Galibou, Gaëlle. "La face cachée de l'emploi de chargée d'attribution : le développement de compétences professionnelles spécifiques par l'expérience des situations de travail." Electronic Thesis or Diss., Antilles, 2024. http://www.theses.fr/2024ANTI1081.
Abstract:
Aujourd’hui encore, dans un contexte de crise sociale, de fortes évolutions institutionnelles et réglementaires, les modalités d’intervention des bailleurs sociaux en matière d’insertion par le logement sont interrogées. L’emploi de chargée d’attribution (CA) dans le département de la Martinique, exercé essentiellement par des femmes, est au cœur du fonctionnement de ces opérateurs immobiliers. Ces professionnelles, dont l’intervention se situe entre celle du travailleur social et celle de l’agent immobilier, ont pour principale mission l’instruction des demandes de logements sociaux à partir d’un entretien client. Elles évoluent dans un environnement de travail complexe et dynamique (Rogalski, 2003 ; Vinatier, 2009 ; Hoc et al., 2006 ; Amalberti, 2001a) où il est difficile de figer stricto sensu des règles d’actions communes pour toutes les tâches prescrites. En toile de fond, la quête de réponses à un questionnement a motivé notre démarche didactique : comment apprennent-elles le métier sans l’existence d’une formation ni d’un diplôme spécifique préalable ? Quelles sont les manières de faire, les compétences qui semblent les plus optimales ? Y a-t-il plusieurs manières de faire équivalentes pour une même situation ? Comment cela s’apprend-il ? Qu’apprennent-elles ? De quelle pratique experte s’agit-il ? Y a-t-il une pratique pour chaque organisation de travail ? Ou encore existe-t-il une pratique professionnelle identique dans des organisations de travail différentes ? Pouvons-nous parler de modèle d’expertise ? Pouvons-nous en définir un ? Leur activité peu documentée est soumise à de multiples tensions génériques d’une part et spécifiques au contexte martiniquais d’autre part. Dans ce secteur professionnel, l’apprentissage se réalise en situation de travail (Mayen, 2012). Les notions d’activité et d’apprentissage sont ainsi étroitement liées. L’intérêt majeur de cette recherche doctorale est de la conduire dans un contexte en mutation (évolution de la législation, des organisations de travail, etc.). Or, l’analyse du travail montre à quel point les contraintes notamment temporelles, maîtrise recherchée du temps afin de gagner en efficacité, rendent difficiles la mutualisation des connaissances et de l’expérience de ces professionnelles. Il s’agit précisément de comprendre comment elles apprennent dans et par l’activité d’entretien client. Notre recherche, inscrite dans le champ disciplinaire de la didactique professionnelle, se caractérise par l’intention générale d’appréhender les exigences de travail (Mayen et al., 2010) pour ensuite comprendre comment elles s’y prennent pour exercer (Mayen, 2005). Nous tenterons d’apporter des réponses à la question de savoir si elles construisent des conceptualisations professionnelles et surtout lesquelles car il y a toujours un certain niveau de conceptualisation, pour faire face aux situations rencontrées (Mayen, 2012). L’environnement de travail, les situations d’imprévus, d’empêchement (Clot, 2010) ou de résolutions de difficultés sont autant d’éléments qu’il convient de prendre en compte pour conduire une analyse du travail des CA. L’enjeu scientifique est donc de permettre d’élargir les recherches sur les classes de situations jusque-là réalisées en didactique professionnelle sur les métiers de service. Il s’agit également de faire connaître à un large public l’activité de ces intervenantes du logement social<br>Against a backdrop of social crisis and major institutional and regulatory changes, the ways in which social landlords can intervene today to promote integration through housing are still being questioned. The job of allocation officer (CA) in the department of Martinique, held mainly by women, is at the heart of how these property operators operate. These women, whose work falls somewhere between that of a social worker and that of an estate agent, are primarily responsible for processing applications for social housing, based on a client interview. Their work situations are complex and dynamic (Rogalski, 2003 ; Vinatier, 2009 ; Hoc and al., 2006 ; Amalberti, 2001a), and it is difficult to set down strict common rules of action for all the prescribed tasks. Our didactic approach was motivated by our desire to answer the following set of questions: How do they learn the trade without any prior training or specific degree? What are the ways of doing things and the skills that seem to be the best suited for their jobs? Are there several equivalent ways of doing things in the same situation? How can this be taught? What do they learn? What expert practice is involved? Is there a specific practice for each work organization? Or is there a professional practice common to different work organizations? Can we talk about a model of expertise? Is it possible to define one? Their poorly documented activity is subject to multiple tensions, both generic and specific to the Martinique context. In this professional sector, learning always takes place in a work situation (Mayen, 2012). The concepts of activity and learning are closely linked. The main interest of this doctoral research is that it is being conducted in an ever-changing context (changes in labour legislation, work organization, etc.). An analysis of work shows the extent to which time constraints, specifically the need to manage time in order to increase efficiency, make it difficult for these professionals to share the knowledge and experience they have gained. The aim is precisely to understand how they learn in and through the social housing rental business. Our research, which falls within the disciplinary field of professional didactics, is characterized by the general intention of understanding the work requirements (Mayen et al., 2010) of CAs in Martinique and then how they go ! about practicing (Mayen, 2005). We will attempt to provide answers to the question of whether they construct professional conceptualizations, and especially which ones, as there is always a certain level of conceptualization, in order to deal with the situations they encounter (Mayen, 2012). Work environments, unforeseen situations, impediments (Clot, 2010) and problem-solving are all factors that need to be taken into account when analyzing the work of CAs. The scientific challenge is therefore to broaden the research on the classes of situations which, up to now, were mainly carried out in vocational didactics on the service professions. The aim is also to make the work of this social housing workers known to a wider public