologie économique au tribut tient probablement à ce qu’il échappe aux grandes dichotomies que celle-ci a échafaudées, et qui continuent à la préoccuper, même si c’est dans le but de les dépasser. Sa singularité le place hors du radar du sous-champ de l’anthropologie en raison de la focalisation de celle-ci sur deux statuts des choses et des transactions, présentés comme étant plus ou moins étanches : le don et la marchandise. Il ne relève pas du domaine des marchandises, puisque les mécanismes d’extraction du tribut ne s’inscrivent pas dans les rapports de production capitalistes. Il n’appartient pas non plus à la sphère du don contre-don maussien, caractérisée par la réciprocité. Parce qu’il échappe aux logiques du marché et qu’il permet l’existence d’une économie redistributive (l’État-providence), le tribut s’apparente pourtant à l’économie du don plutôt qu’à l’économie marchande. La distinction proposée par Alain Testart (2007) entre don et échange (marchand et non marchand) permet d’affiner la définition du tribut. Selon Testart, le don est un transfert non exigible impliquant la renonciation à tout droit sur le bien transféré et sans attente de contrepartie autre que morale, alors que l’échange est un transfert dont la contrepartie est juridiquement exigible. Or les corvées, amendes et taxes de toutes sortes sont dépourvues de la contrainte de contrepartie, mais elles sont exigibles. Alain Testart nomme ce type de prestation « transfert du troisième type, t3t »; il se distingue du don en ce qu’il est exigible, et de l’échange en ce qu’il est dépourvu de contrepartie juridiquement exigible. Le tribut en est un, et probablement le principal (la plupart des t3t correspondent au tribut, à l’exception de certains transferts spécifiques tels que le versement d’une pension alimentaire). On pourrait donc, en amendant l’appellation de Testart, avancer que le tribut est un « t3t » c’est-à-dire un transfert du troisième type en direction ascendante dans la hiérarchie. La clarification conceptuelle opérée par Testart et son prolongement par François Athané (2011) sont importantes et nécessaires. Il paraît toutefois judicieux d’intégrer le brouillage habituel des catégories à l’analyse de la notion, puisqu’il est en lui-même significatif. En effet, si le tribut n’est pas un don selon la définition de Testart, il peut en prendre l’apparence, être présenté comme un abandon librement consenti. Et s’il ne donne pas lieu à une contrepartie exigible, il est néanmoins souvent justifié au nom d’une contrepartie rendue sous forme de services. Les manipulations et justifications morales et idéologiques dont il fait l’objet doivent donc être intégrées à sa définition. On y reviendra après avoir examiné la place qu’a tenu le tribut dans les écrits des anthropologues. Outre son statut particulier au regard des autres formes de prestation qui ont davantage été au cœur de leurs préoccupations, le don ainsi que les échanges non marchands, la centralité de la notion de réciprocité a relégué à l’arrière-plan les « dons » hiérarchiques ainsi que toutes les formes de transferts unilatéraux obligatoires. C’est sans doute de la part des anthropologues travaillant avec le concept marxiste de mode de production que le tribut a reçu le plus de considération. Samir Amin a résumé dans une formule efficace ce qui distingue le mode tributaire du mode capitaliste : dans le second, le pouvoir est mis au service de l’accumulation de richesses, tandis que dans le premier, ce sont les richesses qui sont mises au service de l’accumulation de pouvoir (Amin 2011). Eric Wolf (1982) a déployé ce distinguo pour examiner comment le mode de production capitaliste s’est étendu sur la surface du globe avec l’expansion impériale européenne, entrant en contact avec des modes de production « basés sur la parenté » ou « tributaires » qui prévalaient chez les populations non européennes. Les anthropologues ont abandonné les approches en termes de mode de production pour deux ensembles de raisons. La première est l’économicisme sous-jacent à la caractérisation typologique de sociétés selon leur mode de production dominant, qui réduit ainsi « des sociétés entières à de simples réserves de main d’œuvre » et ignorant leurs « formes de vie » (Friedman 1987, 84). Wolf entendait pourtant précisément éviter une telle dérive typologisante, entendant en faire un outil pour « révéler les relations politico-économiques qui sous-tendent, orientent et contraignent l’interaction » (1982, 76). L’emploi qu’en fait Emmanuel Terray (1995) dans son étude de la genèse du royaume abron met d’ailleurs en relief l’articulation entre modes de production tributaire, esclavagiste, capitalistique et domestique d’une manière qui n’a rien d’évolutionniste. La seconde raison est l’eurocentrisme qui conduit à faire du mode de production capitaliste un facteur déterminant de la trajectoire singulière de l’Europe et explicatif de sa domination sur le reste du monde. Ce dernier n’aurait su résister à l’agression européenne parce que son mode d’organisation économique, qu’il soit basé sur la parenté ou sur le tribut, aurait provoqué un retard et une faiblesse qui l’auraient rendu vulnérable aux incursions de l’impérialisme capitaliste européen. Cette thèse s’applique tout particulièrement à la Chine. C’est dans un sens à la fois non évolutionniste et non eurocentrique que Hill Gates (1996) a proposé une lecture de l’histoire de la Chine sur une durée d’un millénaire basée sur l’idée d’une articulation entre modes de production tributaire (MPT) et « capitalistique ». Le MPT est le mode de production de l’État impérial chinois, dont la classe des fonctionnaires lettrés prélève un surplus sur les classes productives (paysans, petits capitalistes, travailleurs) à travers des taxes et des corvées. Contrairement à ce qu’avait pu écrire Marx à propos du « mode de production asiatique », l’État chinois n’était pas inerte ni immobile mais animé par la tension entre des tendances, plus ou moins affirmées selon les époques, à l’accumulation capitalistique, ainsi que les réponses en provenance de la classe dirigeante qui cherchait à les contenir à l’intérieur du cadre de la puissance tributaire (Gates1996 : 273). Les lignages des propriétaires terriens qui produisaient en partie pour le marché, ou les marchands, tout particulièrement ceux qui participaient au commerce étranger, agissaient en tant que capitalistes; « toutefois, leur influence n’a jamais été suffisante pour désarçonner le pouvoir tributaire et permettre à une véritable classe capitaliste d’émerger (Gates1996 : 112). Dans le dernier chapitre de son ouvrage, Gates suggère que la Chine contemporaine demeure caractérisée par un mode tributaire, maintenu par les révolutionnaires communistes et qui continue à modeler les relations entre citoyens ordinaires et officiels chinois (1996 : 269). Ellen Hertz (1998) s’appuie sur les propositions de Gates pour interpréter la fièvre qui s’est emparée de la première bourse ouverte à Shanghai au début des années 1990, signe de la transition chinoise vers le capitalisme initiée dix ans plus tôt, et qui a vu s’opposer le pouvoir « des masses » au pouvoir étatique. Cette opposition peut être expliquée par la tension entre un mode de production capitalistique (les petits porteurs) et le mode de production tributaire (l’État). Ce dernier, agissant à la manière d’un seigneur tributaire, a cherché à canaliser l’épargne de ses citoyens de façon à soutenir son économie en transition. Gates concilie le sens élargi de la notion de tribut tel que présenté en introduction et le sens restreint que lui confèrent les historiens mais aussi ceux d’entre les anthropologues qui se sont intéressés à sa dimension cosmologique et civilisationnelle. En effet, le système tributaire a été constitutif de l’empire chinois, qui était conçu sur le plan cosmologique comme un « royaume territorial bordé de suzerains tributaires » (Feuchtwang 1992 :26, cf. également Sahlins 1994). Les origines des fengshan, désignation officielle des cérémonies au cours desquelles le tribut était versé, sont incertaines. Ils seraient apparus sous les Zhou orientaux (771-256 av. J-C.), c’est-à-dire durant la période des Printemps et Automnes, suivie par celle des Royaumes combattants. C’est à partir de la dynastie Tang (618-907) que le système tributaire s’est renforcé, et il s’est maintenu jusqu’au Qing. En échange du tribut (gong), les tributaires recevaient les faveurs (enci) de l’empereur au même titre que les vassaux internes. Wang Mingming souligne que la relation à l’État engagée dans le « mode de production » selon Gates est la même que celle qui relie la cour impériale au monde extérieur (2012 : 345). Réciproquement, Gates indique que le mode tributaire est inséparable de la totalité de la cosmologie civilisationnelle chinoise (1996 : 21). Ce sont précisément ces dimensions idéologiques et cosmologiques du tribut qui rendent compte de l’ambiguïté relative à son caractère volontaire ou contraint. De fait, c’est précisément l’existence d’un ordre hiérarchique dicté par les impératifs catégoriques de la cosmologie impériale, qui permet de comprendre non seulement le consentement au paiement du tribut mais même son caractère désirable, et qu’il fait qu’il peut prendre l’apparence d’un don, ou être présenté comme tel par le contributeur (cf Trémon 2019 pour un cas contemporain chinois). C’est aussi cette dimension cosmologique qui explique sa grande proximité avec le sacrifice. Tribut et sacrifice se distinguent par le fait que l’un constitue un transfert direct et le second un transfert indirect (Werbner 1990 : 272) à une entité supérieure. Robertson Smith, dont les écrits ont inspiré ceux de Durkheim et Mauss sur le sacrifice, avait suggéré que le sacrifice aux divinités ou aux ancêtres serait apparu chez les tribus nomadiques du désert du Sinaï sous la forme de la consommation sacrificielle de l’animal totémique, mais que ce sacrifice primitif aurait ensuite, avec la sédentarisation et sous l’action de l’État, suivi le modèle du tribut versé au chef ou au roi dans les sociétés hiérarchisées (Robertson Smith 1889 : 266-267 cité in Scubla 2005 : 147). Si cette proposition relève de la pure spéculation, normative qui plus est puisqu’elle est avancée par Robertson Smith dans un souci de démonstration de la supériorité du sacrifice chrétien, la distinction ainsi esquissée offre matière à penser : le sacrifice originel n’aurait rien d’un don, n’ayant pris cette forme que dans les sociétés à pouvoir centralisé, et le tribut le serait bien davantage, mais il serait dépourvu de l’idée de violence expiatoire associée au sacrifice. C’est pourquoi l’on ne saurait entièrement suivre la définition par David Graeber du tribut, placé dans la troisième catégorie d’une tripartition entre « communisme », « échange » et « hiérarchie » (dans une discussion précédente des modes de production (2006), il avait ignoré le mode tributaire). Celle-ci correspond d’assez près à celle proposée par Alain Testart (don, échange et t3t). Cependant, la façon dont il caractérise le tribut comme relevant de la pure contrainte violente exercée par l’État (2014 : 74) paraît insatisfaisante. Ceci tient en partie à ce que, à la différence de Testart, il établit les distinctions sur les bases de « modes de moralité », qu’il entend substituer aux « modes de production ». S’en tenant uniquement à une acception historiquement lointaine du « tribut » (il n’aborde pas l’impôt moderne), la définition morale qu’il en donne ne rend paradoxalement pas compte du consentement à l’impôt (elle n’explique que la résistance). Le tribut obéit selon lui à la logique du précédent, puisqu’un don offert à une puissance pour la première fois devient ensuite exigible d’année en année. Le tribut est donc un échange devenu transfert en raison des (fausses) promesses de contrepartie qui ont conduit à l’institutionnalisation du système. Cependant, ce qui fait toute la complexité du tribut est qu’il s’agit en effet d’un transfert exigible sans contrepartie exigible, mais qu’une contrepartie n’en est pas moins attendue. Nous pensons à la contrepartie de ce que nous versons à l’État. François Athané déconsidère cette façon de penser, qu’il juge inévitable et légitime, mais qui n’est qu’une « façon de penser et de parler » (2011 : 190) dont il conviendrait de ne pas tenir compte parce qu’elle viendrait polluer l’analyse. La contrepartie n’est jamais exigible dans le double sens où elle ne saurait pas toujours être appuyée par le droit, et où elle ne serait de toute manière pas mesurable (comment calculer la part de ce que je reçois en retour pour mes impôts?). Il n’en demeure pas moins que sans cette attente de réciprocité, les révoltes fiscales seraient bien plus nombreuses. C’est pourtant une façon de penser et de parler qui est chargée de sens et lourde de conséquences. C’est bien parce que des services et biens publics sont produits au moyen des prélèvements que la relation tributaire est rarement remise en cause, et réciproquement, que des révoltes fiscales apparaissent lorsque les services et biens publics ne paraissent pas remplir l’attente de contrepartie. Ces services et biens étant généralement essentiels à la reproduction sociale (au sens des anthropologues, cf. entre autres Weiner 1980), on pourrait réactualiser la notion en substituant à « modes de production » la notion de « modes de reproduction » (marchande, tributaire, etc.) (Trémon 2019 : chap. V). De même, la notion de « relation tributaire » à l’État inclut à la fois le tribut en tant que type de transfert (par contraste avec le don et l’échange) et la relation morale et idéologique qu’elle engage avec le destinataire du tribut. La notion de tribut est ainsi élargie au-delà des contextes historiques spécifiques des systèmes tributaires interétatiques centrés sur un hégémon, et dépouillée de ses relents eurocentriques et évolutionnistes – comme l’a souligné Jack Goody (2006 : 121), qui invitait dans son dernier livre à réactualiser le programme de recherche lancé par Eric Wolf, les États tributaires se trouvant « à l’ouest comme à l’est », et peut-on ajouter, au nord comme au sud
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Auger, Reginald, and Allison Bain. "Anthropologie et archéologie." Anthropen, 2016. http://dx.doi.org/10.17184/eac.anthropen.030.

Full text
Abstract:
Les parcours sinueux qu’ont suivis l’anthropologie et l’archéologie en Amérique du Nord depuis une cinquantaine d’années démontrent des intérêts convergents pour la connaissance et l’explication du comportement humain et cela avec des méthodes de recherche de plus en plus divergentes. L’anthropologie qui a émergé des milieux intellectuels aux États-Unis au XIXe siècle avait pour origine l’intérêt pour la compréhension des populations autochtones de l’Amérique; de cet intérêt pour l’humain, se sont développés des outils pour comprendre le comportement qui se cachait derrière le geste posé. Dès le début, l’anthropologue s’intéressait aux comportements et l’archéologue documentait les traces du geste posé. De cette proximité entre l’anthropologie et l’archéologie qui s’est concrétisée par la création du Bureau of American Ethnology à la fin du XIXe siècle, il était naturel de placer la formation en archéologie au sein de départements d’anthropologie dans les universités aux États-Unis et au Canada. Malgré l’apparence initiale d’un champ unifié et d’un terrain partagé entre l’anthropologie et l’archéologie, la pratique s’est transformée pour devenir tout autre au fil des ans. Au milieu du XXe siècle, l’archéologie commence à remettre en question sa relation avec les interprétations fonctionnalistes des anthropologues (Trigger 2006 : 363-372). La première figure à souligner le problème de l’inéquation entre les résultats de la recherche archéologique et la théorie en anthropologie fut Walter Taylor (1948) dans son livre A Study of Archaeology. Taylor, le relativiste, exposa son penchant pour le particularisme historique dans une approche qu’il identifie comme étant conjonctive; pour ce chercheur iconoclaste, l’historiographie comptait pour beaucoup. L’approche conjonctive consistait à établir des corrélations entre différents types de données dans des contextes historiques et culturels spécifiques afin de faire le pont entre des particularités historiques (les collections archéologiques) et des données anthropologiques. La méthodologie qu’il proposait impliquait la vérification d’hypothèses par l’analyse de la composition et de la structure des collections archéologiques. L’objectif central de cette approche visait à mettre de l’avant des études contextuelles détaillées qui permettraient d’adapter des hypothèses générales sur la culture à des données spécifiques. Dans sa formulation de l’approche conjonctive en archéologie et la vérification d’hypothèses, Taylor reconnaissait qu’une réflexion critique était nécessaire puisque l'archéologue travaillait dans le présent. En dépit de la richesse des collections archéologiques et constatant le danger qui planait sur l’archéologie si nous avions continué à publier des listes d’attributs de nos objets au lieu d’interpréter la culture matérielle comme étant la trace du comportement humain, dans un geste de médiation entre l’anthropologie et l’archéologie, Binford (1962) publiait son article portant le titre Archaeology as Anthropology. Comme il le signale dans son introduction son article qui faisait suite à un ouvrage venant d’être publié par Willey et Phillips (1958) où l’on mentionne clairement que l’archéologie américaine « c’est de l’anthropologie ou rien du tout ». Ce geste d’éclat dans une période charnière de l’enseignement de l’archéologie dans les universités nord-américaines allait donner naissance à un nouveau paradigme que l’on appela la New Archaeology aussi connue sous le nom d’archéologie processuelle. Un tel changement de paradigme venait en contradiction avec les pratiques européennes en matière d’archéologie préhistorique, notamment celles de l’École de Bordeaux et de François Bordes, son membre le plus influent, qui avait réussi à imposer sa vision sur le sens de la variabilité des outils en pierre du paléolithique moyen (Bordes 1961; 1984). Dans sa thèse de doctorat intitulée The Bordes-Binford Debate: Transatlantic Interpretive Traditions in Paleolithic Archaeology, Melissa C. Wargo (2009) présente une analyse en profondeur des modes de pensée qui diffèrent entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Essentiellement, le raisonnement traditionnel voulait que l’apparition d’une nouvelle culture archéologique (de nouveaux types) puisse signifier la manifestation d’un nouveau groupe de personnes, un groupe ethnique détectable avec les outils de l’archéologie. C’est ce que nous apprenions à la lecture des travaux de François Bordes sur les changements technologiques observés au paléolithique moyen. Lorsque Binford est parvenu à étudier les mêmes collections, il proposa des interprétations toutes autres. Ainsi, alors que pour Bordes, des outils différents représentent des groupes différents; si l’ensemble de l’assemblage ne peut être attribué à un groupe avoisinant, peut-être alors que certains éléments peuvent l’être. Et si de tels parallèles peuvent être établis, l’approche de Bordes a pour corollaire que c’est là le lieu d’origine de la population à l’étude et que nous serions en présence d’une diffusion de traits culturels à partir de la migration d’un groupe ethnique. Pour Binford, la différence dans la composition des assemblages devrait plutôt être interprétée comme étant le résultat d’adaptations; pour ce chercheur, les assemblages archéologiques sont des coffres d’outils adaptés pour une fonction particulière. Nonobstant la grande quantité de statistiques accumulées, Binford, de son propre aveu, admit qu’il fut incapable d’expliquer ce qu’elles signifiaient. En d’autres mots, il avait beaucoup d’information sur le présent mais ne pouvait l’expliquer par manque d’analogie avec le passé. En dépit de ces différences d’opinion, l’utilité de la typologie de Bordes réside dans le fait qu’elle fournissait un langage descriptif; cette typologie a cependant été par la suite rejetée par certains chercheurs qui considéraient que la définition des types de François Bordes était inadéquate parce que trop subjective. Pire encore, Bordes a été accusé d’incorporer dans ses interprétations des hypothèses non vérifiées sur les capacités cognitives des hominidés durant le paléolithique moyen. De nos jours, nos analyses de la technologie visent à remplacer cette approche typologique de Bordes par une méthode s’appuyant sur la combinaison d’attributs dont la description porte davantage sur le comportement. De toute évidence, le débat entre le promoteur de la New Archaeology et la figure de proue de l’archéologie française et son approche taxonomique en pierre a permis de mettre en évidence un malaise profond sur la façon dont le passé devrait être interprété. Ce débat est aussi emblématique de traditions scientifiques différentes entre l’Europe et l’Amérique du Nord. C’est dans ce contexte intellectuel que sont nés des départements d’anthropologie associant l’anthropologie culturelle, l’anthropologie biologique, la linguistique et l’archéologie. Ces quatre champs sont apparus à des moments bien précis de l’histoire des universités nord-américaines mais de nos jours, la réalité de l’anthropologie est devenue beaucoup plus complexe (Bruner 2010). Un étudiant en archéologie peut avoir des besoins de formation en géographie, en histoire, en géologie, en botanique, en biologie, en ethnohistoire, en systèmes d’information géographique, en informatique, etc. alors qu’un étudiant en anthropologie pour atteindre un niveau de compétence élevé pourrait avoir besoin de formation en histoire, en science politique, en sociologie, en art, en littérature, en théorie critique, etc. Malgré que les besoins aient grandement changé depuis la création des départements d’anthropologie, les structures académiques sont demeurées statiques. La protection des départements d’anthropologie dans leur configuration actuelle des quatre champs relève le plus souvent des politiques universitaires. Ainsi, même si les professeurs étaient d’accord qu’il serait intellectuellement plus profitable de scinder ces gros départements, la question de diviser les départements d’anthropologie en unités plus petites qui feraient la promotion de l’interdisciplinarité dans les sciences humaines et sociales n’est pas envisagée dans la plupart des universités nord-américaines (Smith 2011). Au milieu de cette tourmente, se sont développés un certain nombre de départements et de programmes d’archéologie en Amérique du Nord. De là est née une discipline émancipée du joug des structures trop rigides et se donnant un ensemble de méthodes de recherche qui lui étaient propres. La trajectoire conceptuelle empruntée par ceux-ci a permis de remonter au-delà du geste et de la parole en retenant une classe cohérente de concepts explicatifs développés, certes en anthropologie, mais raffinés et adaptés au contact de l’archéologie et d’autres disciplines en sciences humaine et sociales et sciences de la nature. Cette indépendance intellectuelle de l’anthropologie s’est notamment affirmée par des collaborations entre l’archéologie et la philosophie des sciences (Kelly et Hanen 1988; Salmon 1982; Wylie 2002; Wylie et Chapman 2015). La croissance de l’intérêt pour les explications processuelles des données archéologiques chez plusieurs archéologues nord-américains fut motivée par le fait que les néo-évolutionistes en anthropologie mettaient trop l'accent sur les régularités dans les cultures. Les concepts utilisés en archéologie processuelle exerçaient une influence significative sur notre discipline et l’adoption de cette approche théorique était d’autant plus attrayante car les variables proposées se présentaient comme des causes majeures de changements culturels et relativement accessibles à partir des vestiges archéologiques. Cette approche s'intensifia et donna de nouvelles directions aux tendances déjà présentes en archéologie préhistorique. Dans ce changement de paradigme qui donna naissance au courant de la Nouvelle Archéologie en Amérique du Nord et à un moindre degré au Royaume-Uni, l’accent était placé sur la vérification d’hypothèses sur les processus culturels comme outils d’explication du passé. De la position qu’elle occupait comme l’un des quatre sous-champs de l’anthropologie ou encore, de celle de servante de l’histoire, l’archéologie est devenue l’un des plus vastes champs du monde académique (Sabloff 2008 : 28). En plus d’avoir trouvé son ancrage théorique dans les sciences sociales et humaines, l’archéologie, attirée par les techniques et méthodes fraie régulièrement avec les sciences physiques et les sciences de la nature. En se donnant ses propres méthodes de collecte et d’analyse pour l’examen de cultures distinctes et en poursuivant avec des comparaisons interculturelles, la discipline cherchait à mieux comprendre les cultures qui se sont développées à travers le temps et l’espace. Puisque l’objet d’étude de l’archéologie porte sur les traces de groupes humains dans leur environnement naturel et leur univers social, les questions qu’elle se pose sont fondamentales à l’histoire de l’humanité et pour répondre à de telles questions elle s’est dotée de méthodologies d’enquête qui lui sont propres. L’utilisation d’équipements sophistiqués pour déterminer la composition chimique des résidus lipidiques incrustés sur un outil en pierre taillée ou encore, les recherches sur la composition physico-chimique de la pâte d’une céramique sont des techniques visant à répondre à des questions d’ordre anthropologique. Le quand et le comment du passé sont relativement faciles à identifier alors que pour découvrir le pourquoi l’archéologue fait souvent appel à l’analogie ethnographique, une méthodologie issue de l’insatisfaction des archéologues à l’endroit des travaux en anthropologie culturelle (David et Kramer 2001). Une autre méthodologie est celle de l’archéologie expérimentale qui s’intéresse à la fabrication et à l’usage des outils (Tringham 1978), méthode similaires à celle de l’ethnoarchéologie. L’expérimentation à partir d’outils fabriqués par le chercheur et les banques de données provenant d’expérimentations contrôlées servent alors d’éléments de comparaison pour interpréter la forme des assemblages archéologiques (Chabot et al. 2014) est au centre de la méthode préconissée. Le développement de l’ethnoarchéologie durant les années 1970 aurait inspiré Binford (1981) lorsqu’il mit de l’avant l’utilisation de théories de niveau intermédiaire pour établir un lien entre ses données archéologiques et les théories de niveau supérieur sur le comportement. Sa décision semble avoir reposé sur les développements de l’approche ethnoarchéologique et ses propres terrains ethnoarchéologiques chez les Nunamiut de l’Alaska (Binford 1978). D’autres orientations théoriques ont vu le jour au cours des années 1960–1970 et ont fait la distinction entre différentes approches matérialistes par rapport à des schémas évolutionnistes antérieurs. Par exemple, Leslie White (1975) adopta une forme de déterminisme technologique très étroit qui reflétait une croyance en la technologie comme source de progrès social. Julian Steward (1955) envisagea un déterminisme écologique moins restrictif alors que Marvin Harris (1968) y voyait un déterminisme économique encore plus large. Pour ces quelques positivistes le rôle que l’archéologie se devait de jouer était d’expliquer la culture matérielle du passé. Quant à l’archéologue Lewis Binford (1987), il soutenait que l’étude des relations entre le comportement humain et la culture matérielle ne devrait pas être le rôle central de l’archéologie puisque selon lui, les données ne contiendraient aucune information directe sur les relations entre le comportement humain et la culture matérielle. Dorénavant, les données archéologiques se devaient d’être comprises par elles-mêmes, sans avoir recours à des analogies ethnographiques. Cette dernière approche voulait clairement établir de la distance entre l’archéologie, l’anthropologie culturelle, l’ethnologie et peut-être les sciences sociales en général ; son mérite était peut-être, justement, d’éviter les réductionnismes et les analogies rapides entre explications anthropologiques et assemblages archéologiques. Dans la même veine, d’autres remises en question sont apparues durant les années 1980 avec les travaux d’Ian Hodder (1982; 1985) sur la validité des certitudes positivistes qui avaient été le fonds théorique et empirique des adeptes de la New Archaeology. Depuis cette réflexion sur l’essence même de l’archéologie, Hodder a reconnu qu’une position critique est fondamentale face à l’objet d’étude; naquit alors le courant théorique post-processuel en archéologie. Dans son cheminement pour découvrir la signification des vestiges qu’elle étudie, l’archéologie post-processuelle s’appuie sur des études détaillées permettant d’adapter des hypothèses générales sur la culture à des données spécifiques en exploitant la diversité des sources; cette direction du courant post-processuel en archéologie porte le nom d’archéologie contextuelle. Comme tout changement de paradigme apporte avec lui son lot de détracteurs, l’archéologie post-processuelle a été immédiatement accusée d’une trop grande subjectivité interprétative voire, de déconstructionisme. Les autres orientations placées sous le label archéologie post-processuelle incluent : le structuralisme, le néo-marxisme, l’archéologie cognitive, la phénoménologie, et d’autres encore Ainsi l’individu, l’agent ou l’acteur et son intentionnalité devrait être au centre des interprétations dans la théorie post-processuelle. Nous pouvons conclure que l’examen de la relation entre l’anthropologie et l’archéologie en Amérique du Nord a permis de constater que, depuis ses débuts, l’archéologie dans cette région du monde a vécu une liaison relativement tumultueuse avec l’anthropologie. Cette condition, souvent problématique, a vu naître, au Canada d’abord, des groupuscules d’archéologues avec des intérêts divergents qui se sont distanciés des paradigmes qui dominaient les départements d’anthropologie pour former des départements d’archéologie ou des programmes d’archéologie autonomes des programmes d’anthropologie. Sur les chemins empruntés ces nouveaux départements sont entrés en relation avec les départements de sciences naturelles, notamment, la géographie, avec laquelle les archéologues ont partagé un ensemble de concepts et de méthodes. Il en a résulté un enseignement de l’archéologie nettement interdisciplinaire et faisant appel à des méthodes quantitatives pour comprendre la culture matérielle dans son environnement naturel et expliquer son milieu culturel à partir de concepts empruntés aussi bien aux sciences humaines qu’aux sciences naturelles.
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